Inégalités sociales: de l’engagement et de la citoyenneté

Publié le 12/07/2021 à 00:01

Par Institut Mallet

Entrevue avec Alain Noël

« Pour créer des politiques publiques plus universelles, ça prend une vision d’ensemble et c’est là que la nécessité d’une vision commune pour les acteurs communautaires et philanthropiques devient importante : c’est-à-dire une capacité de promouvoir une vision plus large d’une société plus solidaire, égalitaire et universaliste. », Alain Noël.

Serpent de mer de nos sociétés, la problématique des inégalités sociales est toujours présente dans les débats publics et la réponse à y apporter est régulièrement édictée comme LA priorité collective. À l’heure où nous rentrons dans l’ère post-pandémie, nous comprenons qu’il ne s’agit pas seulement d’une question morale et de répartition de la richesse, mais aussi d’une menace sur la citoyenneté et donc la démocratie. Un domaine dans lequel notre écosystème de la bonté a son rôle à jouer, en complément de celui de l’État, notamment dans la construction d’une vision commune du changement à mener et dans la mobilisation de l’engagement pour une meilleure démocratie.

Une problématique multifactorielle

Alain Noël, professeur titulaire au département de science politique à l’Université de Montréal et futur conférencier au Sommet 2022 de l’Institut Mallet, rappelle d’emblée la réalité complexe des inégalités sociales : « Il existe plusieurs types d’inégalités. Il y a les inégalités de revenus et d’actifs – posséder une maison, de l’épargne, des biens, etc - qui se doublent d’inégalités catégorielles : entre hommes et femmes, entre autochtones et non autochtones, liées aux identités ethniques et culturelles… Toutes constituent un frein au développement social, comme la concentration de richesses est un frein au développement économique. ». Et plusieurs études de santé publique ont démontré que nous n’avons pas été égaux face à la COVID-19.

Une question existentielle pour la démocratie

« La question des inégalités sociales est presqu’existentielle dans une société démocratique, puisqu’on postule l’égalité de tous les citoyens devant la loi et dans le processus de décisions collectives. Les inégalités sociales minent l’égalité démocratique de chacun. », prévient M. Noël.

Pour s’en convaincre, il suffit de regarder chaque jour les nouvelles du monde qui démontrent la nécessité de corriger rapidement ces inégalités qui érodent la confiance dans nos systèmes démocratiques et nous vulnérabilisent collectivement : pensons, par exemple, au mouvement des gilets jaunes en France ou aux révoltes sociales en Colombie.

Ainsi, ne pas agir structurellement pour contrer ces inégalités pourrait équivaloir à renoncer à nos valeurs fondamentales et à nos principes. Une telle perspective doit nous mener à réagir collectivement.

Un rôle différent pour l’écosystème de la bonté

Il est évident que l’État est le premier responsable de corriger les inégalités sociales. Mais, le secteur du communautaire, de l’engagement et de la philanthropie est intrinsèquement lié à la réponse à y apporter, c’est sa raison d’être. Si l’idée d’agir pour une transformation est depuis longtemps ancrée chez les acteurs de notre écosystème de la bonté, il se doit d’orienter et d’appuyer le changement à mener, à la fois grâce à sa capacité d’innovation sociale, mais aussi à sa capacité de mobilisation.

« C’est l’idée d’une société mobilisée autour d’objectifs collectifs et donc on peut voir la philanthropie qui compense les dégâts, mais aussi on constate, dans le secteur communautaire, une volonté de changer la société. Le communautaire ne se perçoit pas seulement comme faisant des bonnes œuvres, mais aussi comme un secteur citoyen pour transformer les choses sur le plan local et national. », précise encore le professeur de l’Université de Montréal.

S’engager dans un processus citoyen et solidaire

« Les gouvernements peuvent plus aisément redistribuer la richesse et créer des services publics. C’est l’engagement citoyen qui rend l’action des gouvernements possible. Ça ne se fait pas seulement en donnant, mais aussi en s’impliquant dans un processus. (…) On peut penser que la capacité collective qu’on a de se mobiliser pour faire bouger l’État et pour créer des solutions autonomes dans la société contribue à contrer les inégalités sociales. C’est le pari qu’on a fait pour la démocratie et l’engagement citoyen. », expose M. Noël.

Il n’est pas question pour notre écosystème de la bonté de se substituer à l’État, mais plutôt d’inspirer, de montrer les solutions possibles et surtout de favoriser l’engagement pour le bien commun et d’effectuer un travail de mobilisation afin de soutenir la mutation sociétale nécessaire.

« Il faut multiplier les formes d’engagements face aux multiples enjeux. Il est bon qu’il y ait une multiplicité d’acteurs qui interviennent avec des objectifs distincts. Mais, en même temps, la création d’une société plus égalitaire demande aussi une vision d’ensemble et une capacité de dépasser les services d’une communauté dans un secteur donné. Donc on doit espérer qu’il y ait une capacité de coordination, de réseautage, de mise en commun, de travail collectif pour agir sur les plus grands leviers. (…) Pour créer des politiques publiques plus universelles, ça prend une vision d’ensemble et c’est là que la nécessité d’une vision commune pour les acteurs communautaires et philanthropiques devient importante : c’est-à-dire une capacité de promouvoir une vision plus large d’une société plus solidaire, égalitaire et universaliste. », résume Alain Noël.

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