Le titre d'Apple (AAPL-Q) est souvent cité dans les manchettes ces temps-ci, avec un ton nettement positif. Nous nous rappelons qu'il n'y a pas si longtemps, le pessimisme régnait. Avec un gain en Bourse de plus de 60% en un an, il devient plus facile de s'emballer. Le cas de l'analyste Alex Gauna de JPM Securities s'avère éloquent.
En août 2011, il émit ces commentaires au sujet d'Apple: «Cela ne peut pas s'améliorer. C'est le début de la fin». À l'époque, le titre se transigeait dans les 50$, en tenant compte du fractionnement de 7 pour 1 qui survint en juin 2014. Notons qu'à peine un an plus tard, le titre avait presque doublé.
Au mois d'avril 2014, suite à l'annonce du fractionnement, M. Gauna recommanda de miser sur les fournisseurs d'Apple plutôt que sur la société elle-même, pour obtenir une meilleure diversification. Il nomma les sociétés ARM Holdings et Skyworks Solutions, ainsi que Knowles. Un investisseur aurait pu décider alors d'investir un tiers du montant qu'il détenait dans Apple dans chacun de ces titres à la place. Il aurait aujourd'hui engendré un gain de 19%. Le titre d'Apple a quant à lui procuré un rendement de 68% sur la même période (dividendes inclus)!
Un important changement d'humeur
Un important changement d'humeur
Un professionnel peut bien éprouver des doutes sur l'avenir d'une société. C'est le cas de tout le monde, comme pour nous. Toutefois, son enthousiasme soudain a de quoi étonner. En décembre 2014, alors que le titre d'Apple avait atteint un sommet de 119,75$, il le recommanda et lui attribua une cible de 150$! À la fin du mois dernier, il en rajoute en déclarant que la bonne fortune d'Apple ne fait que commencer.
On passe donc de «début de la fin» en 2011 à «ne fait que commencer» en 2015. Entre les deux, le titre avait plus que doublé. Certes, les profits se sont nettement améliorés durant cette période, mais il nous apparaît clair que ces recommandations sont davantage influencées par les émotions qu'une analyse objective qui tient compte de l'évaluation et des risques. Cet analyste en particulier ne mâche pas ses mots en employant des termes tranchés, ne laissant aucune place à l'erreur.
En tant qu'investisseur, vous devez porter attention à ce genre de commentaires. Ils exercent une influence notable sur les titres à court terme, et offrent donc des points d'entrée ou de sortie. Nous aimons lorsqu'un titre plonge sans raison, uniquement parce qu'un professionnel divulgue au public son pessimisme. Dans bien des cas, ces opinions négatives seront émises après l'achat d'un titre que nous avons acquis suite à une chute sévère. Certains analystes se mettent à étudier la situation, et mentionnent au grand public ce que nous savons déjà. Il s'agit donc d'une excellente occasion pour augmenter notre position à meilleur prix.
Exploiter les recommandations, plutôt que de les suivre
Exploiter les recommandations, plutôt que de les suivre
Lorsque le vent tourne et que les recommandations deviennent plus favorables, vous devez éviter d'être contaminé par ces opinions contagieuses. Normalement, un enthousiasme débordant généralisé ne constitue pas un bon signe, et vous indique peut-être que le temps de vendre approche. Dans chaque cas, demeurez objectif : refaites vos calculs. Les opinions médiatisées vont parfois donner de l'information pertinente, mais vous maximiserez vos gains si vous profitez des écarts possibles qu'elles causent entre le prix en Bourse et la valeur véritable de l'entreprise.
Pour conclure, l'exemple d'Apple ne signifie pas pour autant qu'il faut vendre maintenant. Toutefois, la marge de sécurité dont nous jouissions à l'époque grâce au pessimisme s'effrite au fur et à mesure que l'excitation générale s'accroît. C'est pourquoi il s'avère particulièrement difficile d'obtenir une bonne marge de sécurité en suivant les recommandations d'analystes.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont analystes financiers et propriétaires de Barrage Capital, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com