PME, vous manquez de maturité numérique

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Novembre 2021

PME, vous manquez de maturité numérique

Offert par Les Affaires


Édition du 24 Novembre 2021

Par Catherine Charron

Trois solutions à ce retard 

Que doivent donc faire les PME pour court-circuiter la tendance et améliorer leur score l’an prochain? Les Affaires a posé la question à deux expertes afin que vous puissiez réellement faire preuve de maturité numérique là où de nombreuses entreprises peinent le plus à y arriver selon le rapport.

 

Conseil no1 : automatisez vos courriels

La quantité faramineuse de données collectées par les PME permettent aujourd’hui aux outils technologiques de mieux cibler l’auditoire de celles-ci et d’automatiser davantage leurs interactions avec leur clientèle. Pourtant, il semble que peu de répondants ont adopté cette pratique.

«L’activation contextuelle des interactions basées sur un événement déclencheur lié au client ou d’un comportement en temps réel est l’un des aspects les plus négligés du continuum numérique, quelle que soit la taille de l’entreprise», fait-on remarquer dans le rapport.

De plus, seulement 26 % des PME sondées usent du ciblage dynamique de l’audience pour envoyer des messages adaptés selon les informations du consommateur et son utilisation avec une plateforme.

«Lorsqu’un internaute passe par un formulaire sur son site web, l’entreprise sait comment lui répondre, mais pas toujours de façon automatisée. Dans un contexte où on manque de temps, il est d’autant plus important de faire ce travail», assure Émilie Poirier.

Certes, l’automatisation de certaines des facettes de votre stratégie marketing peut sembler être une tâche titanesque, d’autant que les possibilités sont multiples. Négociez alors ce virage étape par étape et consacrez-y les ressources nécessaires, internes ou externes, conseille Sophie Girouard.

Tout comme Émilie Poirier, Sophie Girouard recommande d’automatiser la gestion de vos courriels d’abord. «On peut passer par des plateformes d’automatisation, comme Mailchimp, ActiveCampaign ou Omnisend, qui sont plus faciles d’utilisation et qui ont des coûts moindres», suggère-t-elle.

 

Conseil no 2: personnalisez pour économiser

La personnalisation est l’une des pierres angulaires pour bonifier l’expérience du client. Pourtant, les auteurs de l’étude ont été surpris de constater que les deux tiers des PME sondées se fient uniquement à des données sociodémographiques pour s’adresser à leur audience.

«Ce sont de pratiques vieilles d’une quinzaine d’années. Aujourd’hui, on devrait personnaliser en fonction du dernier achat, du comportement qu’on a eu sur le site», s’étonne Éric Azara, car l’expérience du consommateur est aussi affectée par le contexte et le moment choisi pour acheminer l’information.

Ça devrait même commencer bien avant qu’un internaute ne souhaite se procurer le bien ou le service d’une PME, grâce au contenu de marque qu’elle produit. «Les gens veulent connaître une enseigne à leur rythme, et la contacter lorsqu’ils sont prêts», laisse entendre Sophie Girouard.

Ces textes ou vidéos informatifs «demeurent de la publicité, mais ça amène le consommateur à s’y intéresser, et ça donne aussi du contenu au site web, ce qui ajoute du référencement organique», fait remarque Émilie Poirier. D’une pierre deux coups qui devraient davantage se répercuter dans la stratégie numérique des PME au cours de la prochaine année.

Une expérience agréable obtenue en consultant du contenu de marque adapté créera un lien qui, plus il est solide, plus il générera de ventes et, ultimement, de nouveaux ambassadeurs pour votre entreprise.

«Longtemps, les PME ont eu peur de donner la parole aux clients, car ils ne savaient pas comment gérer les voix qui n’étaient pas positives. Si c’est négatif, on doit simplement en prendre compte et satisfaire la demande», conseille le président de Varibase.

Cette «cocréation» dont il est question dans le rapport, en impliquant «la clientèle dans la création et la distribution du contenu numérique pour faire grandir la marque», vous permettra ainsi d’éviter d’ajouter une publicité de plus au Web qui semble déjà trop rempli aux yeux des consommateurs, souligne la présidente de MixoWeb.

 

Conseil no 3: bouleversez vos mesures

La disparition des témoins tiers, ces outils de suivi du comportement des consommateurs sur les sites web, comme Facebook ou Google, créera une onde de choc dans les stratégies marketing des PME en 2022.

Flairant la tendance, elles seront seulement 21 % à encore s’appuyer là-dessus l’an prochain. Et ce sont surtout les grandes entreprises, moins agiles, qui composeront ces rangs.

Certaines amélioreront leurs outils de gestion de la relation client (customer relationship management), communément appelés CRM, alors que d’autres deviendront propriétaires de leurs propres témoins. Ils suivront ainsi les visiteurs, peu importe le canal choisi.

Sophie Girouard croit qu’à long terme, ce bouleversement sera plus rentable pour les PME qui devront par elles-mêmes récolter des informations plus précises et qualifiées, qui nécessitent un temps de traitement moins long et génèrent des résultats conséquents, pour fidéliser leurs acheteurs et adopter des stratégies marketing plus avancées.

Si elle voit aussi d’un bon œil les bases de données mieux garnies, Émilie Poirier recommande tout de même de miser sur des technologies de CRM plus développées. «Ça permettra d’outiller l’équipe des ventes de A à Z, d’automatiser un paquet d’action marketing, de faire le suivi de tout le pipeline de développement à l’interne pour comprendre où se trouve quel client», énumère-t-elle.

Il est donc urgent, selon les spécialistes qui ont contribué à ce rapport, que les PME du Québec usent d’outils plus récents pour faire rayonner leur marketing numérique. Bien qu’elles soient ambitieuses, ces dernières ne semblent pas anticiper l’ampleur de la tâche qui les attend afin d’adopter des techniques dignes de 2022.

D’autant qu’«elles devront rapidement trouver l’expertise et l’expérience nécessaires à la mise en œuvre de leurs chantiers numériques afin d’assurer leur place future sur l’échiquier québécois», met-on en garde. Tout un défi pour une industrie confrontée à un manque de personnel, souligne Émilie Poirier.

 

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