Un éventail de stratégies pour répondre aux défis municipaux

Publié le 23/03/2022 à 10:00

Un éventail de stratégies pour répondre aux défis municipaux

Publié le 23/03/2022 à 10:00

Par Philippe Jean Poirier

Dans l’année à venir, la nouvelle cohorte d’élus doit maintenant mettre en place des stratégies de développement économique qui leur permettront de relever les nombreux défis du monde municipal: la mobilité, le logement, la densification et le virage numérique. (Photo: 123RF)

STRATÉGIES MUNICIPALES DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE. Lors des élections municipales de novembre 2021, une nouvelle génération de candidats a su imposer ses préoccupations sociales, environnementales et économiques. Il aura été question de mobilité, de logement et de densification, sur fond de virage numérique. Dans l’année à venir, la nouvelle cohorte d’élus doit maintenant mettre en place des stratégies de développement économique qui leur permettront de relever les nombreux défis du monde municipal.

À commencer par le logement. «La plupart des régions se retrouvent en pénurie», constate Daniel Côté, président de l’Union des municipalités du Québec et maire de Gaspé. Il s’agit d’un problème «multifactoriel», prévient-il. L’augmentation des coûts de construction a par exemple ralenti le renouvellement des parcs immobiliers. Puis, la pandémie a provoqué un exode des travailleurs vers des régions qui n’étaient pas nécessairement prêtes à les recevoir.

Jean-Philippe Meloche, professeur agrégé à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage de l’Université de Montréal, note deux tendances chez les élus à ce sujet. «Pour certains, le développement économique est synonyme de développement immobilier, résume-t-il. Leur vision est d’agrandir le périmètre urbain au maximum, afin d’attirer des promoteurs, de lever des maisons de terre et de stimuler la croissance.» Dans l’autre camp, des élus en mode «restrictifs» préfèrent protéger le territoire, améliorer les services municipaux et augmenter la qualité de vie des résidents actuels.

En ce sens, une stratégie qui gagne en popularité est la densification. Plusieurs maires y voient une manière de revitaliser leurs centres-villes éprouvés par la pandémie. La nouvelle mairesse de Saguenay, Julie Dufour, s’est entre autres engagée à construire 1000 logements dans l’ancienne zone ferroviaire du centre-ville de Chicoutimi. Alexandra Labbé, réélue à Chambly, a défait une candidate qui s’opposait à la densification de la municipalité. Quant au nouveau maire de Rimouski, Guy Caron, il confie avoir martelé son message de densification «presque chaque jour de campagne».

 

Avancer malgré un «déséquilibre démocratique»

La mobilité durable est un autre grand défi pour les administrations locales. Plusieurs maires s’affichent comme «champion de la mobilité» en proposant ou en soutenant des projets d’envergure comme le Réseau express métropolitain dans le Grand Montréal et les tramways à Québec et à Gatineau. «Malheureusement, les élus municipaux sont souvent spectateurs de ces projets, qui dépendent du financement d’autres paliers de gouvernement», pointe Jean-Philippe Meloche.

Le professeur voit également un déséquilibre démocratique entre «les citoyens actuels», qui ont le pouvoir de torpiller un projet d’urbanisme par la simple signature d’un registre — un mécanisme prévu dans la loi 122 sur la gouvernance municipale —, et les «citoyens du futur», qui n’ont évidemment pas voix au chapitre. «Les règles actuelles favorisent le réflexe du “pas dans ma cour”», résume-t-il.

 

La techno à toutes les sauces

Si les projets de transport collectif font la manchette sur une base régulière, l’attrait de la technologie comme vecteur de développement économique fait moins jaser et devient rarement un enjeu électoral municipal.

Pourtant, nombreux sont ceux qui comptent sur la technologie pour créer des emplois de qualité dans leur ville. Des «hubs technologiques» poussent comme des champignons aux quatre coins de la province: la Zone Agtech dans la MRC de L’Assomption, le quartier numérique à Saguenay, le pôle d’excellence maritime Novarium à Rimouski, ou encore Technum Québec à Bromont et Sherbrooke quantique. Les deux derniers ont été désignés zones d’innovation par le gouvernement québécois en février.

«Quand vous dites que vous avez un pôle technologique, ça sonne très bien, mais qu’est-ce que ça veut dire exactement?» demande Mario Polèse, professeur émérite à Institut national de la recherche scientifique (INRS). Voyant une part de «marketing» dans ces stratégies, le professeur en économie urbaine et régionale doute que Joliette ou Saguenay deviennent un jour des «Silicon Valley du Nord». «Il peut s’y trouver des jeunes extrêmement doués, qui démarrent des projets fantastiques, mais ça ne remplace pas la concentration de talent de grandes villes comme Montréal, Boston ou New York», souligne-t-il.

Mario Polèse attire l’attention sur un autre thème peu abordé pendant les élections: le combat des villes qui veulent sortir du sillon mono-industriel dans lequel elles se sont historiquement campées. Autrefois reconnue comme la capitale mondiale du papier journal, Trois-Rivières a su se réinventer en s’intéressant à l’économie circulaire et aux technologies vertes. Fortement dépendante des industries de l’aluminium et du bois, Saguenay cherche actuellement à diversifier son économie pour freiner l’exode des jeunes ; le numérique semble faire partie des réponses possibles.

 

Loin d’être seuls dans l’aventure

Devant autant de dossiers complexes, les élus municipaux n’ont toutefois pas à avoir réponse «à toutes les questions». Bien souvent, leur rôle consiste principalement à créer climat de collaboration entre les différents acteurs locaux et nationaux — incluant les gens d’affaires, les milieux académiques et les différents paliers de gouvernement — pour paver la voie à la prospérité de leur municipalité. 

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