WestJet lancera en 2018 Swoop, un service à très bas tarif.

Environ 48 millions de passagers ont volé sur les ailes d'Air Canada en 2017, soit quelque trois millions de plus qu'en 2016. Pas étonnant, puisque le nombre de passagers croît partout. Au total, plus de quatre milliards de personnes ont pris l'avion en 2017, selon Statista. Les plus récentes prévisions de l'Association du transport aérien international (IATA) estiment que ce nombre passera à 7,8 milliards par année en 2036.

Les transporteurs aériens canadiens en ont pris bonne note et poursuivent leur stratégie d'expansion. Air Canada ouvrira huit nouvelles destinations en 2018 (Victoria, Tokyo Narita, Phoenix, Pittsburgh, Baltimore, Dublin, Lisbonne et Bucarest), après en avoir ouvert huit aussi en 2017. En cinq ans, sa capacité au départ de Montréal a augmenté de 83 % et il offre 29 nouvelles destinations. L'Asie, l'Afrique et l'Amérique du Sud sont maintenant desservies à partir de Montréal.

« Notre stratégie d'expansion internationale repose sur la croissance continue du trafic de ce qu'on appelle sixième liberté de l'air, ou ACTransit, c'est-à-dire les passagers qui voyagent d'un pays étranger à un autre, ayant le Canada pour point de correspondance, explique Lucie Guillemette, vice-présidente générale et chef des affaires commerciales chez Air Canada. Ce trafic contribue de façon importante au succès de nos nouveaux services à partir de Montréal comme Shanghai, Tel Aviv, Tokyo et Casablanca, ainsi que des destinations européennes secondaires. »

La montée de la Chine

Air Canada n'a d'ailleurs pas trop le choix de regarder vers l'Asie-Pacifique, où se fera le gros de la croissance. L'IATA prévoit que la Chine détrônera les États-Unis comme plus important marché aérien du monde dès 2022. L'Inde et l'Indonésie devanceront le Royaume-Uni dans le top 5, alors que la Thaïlande et la Turquie éjecteront la France et l'Italie du top 10.

Air Canada est à pied d'oeuvre pour conclure de nombreuses ententes en Chine, alors le premier ministre Justin Trudeau, et le premier chinois Li Keqiang ont annoncé que 2018 marquera l'Année du tourisme Canada-Chine. Cette initiative vise à resserrer les liens entre les citoyens chinois et canadiens. « Air Canada et Air China ont travaillé dur ces dernières années pour ouvrir de nouvelles lignes entre les deux pays », souligne Mme Guillemette. Le marché des voyages aériens entre le Canada et la Chine a affiché une croissance annuelle moyenne qui frôle les 14 % depuis six ans et la tendance devrait se maintenir, selon l'IATA.

Air Canada n’a pas trop le choix de regarder vers l’Asie- Pacifique, où se fera le gros de la croissance. L’IATA prévoit que la Chine détrônera les États- Unis comme plus important marché aérien du monde dès 2022.

Air Canada assure jusqu'à 35 vols par semaine entre le Canada (Toronto, Vancouver et Montréal) et la Chine (Beijing et Shanghai). L'entreprise exploite jusqu'à 11 vols par semaine entre la Chine et le Canada, au départ de Beijing et à destination de Vancouver et de Montréal.

En décembre 2017, Air Canada annonçait qu'elle coexploiterait avec Air China le vol quotidien Montréal-Shanghai, ainsi que des vols à destination de l'Ouest canadien et d'autres destinations chinoises et même le vol d'Air China entre Montréal et La Havane.

Jouer sur tous les tableaux

De son côté, WestJet mène une double transformation. L'entreprise canadienne fondée en 1996 a établi un plan de captation de la croissance il y a déjà cinq ans. Elle a commencé par lancer WestJet Encore, basé sur l'acquisition de 45 Bombardier Q400, afin de connecter les passagers vivant dans de plus petites villes canadiennes à leurs vols internationaux décollant des grands centres.

WestJet a ensuite testé des vols vers Dublin à partir de Terre-Neuve, puis vers Glasgow à partir d'Halifax. Devant la réponse positive, elle a décidé d'aller de l'avant, achetant dix Boeing 787, et retenant une option pour dix autres. Ces appareils lui permettront d'ouvrir de nouvelles destinations internationales à partir de 2019.

Parallèlement, WestJet lancera en 2018 Swoop, un service à très bas tarif. Les billets sur Swoop devraient coûter la moitié de ce qu'ils coûteraient sur WestJet, mais des frais seront exigés pour les bagages et d'autres services. Au final, l'économie pourrait représenter de 30 % à 40 %. Pas question, donc, de se laisser détrôner par les Canada Jetlines et autres FlyToo, qui entendent développer le marché du très bas tarif au pays. Leur expansion a été facilitée par le fait qu'il est désormais permis à des actionnaires étrangers de détenir 49 % d'un transporteur aérien canadien, contre 25 % auparavant.

« C'est un virage stratégique progressif, mais très important, souligne Richard Bartrem, vice-président marketing et communications chez WestJet. Nous passons de transporteur domestique à transporteur global. »

Ce virage stratégique n'a pas échappé à Air Transat. « Le marché évolue et nous voulons demeurer dominants sur nos routes principales et sur des destinations en forte croissance, comme le Portugal, tout en offrant de nouvelles destinations », explique Annick Guérard, chef de l'exploitation à Air Transat.

L'entreprise a fait une première incursion au Proche-Orient en 2017 avec le vol Montréal-Tel Aviv, lequel passera de deux à trois fois par semaine en 2018. Elle offre désormais 34 destinations dans le sud à partir de 22 aéroports canadiens, dont plusieurs ont des vols quotidiens, notamment Cancún, Punta Cana et Varadero. Des destinations au départ de Montréal ont été ajoutées, comme Tampa et Saint-Domingue.

Du côté de l'Europe, Air Transat propose désormais des vols à l'année vers la France, le Royaume-Uni, le Portugal et l'Espagne. En été, la fréquence de plusieurs destinations européennes a été augmentée. Air Transat compte désormais 26 destinations européennes en été et offre 17 % plus de sièges.

C'est toutefois du côté de la flotte elle-même que l'on trouve le plus important virage stratégique. Air Transat compte sur une flotte flexible composée d'appareils qu'elle détient en permanence et d'autres qu'elle opère de façon saisonnière. Le transporteur mise présentement sur des Airbus A310, qu'il est en train d'abandonner progressivement, ainsi que sur des A330 et des Boeing 737.

« Nous allons migrer vers une flotte entièrement composée d'avions Airbus, afin d'offrir une expérience plus standard sur tous nos vols, explique Mme Guérard. Nous allons notamment louer dix appareils Airbus A321neo LR flambants neufs, que nous serons les premiers à utiliser en Amérique du Nord dès le printemps 2019. La transformation de notre flotte est au coeur de notre stratégie. »