L'avion pour développer les régions


Édition du 22 Juillet 2017

L'avion pour développer les régions


Édition du 22 Juillet 2017

L’objectif de Pascan Aviation est de relier les régions aux grands centres, mais aussi entre elles. Une denrée rare en région.

Pas simple, le transport aérien en région dans un espace aussi vaste et peu habité que le Québec. Pourtant, il s'agit d'un service essentiel pour le développement régional. À quand le grand décollage ?

«Notre mission est d'offrir un service dans toutes les régions du Québec, explique Yani Gagnon, vice-président finances de Pascan Aviation. Avant notre arrivée en 1999, chaque région avait son propre petit transporteur aérien, mais il fallait prendre deux ou trois vols pour effectuer un trajet, comme passer de l'Abitibi à la Basse-Côte-Nord. Pascan couvre tout le Québec.»

L'objectif de Pascan est de relier les régions aux grands centres, mais aussi entre elles. Une denrée rare en région. Au Québec, Air Canada et Pascan sont les deux principaux transporteurs aériens à le faire. S'ajoutent à eux Air Creebec et Air Inuit, qui relient Montréal au Nord du Québec. Cependant, seul Pascan offre des liaisons directes sur certains trajets, comme de Mont-Joli ou Bagotville à Sept-Îles.

Développer le segment touristique

Le transport aérien régional n'est pas un commerce de tout repos, et Pascan a connu sa part de trous d'air depuis ses débuts. En septembre 2015, il s'est placé sous la protection des tribunaux contre ses créanciers, avant d'être racheté, en décembre 2016, par deux de ses cadres, Yani Gagnon et Julian Roberts.

Conscients du défi que l'opération d'un tel transporteur représente, ils souhaitent d'abord et avant tout diversifier leur offre, afin d'être moins dépendants du secteur minier. Lors du boom minier entre 2011 et 2013, le nombre d'employés de Pascan a atteint 340 pour répondre à la demande. Le transporteur en compte aujourd'hui 115, dont une trentaine de pilotes.

Le monde des affaires reste la clientèle cible, et Pascan Aviation offre plusieurs options, comme des prix réduits ou de l'appui logistique à partir d'un certain volume. Le transporteur travaille aussi à développer une offre touristique, en collaboration avec les associations touristiques régionales. Il souhaite offrir des forfaits aux Québécois ou même aux Américains désireux de découvrir les trésors que recèlent l'archipel de Mingan, les îles de la Madeleine ou Havre-Saint-Pierre. Il aura bientôt sa licence d'agence de voyage et devrait être en mesure d'aller de l'avant dès l'été prochain.

Pascan offre désormais un trajet de Saint-Hubert à Toronto, ce qui lui ouvre les portes d'une expansion sur le marché ontarien. Et il aimerait ajouter un appareil à sa flotte, afin d'avoir des vols qui partent d'une région vers Montréal le matin. «Présentement, nos vols partent de Saint-Hubert le matin et y reviennent le soir», explique Julian Roberts.

« Les entreprises comme ­Pascan, ­Air ­Creebec ou ­Air ­Inuit ont besoin d’un réel soutien », croit ­Mehran ­Ebrahimi, professeur à l’­ESG-UQÀM et spécialiste du secteur aéronautique.

Voler à l'aveugle

Le transport aérien régional semble enfin retenir l'attention du gouvernement provincial. Il fera l'objet d'un sommet en février 2018. Déjà, des organismes comme l'Union des municipalités du Québec et l'Association québécoise du transport aérien ont tenu des présommets afin de se concerter et de fourbir leurs arguments.

Tant mieux, parce qu'il y a beaucoup à faire, selon Mehran Ebrahimi, professeur à l'École des sciences de la gestion (ESG-UQÀM) et spécialiste du secteur aéronautique. «Le transport aérien régional n'est pas un axe fort des politiques de développement des régions au Québec. Il n'y a ni stratégie ni cohérence», déplore-t-il.

Le gouvernement offre, par exemple, de l'aide financière pour les résidents du Nord québécois ou des îles de la Madeleine effectuant un trajet à l'intérieur du Québec. «Pourquoi ces trajets-là et pas d'autres ? demande le professeur. Est-ce vraiment pertinent ? Est-ce que ça améliore fondamentalement le transport aérien régional ? Ce sont des questions qu'il faut se poser.»

Et n'allez pas lui dire que c'est parce que le Québec est vaste et peu densément peuplé que le transport aérien en région est déficient. Celle-là, il l'a déjà entendue. «Des pays similaires au Québec, comme la Norvège, ont des stratégies pour faire du transport aérien un outil de développement des régions, dit-il. Pourtant, la Norvège est un pays vaste où les hivers sont froids et la densité de population plutôt faible, comme ici.»

Il est d'avis que le prochain sommet devra faire une large place aux soucis des transporteurs. Travailler aux infrastructures, c'est bien, mais il ne sert à rien de rénover des aéroports si aucun transporteur n'y va. «Les entreprises comme Pascan, Air Creebec ou Air Inuit ont besoin d'un réel soutien, croit-il. Elles doivent pouvoir améliorer les conditions de travail de leurs employés et renouveler leur flotte d'avions, par exemple, sans que cela les mette en péril.»

Voilà qui sonnera comme le bruit d'un moteur d'avion bien réglé aux oreilles des dirigeants de Pascan et de leurs concurrents !

115
C'est le nombre d'employés de Pascan, incluant une trentaine de pilotes. Lors du boom minier entre 2011 et 2013, le nombre d'employés avait atteint 340 pour répondre à la demande.

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