Comment la génération Y est en train de changer l'entreprise

Publié le 04/11/2015 à 12:27

Comment la génération Y est en train de changer l'entreprise

Publié le 04/11/2015 à 12:27

Plus intéressés à fonder des entreprises qu’à les gérer, individualistes mais orientés vers le travail d’équipe, ambitieux mais sensibles aux questions sociales, les dirigeants de PME de la génération Y ne manquent pas de paradoxes.

Âgés de 21 à 37 ans, les représentants de la génération Y auraient une vision de l’entreprise fort différente de celle des générations précédentes. Surtout lorsqu’il s’agit d’en créer une eux-mêmes.

« Une entreprise, pour beaucoup d’entre eux, c’est surtout un projet, une expérience de vie, note Yvon Gasse, ex-professeur du département de management de l’Université Laval. Ils peuvent en démarrer deux ou trois en même temps, abandonner quand ça ne fonctionne pas ou revendre rapidement quand ça roule bien. Il n’est pas question de fonder un empire où ils resteront toute leur vie. »

L’étude sur les entrepreneurs et les repreneurs québécois des générations X et Y, réalisée à la Chaire en entrepreneuriat et innovation par Yvon Gasse et Maripier Tremblay, révèle d’ailleurs que le tiers des 143 entrepreneurs Y interrogés possèdent plus d’une entreprise. Une proportion semblable souhaite en démarrer une autre au cours des cinq prochaines années.

Exit donc le modèle Péladeau et Beaudoin, bienvenue dans la culture de l’entrepreneur en série. « Ce qui compte pour eux, c’est d’être passionnés, de vivre une expérience intense, note Claude Ananou, maître d’enseignement à HEC Montréal. Quand ce qui les intéresse moins prend plus de place, ils décrochent. »

Ironiquement, cela en fait des gestionnaires d’entreprises peu intéressés par la…gestion. « Gérer une entreprise au quotidien n’est pas ce qui les attire le plus, donc ils embauchent des gens pour le faire, explique Yvon Gasse. Eux sont beaucoup plus axés sur l’innovation et la création de nouveaux modèles d’affaires. »

Ils sont d’ailleurs peu enclins à reprendre une entreprise déjà existante. Sur 143 entrepreneurs Y interrogés dans le cadre de l’étude de la Chaire, seulement 9 % l’avaient fait.

Des Y travailleurs

Selon la même étude, la moitié des entrepreneurs Y travaillent toujours ou souvent le soir et 44 % font de même la fin de semaine. « Ils ont la mentalité de faire le travail qui doit être fait, peut importe que ce soit tard le soir ou tôt le dimanche matin », note Donna Fenn, auteure de l’ouvrage Upstart ! How GenY Entrepreneurs Are Rocking the World of Business and 8 Ways You Can Profit From Their Success.

Très marqués par l’utilisation des nouvelles technologies de la communication, ils créent des environnements de travail plus flexibles, faisant plus de place au travail à domicile. Toutefois, cela brouille quelque peu la frontière entre la vie personnelle et la vie familiale.

« Ils vivent dans une dynamique de communication instantanée, note Donna Fenn. La réponse à un message ne peut pas attendre. » Autrement dit, les baby boomers ont raté nombre d’activités de leurs enfants parce qu’ils travaillaient, et la génération X a exigé des congés pour assister à ces activités. La génération Y, elle, se donne le loisir d’y assister, tout en gardant un oeil sur le iPhone où la tablette !

Flexibles et sociaux

Par ailleurs, les Y démarrent souvent des entreprises à plusieurs. Cela crée généralement des environnement de gestion beaucoup moins hiérarchisés et beaucoup plus collaboratifs, bien que, comme le précise Yvon Gasse, « généralement l’un des partenaires finit par prendre un peu l’ascendant, par exemple, en se faisant nommer président ».

Curieux et ouverts sur le monde, ils sont aussi très sensibilisés aux questions sociales et environnementales. « Ils incorporent souvent ces dimensions dès le démarrage de leur PME », souligne Claude Ananou. Les exemples ne manquent pas, ici comme ailleurs. Aquaovo verse un pourcentage des ventes de ses bouteilles Alter Ego à la fondation One Drop. La Coccinelle jaune et Folle Guenille offrent des bijoux et vêtements québécois ou importés, mais toujours équitables.

« Les entrepreneurs Y ne veulent pas être perçus comme des « méchants capitalistes » et leurs entreprises sont souvent dirigées en tenant compte des questions sociales, humanitaires ou environnementales », conclut Claude Ananou.

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