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Finies les comparaisons par le biais des chiffres. Fini le temps où on utilisait des données statistiques pour mesurer les performances des pays. Les chiffres ne sont pas beaux? Utilisons plutôt les facteurs intangibles afin de se donner meilleure figure.
Il s'agit d'une proposition de l'Organisation de coopération et de développement économiques, qui souhaiterait que l'on accorde moins d'importance au PIB (produit intérieur brut) comme outil de comparaison. On voudrait opter pour l'IVM, l'indice Vivre Mieux. Ce dernier prend en compte plusieurs aspects reliés au confort de la vie courante, comme le logement, la santé, la sécurité, la satisfaction, etc. Nous nous attarderons à l'un de ses critères : le nombre de pièces par occupant dans une maison. Sur leur site, il nous est possible de consulter cette précieuse statistique. Au Canada, chaque occupant dispose de 2,5 pièces, comparativement à 1,7 pour l'Allemagne. Une telle information nous renseigne sur l'espace dont disposent les gens dans une demeure. Cependant, son utilité est limitée pour interpréter la performance économique d'un pays.
Au Canada, nous vivons présentement un boom immobilier. Dans un tel contexte, on construit beaucoup de maisons, et par surcroit, on les construit plus grandes. Plus la SCHL (Société canadienne d'hypothèques et de logement) est souple dans ses critères d'acceptation, plus la vente de grosses maisons sera stimulée. Par conséquent, en prenant plus de risques, le gouvernement canadien peut grandement améliorer certains critères de l'IVM.
La principale faiblesse de cet indice réside dans le fait que les sources de financement de tout ce ''bien-être'' ne sont pas spécifiées. Ainsi, un pays peut emprunter de gigantesques sommes afin de créer des emplois, améliorer l'accès à la propriété et prolonger l'espérance de vie de ses citoyens. L'indice prend alors beaucoup de valeur durant la phase d'augmentation de la dette. Toutefois, on sait fort bien qu'il s'agit de mesures à court terme qui sont effectuées au détriment du long terme. Si on reprenait la mesure de l'indice IVM dans une économie où les gouvernements compressaient fortement les dépenses, nous obtiendrions un tout autre résultat.
Au Québec, l'espérance de vie est certainement prolongée par la gratuité des soins de santé. Le jour où nous ne pourrons plus emprunter, qu'adviendra-t-il de cette même espérance? C'est pourquoi nous proposerions un indice qui inclut l'endettement d'un pays dans l'équation (ou d'une province, dans le cas présent). Au Québec seulement, entre 7G$ et 8G$ sont affectés au poste des intérêts. Sans notre dette, nous bénéficierions de ce montant supplémentaire pour améliorer notre qualité de vie. On voit facilement comment le remboursement de la dette peut affecter notre mieux-être à long terme. Qui plus est, nous pourrions vivre en toute tranquillité d'esprit, sachant qu'en cas de récession, nous disposerions d'une capacité d'emprunt importante pour traverser les moments difficiles.
On devine aisément pourquoi certains pays adoreraient adopter l'IVM. Les gouvernements pourraient justifier toutes sortes de dépenses en expliquant qu'elles contribuent à notre joie de vivre. Vivons le moment présent, et non dans l'avenir! La dette s'occupera d'elle-même en temps et lieu.
En conclusion, cet indice semble viser le résultat des dépenses, plutôt que la performance économique et la productivité. Il serait donc parfaitement adapté à l'attitude dépensière des pays développés.