En attendant le Shopify des cleantechs


Édition du 12 Août 2017

En attendant le Shopify des cleantechs


Édition du 12 Août 2017

Par Alain McKenna

« Il faut penser à une commercialisation internationale dès le début. En s’assurant de pouvoir opérer à l’international, on attire le capital. » – Richard Cloutier, président de l’accélérateur montréalais Ecofuel

Comme l'ensemble du secteur technologique, le créneau des technologies propres vit grandement de financement privé et de capital-risque. Contrairement à d'autres secteurs technologiques plus en vue, ses entreprises prennent plus de temps à atteindre leur maturité. Un problème dont la solution tient en un mot : «patience».

L'hiver dernier, le regroupement sectoriel Écotech Québec, ainsi que Technologies du développement durable Canada, un organisme financé à 100 % par le gouvernement fédéral, ont publié une étude sur l'état des technologies propres au pays. En comparant leur financement et leur croissance avec ceux de leurs homologues américaines, il est plus facile de déterminer si le modèle économique actuellement en place tient la route.

Conclusion : oui et non. En effet, bien que l'industrie des technologies propres des deux pays ait sensiblement le même modèle, reposant considérablement sur le capital-risque, le financement privé et l'endettement, les montants investis au Canada sont bien inférieurs à ceux investis chez l'Oncle Sam.

«Le Canada accuse un retard en capital-risque et en financement par dette, concluent Gilles Duruflé et Louis Carbonneau, les principaux auteurs de l'étude. Pourtant, ce sont deux éléments essentiels pour aider les entreprises à innover, à développer leurs activités et à commercialiser leurs technologies.»

Même en tenant compte de la taille relative des économies canadienne et américaine, tant les entreprises de technologies vertes que les investisseurs de chez nous sont plus timides, constatent les chercheurs. Ainsi, les 20 entreprises américaines ayant obtenu le plus de capital-risque entre 2002 et 2015 ont récolté de 326 millions de dollars (M$) à 1,2 milliard de dollars (G$), 90 % de ces montants étant de provenance locale.

À l'opposé, la valeur des 20 plus importants financements canadiens sur cette même période varie de 20 M$ à 292 M$, et l'investissement étranger compte pour 40 % de la somme totale. «Il y a un besoin pour un outil canadien qui permettrait des financements de cette ampleur [comme aux États-Unis] pour soutenir les entreprises canadiennes aux stades du démarrage et de l'expansion», conclut l'étude.

Trouver sa niche

Au Québec, la situation ne diffère pas tellement de celle du reste du pays. En revanche, on semble avoir trouvé le maillon faible de la chaîne de financement, maillon qui plombe le succès des technologies propres d'ici. «Il faut penser à une commercialisation internationale dès le début. En s'assurant de pouvoir opérer à l'international, on attire le capital», explique Richard Cloutier, président de l'accélérateur Ecofuel, à Montréal.

Au-delà de la question de la propriété intellectuelle, le fait d'avoir un marché potentiel à l'échelle mondiale permettra d'aller chercher des sous ailleurs qu'au Canada, où les sommes investies sont plus modestes qu'aux États-Unis, ou même qu'en Chine, ajoute M. Cloutier.

En effet, le Québec ne manque pas de talent sur le plan de la recherche, précise-t-il, mais, du côté de la transformation de cette recherche en entreprises vertes et durables, on cherche encore l'effet d'entraînement d'une entreprise phare, comme le fait Shopify dans le commerce en ligne ou Lightspeed POS dans les systèmes de paiement.

«On ne manque certainement pas d'innovation dans les technologies propres québécoises. Toutefois, si on veut avoir du succès à long terme, il va falloir trouver notre niche. On n'a pas encore l'équivalent de Shopify, mais on y est presque», assure le président d'Ecofuel, citant notamment Enerkem, une entreprise qui convertit les déchets non recyclables en éthanol cellulosique, un substitut des hydrocarbures prometteur.

Futur leader des «molécules vertes» ?

En fait, s'il avait à déterminer un secteur des technologies durables où le Québec et le Canada semblent le plus actifs, M. Cloutier citerait d'emblée celui des «molécules vertes». Ce terme englobe tout ce qui touche à la transformation non polluante de substances et de matériaux divers, allant des résidus des pâtes et papiers aux déchets industriels, pour remplacer d'autres produits polluants de l'activité industrielle courante.

Dans l'agriculture, notamment, le niveau de recherche effectué au Canada est sensiblement plus élevé qu'ailleurs dans le monde, compte tenu de la taille du pays sur le plan démographique. Ainsi, selon une étude réalisée l'an dernier par la firme Questel Consulting, le Canada est deux fois plus actif dans la recherche de technologies durables en agriculture que la moyenne mondiale.

«Alors qu'il se publie 2 recherches scientifiques pour un brevet en moyenne dans le monde, il s'en publie 28 au Canada», apprend-on. Des 15 plus importants joueurs internationaux dans ce secteur, 5 sont d'ailleurs établis ici.

Évidemment, il reste à convertir cette recherche en produits commerciaux viables. Et pour ça, il faudra que les centres de recherche, les universités et les entreprises spécialisées s'ajustent afin d'aller chercher le financement là où il se trouve, au pays ou à l'étranger. En effet, faute de financement adéquat, le prochain Shopify ne sera pas issu des technologies propres...

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