BLOGUE. Hier, on nous apprenait que le déficit zéro ne serait pas atteint à court terme pour le budget québécois. Il ne s'agissait pas d'une grande surprise. Toutefois, on établit à nouveau des prévisions pour le futur, et comme toujours, on table sur un maintien ou une progression de l'économie.
Peut-être sommes-nous personnellement trop pessimistes et alarmistes? Lorsque les Québécois se mettent à dépenser moins, les prévisions ne tiennent plus la route. Or, nous pensons qu'il s'avèrera difficile d'éviter un ralentissement économique. Si les ménages sont trop endettés par rapport à ce qu'ils devraient être afin de refléter une gestion saine et prudente du budget familial, ne doit-on pas passer par une diminution plus ou moins importante des dépenses?
Autrement dit, nous trouverions tout à fait normal que les revenus de l'état s'effondrent dans le futur. Il nous est difficile d'écarter l'hypothèse que le Québec connaît actuellement un ''sommet'' économique, et non un ''creux''. Nous entendons parfois le mot ''reprise'', alors que l'on réfère à une amélioration éventuelle de l'économie. Quelle reprise? Est-ce quelque chose va vraiment mal en ce moment?
En observant autour de nous, nous assistons encore à une industrie de la construction florissante, à des prix de maisons toujours élevés ainsi qu'à un taux de chômage très raisonnable. Selon ce site (cliquer ici), nous avions enregistré notre plus bas taux de chômage en 33 ans en 2007, alors que celui-ci s'élevait à 6,9%. Or, aujourd'hui, ce taux atteindrait environ 7,5%. Il n'est pas très loin de notre record.
Un taux de chômage qui a déjà été bien plus haut
Le graphique qui suit (cliquer ici) nous démontre à quel point la situation a déjà été désastreuse depuis 1976. Il nous permet de constater que contrairement aux États-Unis, nous connaissons actuellement nos meilleures années. C'est pourquoi nos prévisions devraient prendre en compte un scénario qui incorporerait des éléments probables, tels qu'une augmentation marquée du taux de chômage, une baisse du prix des maisons ainsi qu'une diminution significative des revenus de l'état. Nous devons également prévoir des gains en capital beaucoup moins importants. La Bourse a été généreuse dernièrement. Si l'économie se détériore, le manque à gagner de ce côté aggravera davantage les recettes de l'état.
Sachant tout cela à l'avance, nous pourrions mieux nous préparer et ainsi prendre des actions concrètes pour nous assurer de tendre vers le ''déficit zéro''. Et si tout va mieux que prévu, qu'il en soit ainsi! Nous bénéficierons d'importants surplus qui seraient enfin applicables à la dette.
À la défense du gouvernement, nous ne croyons pas que son rôle consiste à effectuer ce genre de prévision alarmiste. Les électeurs en général n'aiment pas entendre les mauvaises nouvelles. En tant qu'hommes d'affaires ou investisseurs au Québec, nous devons nous-mêmes observer objectivement les données économiques. Nous évitons ainsi bien des déceptions.
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com