La collaboration, pierre angulaire des zones d'innovation

Publié le 23/03/2022 à 10:00

La collaboration, pierre angulaire des zones d'innovation

Publié le 23/03/2022 à 10:00

Par Philippe Jean Poirier

Sherbrooke quantique vise deux objectifs: retenir les talents formés chaque année par les deux universités et trois cégeps locaux. (Photo: 123RF)

STRATÉGIES MUNICIPALES DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE. Développer un pôle technologique innovant et attractif ne dépend pas — ou si peu — de la volonté des élus municipaux. Les deux premières zones d’innovation désignées par le gouvernement provincial en février, soit Sherbrooke quantique et Technum Québec à Bromont, portent à penser qu’une collaboration étroite entre le milieu académique, les grandes entreprises et l’entrepreneuriat local est davantage nécessaire à ce genre de développement économique.

«Bâtissez-le et ils viendront…», lance Louis Villeneuve, maire de Bromont, pour expliquer dans quel esprit il fallait aborder le processus de sélection des zones d’innovation lancé par Québec en février 2020. Son administration n’a d’ailleurs pas attendu l’annonce de février pour investir dans l’installation de services d’aqueduc et d’égout sur une portion stratégique du parc industriel actuel. La Ville s’est aussi engagée à y construire un bâtiment pour héberger un incubateur-accélérateur.

De l’aveu même du maire, l’essentiel du projet repose toutefois sur le leadership du Centre de collaboration MiQro Innovation (C2MI), implanté il y a 10 ans dans le Parc scientifique Bromont. Ce centre de recherche associé à l’Université de Sherbrooke a pour mission d’accélérer la mise en marché de produits intégrant des composantes microélectroniques. «Nous sommes une zone d’innovation “horizontale”, explique Normand Bourbonnais, président du C2MI. Nous travaillons avec tous les secteurs technologiques: l’intelligence artificielle, l’internet des objets, l’aérospatial, le quantique et ainsi de suite.»

Au fil des ans, le Centre a réussi à mettre en relation trois acteurs clés de l’innovation technologique: des étudiants qui participent aux quatre chaires de recherche basées dans ses locaux, des multinationales qui y développent des produits — un ordinateur quantique pour IBM et des caméras thermiques pour Teledyne Dalsa, par exemple — et de jeunes pousses québécoises comme Aeponyx (un équipementier spécialisé dans les technologies de réseaux passifs à multiplexage en longueurs d’onde) et Boréas Technologies (une entreprise de semi-conducteurs) qui viennent y tester de nouvelles idées.

«Nous avons l’équipement de pointe pour une production à bas volume, afin que la jeune pousse puisse montrer sa technologie à différents clients, rapporte Normand Bourbonnais. Quand le succès commercial est atteint, la jeune pousse se tourne vers un partenaire industriel.» À son avis, le gouvernement provincial «a été surpris» par le travail du C2MI, et il «a rapidement compris le potentiel de notre projet».

 

Une place prépondérante aux gens d’affaires 

Sherbrooke diffère de Bromont par sa taille, son passé manufacturier, mais aussi par le fait qu’elle soit une ville universitaire qui développe activement «un pôle du savoir» depuis une dizaine d’années. La métropole estrienne a pourtant amorcé le processus de candidature au titre de zone d’innovation dans le même esprit de collaboration qu’elle. «Nous sommes une ville à taille humaine, où il est facile de rassembler tous les acteurs d’un projet autour d’une même table», fait valoir Philippe Cadieux, directeur du Bureau de coordination du développement économique de la municipalité.  

Il raconte que l’administration municipale a organisé des rencontres hebdomadaires entre les partenaires au projet avant même que le gouvernement dépose son guide de candidature. «Une place prépondérante a été accordée aux gens d’affaires dans la gouvernance de la zone d’innovation, qui est un organisme à but non lucratif, précise-t-il. Il y a aussi des rencontres avec des promoteurs immobiliers, parce qu’ils font également partie du processus.» 

Sherbrooke quantique vise deux objectifs: retenir les talents formés chaque année par les deux universités et trois cégeps locaux. Ensuite, redonner «un peu d’amour» à des secteurs délaissés depuis le déclin de l’industrie textile.

«La zone fait 8,5 kilomètres carrés, détaille Philippe Cadieux. Elle inclut le quartier historique du centre-ville, où nous avons établi le Quartier général de l’entrepreneuriat, une zone industrielle à requalifier le long de la berge sud de la rivière Magog, ainsi qu’une partie du campus de l’Université de Sherbrooke.» La Ville s’est engagée à décontaminer le parc industriel, actuellement composé de terrains vacants et de bâtiments vides, précise-t-il.

Quant à Bromont, sa zone d’innovation est davantage pensée dans une optique de préservation du territoire. «Les citoyens sont ici pour la nature, explique Louis Villeneuve. Il nous faut des revenus pour conserver et pérenniser notre poule aux œufs d’or. Et je crois que ça passe par l’essor du secteur industriel et l’implantation d’une zone d’innovation dans notre parc scientifique.»

Dans tous les cas, ces nouvelles zones officielles amèneront à leurs villes un rayonnement qui dépasse les frontières. «Nous sommes en pourparlers avec firmes américaines qui veulent venir s’installer ici, confirme Normand Bourbonnais. Elles aiment notre esprit collaboratif et le transfert de connaissances possible avec les réseaux académiques.»

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