Une foule d’étapes sont requises pour choisir le financement d’une entreprise. Avant d’entamer les démarches, il faut convenablement documenter le projet et concevoir un plan réaliste. Mais surtout, il importe de prendre le temps d’établir quels sont ses véritables besoins et d’évaluer les avantages et les inconvénients des options qui se présentent. Dans cet article, deux experts de la Banque Nationale décrivent diverses façons de financer son entreprise.

D’entrée de jeu, Geneviève Turbide-Potvin, vice-présidente, Solutions transactionnelles & Financement, Entreprises, et Luc Ménard, vice-président exécutif, directeur général et chef des placements privés, insistent sur l’importance de déterminer ses besoins. Les options de financement à privilégier ne sont pas les mêmes pour soutenir une croissance que pour acheter de l’équipement spécialisé, par exemple. Lorsque les besoins sont ciblés avec précision, plusieurs sources de financement sont possibles.

Investissement personnel

Un départ réussi en affaires requiert un équilibre dans les sources de financement. Par conséquent, les économies personnelles d’un entrepreneur peuvent financer son projet au moment de son démarrage. De cette façon, il prouve aux investisseurs potentiels qu’il a confiance en son plan d’affaires. La valorisation de sa propriété, notamment, pourrait financer en partie son projet. « C’est une bonne façon de se financer à très bas taux d’intérêt, ce qui donne une chance quand on commence en affaires. De plus, lorsque le financement particulier est bien segmenté, vous pouvez faire la déduction de ces intérêts pour investissement », souligne Geneviève Turbide-Potvin.

Prêts de proches

Des membres de l’entourage de l’entrepreneur (conjoint, amis, frères et sœurs, etc.) peuvent lui prêter une somme remboursable lorsque le projet sera rentable. « Si vous choisissez cette option, le meilleur conseil que je peux vous donner, c’est d’avoir une convention des actionnaires ou une convention de prêt très, très claire. Ça évite les chicanes ultérieures », affirme Mme Turbide-Potvin.

Programmes et subventions

Au fédéral comme au provincial, différents programmes de financement et subventions pour entreprises sont offerts. Au cours de la pandémie, plusieurs nouveaux programmes ont d’ailleurs été lancés. À ce sujet, plus le directeur de compte d’un entrepreneur sera impliqué dans le processus de réflexion et de négociation, plus il pourra conseiller son client adéquatement. « Il pourrait vous recommander des subventions ou programmes afin de compléter votre montage financier. La contribution de partenaires financiers provinciaux et canadiens peut alors permettre à votre banque d’être plus flexible sur certaines conditions de crédit, et vous offrir ainsi un support mieux adapté à vos besoins », précise l’experte de la Banque Nationale.

Campagne de sociofinancement

Cette forme de financement, qui permet de recevoir des contributions d’individus via une plateforme en ligne, est généralement employée avant de vendre un produit ou un service. « Le sociofinancement est tout à fait pertinent lorsque vous êtes en développement de produit ou d’idée et que vous vous rapprochez de la commercialisation, sans toutefois avoir engrangé de ventes concrètes », soutient Geneviève Turbide-Potvin.

Financement bancaire

Il s’agit du financement classique, dans lequel le directeur de compte aide son client à déterminer le produit bancaire approprié pour ses besoins. « Un point important à garder en tête, c’est qu’en financement traditionnel, la banque cherche à s’investir dans l’entreprise jusqu’à la hauteur d’environ trois fois sa valorisation, soit l’avoir des actionnaires au bilan. N’oubliez pas de conserver vos bénéfices engendrés dans l’entreprise, afin d’y réinvestir, puisqu’on s’attend à maintenir cet équilibre entre l’implication de la banque et celle de l’entrepreneur, même en période de croissance soutenue », conseille Geneviève Turbide-Potvin.

Financement privé

Après avoir obtenu une proposition de financement de la banque, l’entrepreneur peut s’associer à un investisseur. Le placement privé compte deux catégories : le capital de risque et le capital de croissance ou de développement. Si une entreprise acquiert un compétiteur et que sa rentabilité crée de l’incertitude, le placement privé peut s’avérer une option de financement pertinente. « Ça devient intéressant de joindre un partenaire investisseur ou en placement privé, confirme Geneviève Turbide-Potvin. Il est souvent plus patient, donc il offrira des conditions de financement plus souples, des moratoires et des amortissements plus longs. Ça permet à l’entreprise de vivre cette intégration de façon plus agréable. »

Pour sa part, Luc Ménard rappelle que : « […] pour trouver le bon profil d’investisseur pour votre projet, ça vaut la peine de prendre le temps de déterminer à qui vous voulez vous adresser, et ce, avant même de contacter des firmes d’investissement. Vous pourriez parler à d’autres entrepreneurs qui font déjà affaire avec des investisseurs externes. »

Il convient également de souligner que la compétence de la direction d’une entreprise est un critère incontournable dans la décision d’un investisseur de collaborer à un projet. Celui-ci désire s’allier à un entrepreneur expérimenté sachant communiquer sa vision clairement. « L’équipe de direction, c’est le critère numéro un. Les investisseurs veulent s’associer à des entrepreneurs qui ont une équipe complémentaire et qui n’ont pas peur de s’entourer de gens plus forts qu’eux dans certains secteurs », soutient Luc Ménard.

Pour obtenir du financement, il est essentiel de fournir un dossier complet. Ce dernier doit regrouper les informations permettant que la capacité de remboursement, une donnée cruciale, soit établie. « Si vous allez vers une acquisition, la banque va alors chercher à savoir quelle est la mise de fonds du propriétaire, soit sa contribution dans le projet. Et pour déterminer la faisabilité de ce projet, elle va demander des informations financières à jour, voire des projections », ajoute Geneviève Turbide-Potvin.

La performance financière d’une entreprise sera examinée en fonction de différents ratios. À l’occasion, elle sera comparée à d’autres entreprises de la même industrie. Ainsi, pour le financement d’une entreprise en démarrage, les critères suivants seront décisifs : le secteur d’activité, la taille du marché visé, l’application ou l’avantage compétitif que le produit ou le service à développer procureront.

Pour plusieurs entrepreneurs, l’obtention du financement est LE moment le plus déterminant : bien préparer son projet est assurément la clé du succès!

Vous avez besoin de capitaux pour votre entreprise? Un expert de la Banque Nationale saura vous présenter les meilleures solutions de financement.