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La fameuse manifestation ''Occupy Wall Street'' gagne en popularité, alors que de plus en plus de gens de différentes villes participent au mouvement. Ces gens se décrivent fréquemment comme étant l'autre 99% de la population, par opposition au 1% des mieux nantis. Les revendications de ce ''99%'' vont de la corruption aux inégalités entre les riches et les pauvres. Elles s'avèrent nombreuses, mais il semble se dégager surtout une frustration généralisée par rapport à la situation économique. Alors que des millions de chômeurs ne peuvent pas travailler, le fossé économique entre ces derniers et les mieux nantis s'est accru.
Mais quelle est l'opinion du 1% sur ce sujet? D'après eux, la grogne des manifestants est causée surtout par de l'incompréhension. On cible tout ce qui est riche, sans égard à la responsabilité ou les causes de la crise. Bien sûr, Wall Street est fortement visée dans les protestations, mais on s'en prend également à des gens qui ont simplement su gagner de l'argent en agissant intelligemment.
L'exemple le plus pertinent, c'est le cas de John Paulson, le célèbre gestionnaire de fonds de couverture qui gagna son pari contre les subprimes durant la crise. Des gains se chiffrant à plus de 15 milliards de dollars ont été engendrés. Lorsqu'il procéda à ce pari, avec l'aide de Goldman Sachs, tout le monde le désapprouvait. Certains de ses amis avaient même pitié de lui, arguant qu'il ne savait pas ce qu'il faisait! Selon M. Paulson, le ratio des gens qui osaient croire que l'immobilier ne constituait pas un placement rentable pour l'éternité oscillait autour de 1 contre 1000. Il fallait donc fortement croire en ses convictions. Pourtant, ce ne sont pas des félicitations qui lui ont été adressées de la part des manifestants anti-Wall Street qui se sont regroupés devant chez lui à New York. En quoi cet individu est-il responsable de leurs malheurs? Serait-ce la simple raison à l'effet qu'il connaisse du succès? Ne devrait-on pas plutôt tenter de l'imiter?
Dans le milieu financier, les critiques qui ressortent à propos de son pari concernent principalement le fait que M. Paulson se soit affairé à chercher des produits lui permettant de parier contre l'effondrement des mauvais prêts hypothécaires. Comme ces fameux produits s'avéraient difficiles à obtenir, les institutions financières ont accepté d'en créer. Comme environ 999 personnes sur 1000 estimaient qu'il était fou de ne pas croire à la prospérité éternelle de l'immobilier, vous pouvez imaginer la facilité avec laquelle les institutions ont pu trouver des gens qui souhaitaient parier à l'inverse de M. Paulson, c'est-à-dire, faire partie des futures victimes d'un éventuel effondrement des mauvaises hypothèques.
Toutefois, les critiques des manifestants semblent viser plutôt la disparité de richesse entre le 1% mieux nanti et le 99% qui reste. Sur ce sujet. John Paulson s'exprima en ces termes : ''Les New-Yorkais qui font partie du 1% des mieux nantis paient plus de 40% de tous les impôts, fournissant d'immenses bénéfices pour tous dans notre cité et dans notre état. Paulson & Company et ses employés ont payé des centaines de millions de dollars à la ville et à l'état de New-York dans les récentes années et a créé plus de 100 emplois à forte rémunération depuis sa formation.''
Voilà une statistique fort intéressante. Si les mieux nantis paient une importante partie des impôts, les plans de sauvetage qui ont servi à éviter la faillite de plusieurs institutions ont été financés en grande partie par ces mêmes ''mieux nantis''. Nous savons également que les 25% plus riches de la population paient en moyenne 82% des impôts fédéraux, et que la moitié de la population n'en paie que 3%. Parmi les manifestants, on peut facilement imaginer qu'une minorité de gens se classerait parmi les 25% plus riches. Par conséquent, bon nombres d'entre eux paient peu ou point d'impôts. Il subsiste donc beaucoup d'incompréhension par rapport au fonctionnement de notre système de la part d'une importante tranche de la population, et par conséquent, on se concentre trop souvent sur les abus de certains dirigeants qui font la une des journaux.
Un gestionnaire de portefeuille a déclaré : ''Qui croyez-vous paie les taxes? Les services financiers constituent l'un des derniers domaines à survivre et à bien faire dans ce pays. Regardons les choses en face : si vous souhaitez envoyer davantage d'emplois à l'étranger, continuez de vous attaquer aux services financiers.''
Ce gestionnaire dévoile une réalité évidente. Plusieurs secteurs, dont le domaine manufacturier en particulier, ont subi une fonte draconienne en termes d'emplois suite à la mondialisation, au profit des pays en voie de développement. Heureusement, il subsiste des secteurs qui demeurent florissants. Le domaine des services financiers est resté très fort, et d'importants emplois y sont reliés, sans compter les retombées économiques. Souhaite-on vraiment voir tous ces emplois disparaître?
La plus grande ironie selon nous, c'est la popularité des jeux de loterie auprès des personnes à revenus modestes. Si on doit considérer qu'il est mal vu qu'une personne devienne riche en s'octroyant l'argent des plus démunis, comment peut-on accepter et participer fortement à une industrie qui vise principalement à prendre l'argent des personnes souvent défavorisées économiquement, afin de créer une personne très riche? Selon nous, le principe même de la loterie contribue à élargir le fossé entre les riches et les pauvres.
Nous devons donner raison aux manifestants sur un point, et il s'agit des abus de rémunération chez les sociétés publiques. Les dirigeants gagnent des salaires démesurés et leur compensation en cas de cessation d'emploi défie toute logique. Cependant, nous croyons que le problème provient encore une fois d'un désintérêt généralisé des petits actionnaires par rapport à leurs placements. Beaucoup de gens possèdent des fonds de pension, sans toutefois avoir la moindre d'idée de la manière dont sont gérés leurs avoirs. On ne peut pas toujours compter sur les gestionnaires de fonds pour représenter les actionnaires dans cette bataille contre les rémunérations excessives, car beaucoup de ces gestionnaires bénéficient eux-mêmes d'une rémunération trop élevées selon nous. Par conséquent, la seule solution revient à améliorer nos connaissances financières, afin que nous entreprenions des actions concrètes afin de changer les choses. C'est pourquoi nous pensons que l'éducation financière dans les écoles constituerait un premier pas dans cette direction.