BLOGUE. C'est connu, le chômage peut avoir des effets dévastateurs sur ses victimes : baisse de niveau de vie, désœuvrement, remises en question, dépression, etc. D'ailleurs, quand on y regarde de près nombre d'articles parlent du chômage comme d'un fléau, c'est-à-dire comme d'une maladie dont on se remet, souvent, difficilement. Un peu comme un cancer économique…
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Mais ce sur quoi on s'attarde moins, ce sont les dommages collatéraux du chômage. À savoir son impact sur les proches du chômeur. D'où mon vif intérêt pour l'étude The effect of unemployment on the mental health of spouses: Evidence from plant closures in Germany, signée par Jan Marcus, un chercheur de l'Institut allemand de recherche économique (DIW) de Berlin.
M. Marcus s'est plongé dans l'une des plus grandes bases de données du monde, le Panel socio-économique allemand (SOEP), qui, tous les ans, regroupe une foule d'informations sur quelque 20 000 Allemands, recueillies par sondage. Il s'est attardé sur un groupe de personnes : les ménages dont l'homme est au chômage à la suite d'une fermeture d'usine. Et il s'est concentré sur une série de questions posées à ceux-ci, la SF-12, qui a trait à la santé physique et mentale : on y trouve des questions comme «Combien de fois avez-vous ressenti une baisse d'énergie ou de la mélancolie, ces quatre dernières semaines?».
Le chercheur allemand a ainsi regardé si le fait de devenir chômeur avait un impact direct sur la santé mentale de la personne concernée, mais aussi sur sa conjointe. Et le cas échéant, la gravité des dommages. Les résultats sont sans appel :
> La santé mentale du chômeur lui-même décroît en moyenne de 27%, dans l'année qui suit la fermeture de l'usine.
> La santé mentale de la conjointe du chômeur régresse, elle, en moyenne de 19%, durant le même laps de temps.
Autrement dit, «la femme se met, elle aussi, à souffrir de maux psychologiques». «Elle doit soudain faire face à des revenus familiaux moindres, au probable début de dépression de son conjoint lorsque la période de chômage se révèle plus longue qu'anticipé, à sa présence si peu familière à la maison ainsi qu'à une diminution du statut social du couple», indique M. Marcus dans son étude. Bref, un méchant coup pour la santé mentale.
«Or, tout déséquilibre suscite de l'inconfort, de l'anxiété, de l'inquiétude et du mal-être parce qu'il exige une remise en question, une adaptation, un changement. L'individu vit de l'instabilité. Il entre alors en recherche de sens», expliquent à ce sujet Chantal Gravel, chargée d'enseignement à la Faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval (Canada), et Martin Gravel, propriétaire de Ceme (Consultants en ergonomie et en mieux-être), dans leur livre Nouveau management du capital humain (Presses de l'Université du Québec, 2012). Un déséquilibre qu'ils décrivent comme suit…
«L'absence ou la perte de vie professionnelle durant la vie active d'un individu s'avère une rupture importante, surtout lorsque cette situation lui est imposée : un congédiement pour cause professionnelle, une forte incitation à la retraite par l'employeur ou un manque de travail lié à la conjoncture économique. La perte de travail, momentanée ou à long terme, peut aussi découler d'un accident ou d'une maladie. Elle doit être considérée comme un drame humain, sur le plan personnel.
«[Elle nécessite] un long processus de réhabilitation pour redéfinir la relation de la personne avec son travail. Comme le souligne un témoignage présenté par un directeur en santé et sécurité du travail, lors d'un colloque :
«"Il ne faut jamais banaliser la dépression, car c'est une mort, une mort professionnelle, une mort affective, une perte de sens, de repères, de soi. Les personnes proches de moi ne pouvaient m'aider, car elles aussi souffraient de me voir devenir l'ombre de moi-même. Le premier ancrage de ma guérison était de m'apaiser, de me tendre la main, de me guider au moins en ce qui concerne le lien avec mon milieu de travail. Se faire dire «On va t'aider, on ne te laissera pas tomber, tu vas guérir et on va te suivre dans ton cheminement», c'était comme sentir, enfin, le sol sous mes pieds, alors que j'étais en train de me noyer."
«(…) Lorsque l'individu revient au travail, il peut retrouver graduellement un certain état d'équilibre, mais il est fort probable qu'il n'ait plus la même relation avec son travail. Il est possible qu'il reste méfiant envers on organisation. Ainsi, il peut avoir tendance à prendre une certaine distance avec sa vie professionnelle ou il peut souhaiter la réorienter vers d'autres réalités professionnelles pour répondre à ses nouvelles aspirations.»
On le voit bien, le nerf de la guerre est dès lors la confiance en soi. Le coach Dominique Chalvin, auteur de Mieux vivre avec le stress (Éditions Transcontinental, 2012), a quelques conseils pratiques à cet égard. Dix exactement :
1. Soyez indulgent. Personne n'est parfait, vous ne l'êtes sûrement pas moins que les autres.
2. Cessez de fuir. Accepter les épreuves est aussi un bon moyen de s'évaluer.
3. Restez dans l'action. À ne rien tenter, vous êtes certain de ne pas vous tromper, mais en vous accordant le droit à l'erreur, vous avancerez enfin.
4. Donnez-vous des objectifs réalistes. Cela vous donnera une chance de les atteindre.
5. Accordez-vous les moyens de réussir. Quitte à demander de l'aide.
6. Sachez dire non. Vous maîtriserez enfin votre destin.
7. Faites du sport et soignez votre apparence. L'estime de soi passe aussi par celle de votre corps et de votre image.
8. Écoutez les autres. Au lieu de voir les autres comme des rivaux, essayez de les connaître davantage. Vous verrez, c'est très enrichissant.
9. Aimez-vous. Vous êtes complexé par vos défauts? Regardez-les en face, soit pour les soigner, soit pour les transformer en qualités, soit pour les oublier. Puis, intéressez-vous à vos qualités et mettez-les en avant.
10. Entraînez-vous. L'estime de soi se cultive au quotidien. Apprenez à vous féliciter lorsque vous avez passé une étape difficile.
Intéressant, n'est-ce pas? Cela peut vous aider, lorsqu'il vous faudra faire face à un coup dur comme le chômage, à établir un plan de match pour vous en sortir sans trop de casse, voire gagnant. Et surtout, pour impliquer dans cette lutte votre plus grand partenaire, votre conjoint(e).
En passant, Sun Tzu a dit dans son Art de la guerre : «Connais l'adversaire, et surtout connais toi toi-même, et tu seras invincible».
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