Des portefeuilles carboneutres pour la lutte contre les changements climatiques

Publié le 06/06/2022 à 00:01

Pour ceux qui douteraient de l’importance accordée aux changements climatiques, les résultats d’un récent sondage de l’Association pour l’investissement responsable du Canada fournissent un éclairage : 85 % des répondants estiment que les entreprises canadiennes devraient viser la carboneutralité d’ici 2050, et 78 % souhaiteraient qu’une partie de leur portefeuille soit investi dans des sociétés qui proposent des façons de réduire les émissions.

C’est dans ce contexte que des sociétés de placement se tournent vers les portefeuilles carboneutres pour renforcer leur propre approche en matière de lutte contre les changements climatiques. La stratégie gagne du terrain au Canada, où certaines firmes, dont Addenda Capital, tiennent à jouer un rôle dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre alors que le pays vise une baisse de 40 à 45 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005.

Lancée il y a 18 mois, l’initiative internationale Net Zero Asset Managers rassemble aujourd’hui 236 signataires qui gèrent collectivement 57 500 milliards $US. Si la voie des portefeuilles carboneutres représente un défi pour bon nombre de sociétés de placement, d’autres y voient une évolution naturelle s’inscrivant dans le sillon de l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

« L'investissement carboneutre consiste à faire confiance à la science, qui est très claire à l’égard des changements climatiques », explique Roger Beauchemin, président et chef de la direction d'Addenda, qui se consacre aux régimes de retraite, à la gestion privée de patrimoine, aux sociétés d’assurance ainsi qu’aux actifs d’entreprises et de fondations. La firme, qui a fait de l'intégration ESG la pierre angulaire de son approche d'investissement durable, est l'un des signataires canadiens de l'initiative NZAM, s'engageant à travailler avec ses clients sur des objectifs de décarbonisation.

« L'empreinte carbone est extrêmement importante. La neutralité carbone que nous nous efforçons d’atteindre, ce n’est pas seulement pour nous ou pour l'économie, mais pour la planète », ajoute Roger Beauchemin. « Les capitaux que nous allouons soutiennent des modèles d'affaires et produisent des rendements financiers. Toutefois, puisque nous recherchons une approche durable, nous devons réfléchir à plus long terme aux coûts, aux intrants et à tous les risques et occasions de nature climatique qui sont associés à un investissement. La planète a un budget carbone, et en l'absence de mécanismes de prix efficaces et puissants, nous devons trouver un autre moyen de mettre en relief les coûts liés à la pollution. »

Des mesures pour réduire l'empreinte carbone

Les sociétés de placement qui rejoignent l'initiative NZAM ont plusieurs obligations à respecter. En plus de travailler avec les clients sur des objectifs de décarbonisation en vue d'atteindre la carboneutralité sur l'ensemble des actifs sous gestion d’ici 2050, elles prennent des engagements portant sur le dialogue avec les entreprises émettrices et sur la divulgation de renseignements auprès des clients.

Les façons d'aligner les actifs d'un portefeuille avec les ambitions de carboneutralité sont multiples. L'une d'elles consiste à sélectionner des entreprises qui prennent des mesures spécifiques pour réduire véritablement leurs émissions conformément à des objectifs scientifiques. Pour une société de placement, cela suppose également de s'engager auprès de ces entreprises pour qu'elles atteignent leurs objectifs de réduction. Une autre approche pourrait consister à se désengager de certains secteurs à degrés divers, tandis qu'une autre pourrait reposer sur un mélange de différentes stratégies.

Six mois avant de rejoindre l'initiative NZAM, Addenda Capital s'était déjà engagée sur la voie de la carboneutralité avec le lancement de deux fonds d'actions axés sur la transition climatique. La stratégie, qui s'articule autour de la sélection d'entreprises ayant adopté des objectifs de réduction clairs, consiste notamment à maintenir l'empreinte carbone des portefeuilles à des niveaux inférieurs à ceux de leurs indices de référence, à resserrer les critères de sélection au fil du temps et à échanger avec les sociétés en portefeuille.

« Nous devons nous servir du portefeuille comme outil permettant de décarboniser l'économie réelle », déclare Roger Beauchemin. « En plus de soutenir l'économie, il en ressort un avantage pour nos clients car cela nous permet de calibrer le risque. Notre rôle de gestionnaire suppose que nos actifs sont ceux que nous confient nos clients, et notre objectif est de générer des rendements financiers convaincants. » Cela dit, tous les secteurs de la société devront rendre compte des émissions de carbone, souligne-t-il. Au Canada, dont l'économie est en partie fondée sur l'extraction de ressources et se caractérise par la production massive d'énergie, la transition s’annonce délicate. Dans de nombreuses communautés, le revenu des ménages est en jeu. « La réalité, c’est qu'un grand nombre de familles et d'entreprises canadiennes dépendent de l’importance que la transition soit bien faite et qu’elle soit faite le plus rapidement possible. »

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