Que faire avec les titres de Canadien Pacifique, CSX et Netflix. Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note : l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Canadien Pacifique (CP, 198,44$): la spéculation prend le dessus sur des résultats et des prévisions tièdes
Les résultats du quatrième trimestre de 2016 et les perspectives annuelles fournies par Canadien Pacifique ont déçu, mais l’attention des analystes et des investisseurs est déjà ailleurs.
Le départ hâtif du redresseur de CP, Hunter Harrison, qui se joindrait à l’activiste Paul Hilal pour déloger les dirigeants chez la rivale floridienne CSX fait grimper les deux titres, car les observateurs y voient déjà une nouvelle chance pour une fusion potentielle entre les deux transporteurs.
M. Harrison caresse depuis longtemps l'ambition de créer un géant continental encore plus efficace, ayant notamment approché Norfolk Southern et CSX au cours des dernières années.
La spéculation est amplifiée par le fait que M. Harrison, 72 ans, est prêt à renoncer aux sommes de son plan de retraite de CP estimées à 118 millions de dollars pour relever un dernier grand défi. Rappelons M. Harrison est sorti de la retraite en 2012 pour rejoindre l’activiste William Ackman chez CP, quadruplant la valeur de l’action du transporteur pendant son passage.
Le fait que M. Hilal soit un ex-employé du fonds Pershing Square Capital de M. Ackman ajoute à l’intrigue. M. Hilal, qui a mis sur pied le fonds Mantle Ridge, a aussi siégé quatre ans au conseil de Canadien Pacifique, pendant la présidence de M. Harrison.
«Si M. Harrison atterrissait chez un rival, l’action de Canadien Pacifique serait réévaluée à la hausse parce que les investisseurs augmenteraient aussitôt les chances d’une fusion entre les deux transporteurs dont les dirigeants (Keith Creel chez CP et M. Harrison chez CSX) ont des visées similaires», explique Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux.
Entretemps, l’analyste continue de croire que le CP est bien placée pour profiter d’un rebond prévu du transport de grain et de matières premières en 2017.
La société offre aussi le meilleur levier de rentabilité à toute amélioration des volumes de marchandises transportées, avance-t-il.
M. Spracklin juge que les dirigeants de CP ont fourni des prévisions prudentes pour 2017: une croissance des volumes de 6 à 8% et une hausse des tarifs de 3%.
Pour sa part, l’analyste table sur un bond de 11% des bénéfices l’an prochain, à 11,45$ par action. Pour 2018, il entrevoit un bénéfice de 12,64$ par action.
«Canadien Pacifique nous apparaît un bon choix tant pour des raisons fondamentales que pour le potentiel d’une future consolidation», résume-t-il.
M. Spracklin maintient son cours cible de 224$ et recommande l’achat du titre au cours actuel.
La valeur boursière de CSX (54G$CA) est nettement supérieure à celle de CP(29,4G$) , tout comme son multiple d’évaluation (21,7 fois les bénéfices prévus en 2017 pour CSX par rapport à 17,4 fois pour le CP).
CSX (CSX, 43,13$US): redressement ou fusion en vue, mais l’action s’emballe
CSX (CSX, 43,13$US): redressement ou fusion en vue, mais l’action s’emballe
L’action du chemin de fer floridien grimpe à un sommet historique au moment où la spéculation sur une fusion éventuelle avec Canadien Pacifique et l’arrivée d’un activiste bat son plein.
Les investisseurs mettent de côté les résultats et les perspectives mitigées de CSX. Le bénéfice ajusté de 0,50$ par action, au quatrième trimestre a été conformé aux attentes, mais le ratio d’efficacité de 70,7% a déçu Turan Quettawala, de Banque Scotia, compte tenu des gains de productivité annuels de 430 millions de dollars américains.
L’action de CSX a déjà dépassé son nouveau cours cible de 43$ et son multiple d’évaluation est passé au dessus de 20 fois les bénéfices prévus.
Ceci dit, pour prendre la mesure du potentiel de CSX, M. Quettawala estime dans un modèle que si le transporteur accélérait son plan de productivité et améliorerait son ratio d’efficacité jusqu’à 61%, son bénéfice croîtrait de 27%.
«Un chemin de fer plus efficace peut aussi gagner des parts de marché au fil du temps. Pour l’instant, néanmoins, nous gardons nos prévisions intactes», dit-il.
L’analyste prévoit donc un bénéfice de 2,40$US en 2018, soit 16% de plus que celui de 2,07$ US prévu en 2017.
M. Quettawala aime aussi le fait que CSX cible mieux ses dépenses en capital qu'avant, ce qui libérera 500 M$US de fonds en 2017 et améliorera son rendement du capital investi, une fois que les volumes croîtront à nouveau.
Netflix (NFLX, 133,26$ US): des progrès sur toute la ligne, sauf l’autofinancement
Netflix (NFLX, 133,26$ US): des progrès sur toute la ligne, sauf l’autofinancement
La vedette de la vidéo sur demande Netflix a surpassé les attentes au quatrième trimestre, à plusieurs égards, mais sa croissance lui coûte cher.
La hausse de ses abonnés tant aux États-Unis (1,9 million au lieu de 1,4) qu’à l’étranger (5,1 millions au lieu de 3,7), ainsi que l’augmentation prévue des abonnés internationaux de 3,7 millions (au lieu de 3 millions) au prochain trimestre ont retenu l’attention.
Ses revenus trimestriels de 2,5 milliards de dollars américains ont légèrement surpassé les prévisions, tout comme le bénéfice ajusté de 0,15$US par action.
«Netflix atteint une masse critique dans plusieurs marchés en offrant un bon équilibre entre ses contenus, son expérience-client et ses tarifs», fait valoir Mark Mahaney, de RBC Marchés des capitaux, de contenu.
L’analyste salue le rebond des abonnés, des revenus et des marges dans le crucial marché américain, maintenant que la hausse de ses tarifs est digérée.
À l’international, le mélange de contenu local et hollywoodien et la croissance rapide des abonnés se traduiront par un premier bénéfice d’exploitation dès le prochain trimestre.
Netflix continue de dépenser d’énormes sommes afin d’offrir des séries originales et du contenu distinctif. Les dépenses de 2 milliards de dollars américaines prévues en 2017 devraient toutefois marquer un zénith, croit l’analyste.
Il augmente ses prévisions de revenus de 2% à 11,3 milliards de dollars américains, pour 2017. Ses prévisions de bénéfice ajusté explosent de 45% à 1,02$US.
Son cours cible passe aussi de 150 à 175$ US.
«La thèse d’investissement tient la route avec un déplacement massif des téléspectateurs vers le visionnement en continu ou téléchargé. Netflix a une longueur d’avance avec huit fois plus d’abonnés que son plus proche rival. Son contenu revêt aussi un attrait universel», dit-il.
Déjà optimiste, M. Mahaney croit un peu plus à la possibilité que Netflix gagne son pari: un bénéfice potentiel de 8 à 10$US par action en 2020. Un multiple de 20 fois ces bénéfices propulserait son cours à plus de 200$US, d’ici deux ans.