Ils sont prêts pour la reprise du tourisme


Édition du 13 Avril 2022

Ils sont prêts pour la reprise du tourisme


Édition du 13 Avril 2022

Par Claudine Hébert

La demande est si forte que les hôteliers et les gestionnaires de centres de congrès ne font pas de démarchage auprès de leur clientèle habituelle.(Hôtel Germain)

TOURISME D'AFFAIRES ET D'AGRÉMENT. «On est dans le jus!», «Ça reprend fort», «C’est la folie!» «On est en voie de dépasser les réservations de 2019», «Notre calendrier 2022 est presque complet». La vingtaine d’acteurs de l’industrie contactés par Les Affaires sont unanimes: le tourisme d’affaires est reparti sur des chapeaux de roue, après deux années de misère en raison de la pandémie et des mesures sanitaires.

Le téléphone ne dérougit pas dans la plupart des bureaux de vente des hôtels et des centres de congrès de la province. Qui appelle pour réserver? «Ce sont principalement les associations, les fédérations, ainsi que les ordres professionnels», énumère Guy Déom, gestionnaire aux ventes et au développement des affaires du Centrexpo Cogeco Drummondville. Son établissement, dont le calendrier de réservations 2022 frôle déjà les 60%, se prépare justement à recevoir le Congrès national de la Coalition Avenir Québec (CAQ) les 28 et 29 mai. L’événement réunira plus de 1500 participants. 

«La clientèle associative, qui n’a presque pas tenu d’événements depuis deux ans, correspond à plus de 85% des demandes de réservations pour les calendriers 2022 et 2023, enchaîne Michel Douville, directeur général du Sheraton Saint-Hyacinthe et Centre de congrès de Saint-Hyacinthe. Nous devrions même être en mesure de connaître en 2022 une année similaire à celle de 2019, soit l’une des meilleures performances de notre jeune complexe» inauguré en 2018.

La demande est en effet si forte que la majorité des hôteliers et des gestionnaires de centres de congrès n’ont ces jours-ci nul besoin de faire du démarchage auprès de leur clientèle habituelle. «Ce sont les organisations qui nous appellent», indique l’équipe de la Division des congrès, de la promotion et du tourisme d’affaires et sportif à Destination Sherbrooke. Cette dernière nous indique recevoir un volume d’appels et de demandes de soumission beaucoup plus élevé que la normale. 

Il faut comprendre que les profits d’un congrès, d’une foire commerciale ou de tout autre événement annuel récurrent d’une association peuvent aisément représenter de 50% à plus de 90% des revenus nécessaires afin d’assurer les frais d’exploitation de cette même association. «Les événements représentent 65% de nos revenus», illustre Gilber Paquette, directeur général de l’organisation Tourisme d’affaires Québec (TDAQ). Selon lui, le marché associatif québécois représente plus de 1500 organisations qui rassemblent, en moyenne, 300 participants par événement. 

 

Chamboulement aux réservations

Ce criant besoin de réunir ses membres, combiné au spectre d’un possible nouveau variant qui pourrait venir une fois de plus brouiller les cartes, donne lieu à une forte tendance: les demandes de dernière minute. «Les associations qui avaient l’habitude de réserver leurs dates d’événement de un à deux ans à l’avance le font actuellement quatre, trois, deux, voire un mois avant la date souhaitée», indique Caroline Synnott, directrice des ventes groupe au Domaine Château-Bromont. Pour leur part, les entreprises réservent désormais leurs dates de deux à trois semaines à l’avance, au lieu de trois à six mois, comme elles le faisaient généralement. 

Il y a toutefois quelques exceptions. Certaines sociétés ne prennent pas de risque et ont déjà réservé leurs salles pour la fête de Noël, note Michael Drivas, directeur général du Centre de congrès Palace, à Laval. Son calendrier de décembre prochain est complet depuis l’annonce des allègements des mesures sanitaires. 

«Puisque le variant Omicron est venu gâcher plusieurs fêtes de Noël en décembre 2021, des entreprises ont décidé de tenir leur événement en mai, juin et juillet 2022», observe quant à lui Hugo Germain, vice-président aux opérations au sein du Groupe Germain. Les hôtels Alt Dix30 et Escad, à Brossard, ainsi que le restaurant Le Boulevardier de l’hôtel Germain Montréal comptent, à eux trois, plus d’une dizaine de ce type de réservations pour cet été.

Les hôtels cinq étoiles, qui ont souffert de l’absence de la clientèle internationale et des entreprises, profitent eux aussi du retour du tourisme d’affaires. À l’hôtel Birks Montréal, les 132 chambres et suites sont déjà réservées depuis janvier pour la semaine du Grand Prix du Canada de F1, prévu du 17 au 19 juin, signale Lucie Manceau, directrice de l’hébergement de l’établissement de la rue Sainte-Catherine Ouest. Même chose pour les deux semaines suivantes, alors que les Clubs Lions de la planète débarqueront dans la métropole pour leur 104e convention internationale, du 24 juin au 28 juin. «La semaine du repêchage de la LNH [prévu les 7 et 8 juillet] est, elle aussi, déjà quasi complète», ajoute-t-elle.

 

Congestion de dates

La reprise des activités n’est pas sans provoquer une congestion dans les calendriers des destinations hôtelières et de congrès. D’après le directeur général de TDAQ, cette congestion de calendrier ne se résorbera pas avant 2024, voire 2025.

«Cette situation entraîne parfois un certain décalage entre ce que souhaite la clientèle et ce que peut offrir l’établissement», concède Caroline Ouellette, directrice des ventes et du marketing au Fairmont Le Manoir Richelieu, à La Malbaie. Dans les deux dernières années, dit-elle, l’ADN du tourisme d’affaires a été largement bousculé. «Nous avons perdu plusieurs employés dévoués aux congrès et aux banquets et nous sommes actuellement en voie de rebâtir ces équipes tout en renouant avec notre clientèle d’affaires», explique-t-elle.

Faute d’activités, plusieurs agences événementielles et fournisseurs d’équipements (location de chapiteaux et de systèmes audiovisuels, service traiteur, etc.) ont fermé boutique au cours des deux dernières années. Selon les gens du milieu interrogés par «Les Affaires», ce sont des dizaines d’entre eux qui seraient disparus de l’échiquier événementiel. 

«Ajoutez-y la pénurie de personnel, et tous ces facteurs ont pour conséquence d’augmenter les prix. Les organisateurs doivent donc s’attendre à des hausses de 15% à 20% pour la tenue de leur événement», avertit Gilber Paquette. Et même davantage pour les événements présentés sous forme hybride, afin d’absorber les coûts liés au matériel nécessaire. 

Enfin, bien que la plupart des acteurs de l’industrie en tourisme d’affaires aient le cœur à la fête, une cicatrice qui va prendre du temps à guérir demeure tout de même présente. «Malgré le grand retour de la clientèle d’affaires sous nos toits, le mal est fait. Les revenus que nous avons perdus au cours des deux dernières années sont bel et bien disparus», note Ian Marceau, directeur général de l’hôtel Renaissance et du Hampton Inn & Homewood Suites par Hilton, tous deux à Montréal. 

À l’instar de plusieurs autres gestionnaires d’hôtels du centre-ville de la métropole, il peut toutefois se réjouir, car le Palais des congrès attend beaucoup de visite cette année. Parmi les quelque 180 événements inscrits au calendrier — qui affiche complet —, quatre dépasseront les 10 000 participants cet été, dont l’Otakuthon et la 24e Conférence internationale sur le sida.

La «Notre-Dame» des Laurentides
Peu importe les saisons, chaque soir, l’église de Sainte-Agathe-des-Monts s’illumine. Ce spectacle est le fruit des efforts d’un citoyen, Yves Lavoie, qui a convaincu la Ville et de généreux donateurs d’investir près de 100 000 $ pour y installer un système d’éclairage extérieur en 2019. L’imposante infrastructure de pierre construite entre 1905 et 1907 ressemble à s’y méprendre à celle de Notre-Dame-de-Paris, car ses architectes, Daoust et Gauthier, se seraient largement inspirés de la cathédrale parisienne. On raconte que l’élite de Sainte-Agathe-des-Monts souhaitait alors accueillir le siège épiscopal du tout nouveau diocèse des Laurentides, un mandat qui a finalement été accordé à Mont-Laurier en 1913.
Du nouveau Chez Girard
Depuis plus de 20 ans, Anick Jérôme et son conjoint Marco Périard dirigent les destinées d’un des plus vieux restaurants du centre-ville, Chez Girard. Ils ont profité des fermetures forcées des deux dernières années pour y investir quelques dizaines de milliers de dollars afin de rénover la cuisine et la terrasse de quelque 80 places. Bien que la clientèle de l’endroit — une maison blanche au toit rouge, située tout près du lac des Sables qui compte également trois chambres à louer — ait déjà été majoritairement touristique, aujourd’hui, elle est composée à 70% d’habitants de Sainte-Agathe et des environs, estime la propriétaire. 
Trois plutôt qu’une
Sainte-Agathe-des-Monts est l’une des rares municipalités du Québec qui dispose de trois plages sur son territoire: les plages Tessier, Sainte-Lucie et Major. Les trois espaces sablonneux accueillent bon an, mal an plus de 50 000 visiteurs. Pendant la pandémie, deux d’entre elles (Tessier et Sainte-Lucie) ont été réservées à l’usage exclusif des Agathois. La Ville songe toutefois à les rouvrir au grand public cet été.
Une microbrasserie «incubée» localement
D’ici quelques semaines, la microbrasserie La Veillée ouvrira ses portes sur la rue Principale. Non seulement s’agit-il d’un nouveau commerce bonifiant le centre-ville agathois, l’établissement, dirigé par Patrick Laurin, est la toute première entreprise issue de l’incubateur-accélérateur La Manufacture, qui a pignon sur rue à Sainte-Agathe-des-Monts depuis 2017. En plus d’y brasser des bières, l’équipe de La Veillée prévoit l’aménagement d’un pub d’une quarantaine de places intérieures et d’une vingtaine d’autres sur la terrasse.
Sur la Route des Belles-Histoires
Sainte-Agathe-des-Monts figure sur la Route des Belles-Histoires. Inauguré en 2016, ce circuit patrimonial, qui s’étend sur plus de 284 km entre Saint-Jérôme et Mont-Laurier, traverse les villes et villages qui ont marqué l’histoire des Laurentides, plus particulièrement celle du curé Antoine Labelle, reconnu pour sa dévotion pour le développement de la région. Bien que ce circuit ne comporte qu’une seule adresse agathoise (le théâtre Le Patriote), la municipalité propose de prolonger la visite en empruntant son propre parcours patrimonial de près de 3 km. Présenté sous forme de «balado découverte», ce circuit guidé par GPS inclut une douzaine d’arrêts, dont le sanatorium et la gare.
Croisières sur le lac des Sables
Depuis sa création en 1944, Croisières Alouette fait découvrir les splendeurs du lac des Sables aux visiteurs. «Avant que ne survienne la COVID-19, nos deux bateaux transportaient près de 17 000 passagers chaque année, dont une forte clientèle internationale à l’automne», signale le capitaine Ghislain Parizeau, cinquième propriétaire de l’entreprise. Puisque celle-ci a été fermée au cours des deux derniers étés, le capitaine en a profité pour investir quelque 80 000 $ afin d’effectuer des rénovations sur ses deux embarcations accueillant respectivement 72 et 47 passagers. Cette année, Croisières Alouette reprendra ses activités à la Saint-Jean-Baptiste, et ce, jusqu’à la fin octobre. 
S’envoyer en l’air en équipe
Le Tyroparc Sainte-Agathe est l’une des attractions les plus populaires en ville depuis son ouverture en 2014. L’an dernier, pas moins de 20 000 personnes ont osé survoler les airs, accrochées à l’une de ses quatre mégatyroliennes. Le propriétaire fondateur, Philippe Cornette, a investi plus 1,5 million de dollars pour bâtir ces infrastructures qui mesurent entre 550 m et 915 m de long. Doté de parcours de «via ferrata» ainsi que d’un pavillon qui peut accueillir jusqu’à 80 personnes à la fois, l’endroit reçoit régulièrement la visite d’entreprises en quête d’une activité de consolidation d’équipe. «Près d’une dizaine de fois par année, des entreprises vont même réserver le parc en entier», signale Philippe Cornette. Actuellement, cette clientèle représente plus de 15% des revenus du Tyroparc. Son président aimerait bien que cette part double d’ici les deux prochaines années.
Paradis du camping
À l’instar des quelques villes de villégiature québécoises situées en bordure d’un lac, Sainte-Agathe-des-Monts offre davantage de sites de camping que d’autres types d’hébergement tels les hôtels et les gîtes. Ainsi, le Grand Sainte-Agathe ne comptait pas moins de 1308 emplacements répartis dans six terrains de camping en 2019 selon les données de MRC des Laurentides. C’est presque 2,5 fois plus que les quelque 600 options d’hébergement proposées par la quinzaine d’hôtels, la dizaine de gîtes et les 175 résidences de tourisme du secteur.

 


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