Après avoir terminé la lecture du dernier rapport trimestriel de la société d'investissement Pershing Square Capital Management (cliquer ici pour le consulter), nous pouvons difficilement ne pas songer aux bienfaits que peut apporter l'activisme aux actionnaires. Cette activité consiste à prendre des participations dans des entreprises pour ensuite tenter de provoquer des changements dans la façon qu'elles sont gérées.
En tant qu'actionnaires minoritaires de sociétés publiques, vous avez sûrement déjà ressenti ce sentiment de frustration et d'impuissance. Vous avez commis un pourcentage important de vos avoirs dans un titre boursier, mais le profit que vous espériez ne se matérialise point étant donné l'inaction de la direction à créer de la valeur pour les actionnaires.
Warren Buffett a expérimenté ce genre de frustration il y a fort longtemps, alors qu'il détenait des actions de la société Sanborn Map au début des années 60. L'entreprise possédait beaucoup d'actifs liquides, mais la direction ne voyait pas l'urgence d'agir afin d'améliorer la valeur des actions en Bourse. M. Buffett sentit la colère monter en lui lorsqu'il assista au refus de la direction de donner suite à ses suggestions, alors que celle-ci se payait de bons cigares aux frais des actionnaires à la fin de la réunion. Heureusement pour lui, il put élaborer un plan pour amasser suffisamment d'actions pour forcer le changement souhaité.
Notre propre frustration vis-à-vis une société
Nous avons personnellement vécu l'expérience de la complaisance avec le titre Gencor (GENC-Q). Cette société fabrique de l'équipement utilisé pour la confection des routes, et possède une gigantesque encaisse par rapport à la taille de ses activités. Or, malgré la sous-évaluation évidente du titre, la direction n'a jamais adopté de plan de rachat d'actions, ni n'a instauré de versements de dividendes. Comme elle détient les actions de contrôle, elle agit comme si la société était privée. Les actionnaires n'ont qu'à patienter.
Notons qu'un dénommé Lloyd Miller s'est fait élire sur le conseil d'administration en 2008. Cet individu agissait à titre d'activiste. Peu après, les actions ont triplé, mais elles ont finalement chuté jusqu'à un prix inférieur au prix initial suite à la démission de M. Miller au conseil. Ce fut le retour à la case ''départ'' pour les actionnaires de Gencor.
Dans le rapport de Pershing Square, vous pourrez voir une liste de quelques sociétés sur lesquelles M. Ackman a exercé ou a tenté d'exercer une influence notable pour rehausser leur valeur en Bourse. Gardons à l'esprit que même en cas d'échec, ces interventions peuvent s'avérer avantageuses. Elles attirent l'attention sur ce qui pourrait être fait pour le bénéfice des actionnaires.
Un bienfait pour les actionnaires minoritaires
Le petit épargnant qui possède quelques centaines d'actions se retrouve trop souvent impuissant face à la complaisance des dirigeants complaisants d'une société, qui se versent d'énormes salaires tout en se la coulant douce en maintenant le statu quo. Malgré toutes les critiques formulées à l'endroit des activistes, nous jugeons qu'ils peuvent exercer une influence positive, au bénéfice de tous les actionnaires.
Ajoutons que M. Ackman a l'habitude de faire ses devoirs avant d'acheter un titre de façon significative. Dans le cas de McDonald's (MCD-N), il s'était donné la peine d'aller travailler quelques heures dans une succursale de la Floride, afin d'avoir une meilleure idée de ce qui se passe sur le terrain. En ce qui concerne la société Herbalife (HLF-N), la présentation qu'il a servie au public récemment semble s'être soldée par un échec. Précisons néanmoins que M. Ackman connaissait bien leur modèle d'affaires, mais il avait sous-estimé la tolérance du public par rapport à ce qui semble ''immoral'' tout en exposant des faits pour lesquels l'illégalité s'avère très difficile à prouver. La bataille n'est toutefois pas déjà perdue, car les régulateurs s'intéressent maintenant de près à la société.
Peut-être que le succès des activistes, si ces derniers étaient plus nombreux, amèneraient davantage les petits actionnaires à se regrouper pour les imiter. Ainsi, nous pourrions enfin être témoins d'importants groupes de pression afin de tenter de changer les plans de rémunération abusifs qui sont devenus légion!
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com