Pénurie de main-d'oeuvre: la deuxième vague

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Mars 2021

Pénurie de main-d'oeuvre: la deuxième vague

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Mars 2021

Par Pierre Cléroux

(Photo: 123RF)

SIGNAUX FORTS. Le début de la campagne de vaccination de masse ravive l’espoir d’un retour à une vie plus normale. Elle laisse entrevoir des jours meilleurs pour bon nombre d’entreprises qui, encore à ce jour, ne peuvent rouvrir leurs portes. Plusieurs dirigeants devront toutefois affronter un autre défi d’importance qu’ils connaissent déjà trop bien: la pénurie de travailleurs.

Outre les séquelles financières causées par la pandémie, qui a forcé des centaines d’entreprises à cesser leurs activités de façon temporaire ou permanente, ces dernières auront encore du mal à recruter la main-d’oeuvre nécessaire à leur croissance, voire à leur redémarrage.

Rappelons-nous, il y a plus d’un an. En février 2020, le taux de chômage au Québec était à seulement 4,5 %, soit le plus faible taux enregistré en plus de 40 ans, et la province affichait du même coup des niveaux records de plus de 120 000 postes vacants. Bref, les travailleurs se faisaient rares et le manque de main-d’oeuvre freinait l’expansion d’un nombre élevé d’entreprises qui devaient entre autres refuser des commandes, retarder des livraisons ou encore offrir des produits et des services de moindre qualité. Certains restaurants, au cours de la saison touristique, étaient même dans l’obligation de fermer quelques jours par semaine.

Cette situation va malheureusement resurgir au cours des prochains mois et va même s’accentuer au cours de la prochaine décennie. Déjà, plus des deux tiers (67 %) des PME indiquent avoir des problèmes de recrutement, indique un sondage réalisé en décembre dernier par la Banque de développement du Canada (BDC). Un pourcentage équivalent aux résultats d’enquêtes menées avant la crise de la COVID-19. Pourtant, le taux de chômage a grimpé et se situait à 8,8 % en janvier dernier. On pourrait donc se surprendre d’être actuellement confronté à ce problème de pénurie. Il est vrai qu’un grand nombre de chômeurs provient des secteurs du commerce de détail, de la restauration, de l’hébergement ou encore du divertissement qui, pour plusieurs, sont encore fermés. Et que certains travailleurs, pour diverses raisons, préfèrent encore rester à la maison.

N’empêche, les dirigeants d’entreprises devront à nouveau se montrer créatifs pour trouver des travailleurs et rester concurrentiels. En effet, le problème de vieillissement de la population n’est évidemment pas résolu et le départ à la retraite toujours massif des baby-boomers aggrave la situation. Le marché de l’emploi progresse d’ailleurs beaucoup plus rapidement que la population québécoise âgée de 15 à 65 ans qui stagne depuis une dizaine d’années, comme le montre le graphique.

L’adoption de nouvelles technologies et l’automatisation des processus de production et même de gestion sont devenues incontournables et l’une des solutions au manque de travailleurs. Plusieurs entreprises ont aussi eu recours à l’immigration ces dernières années, allant même jusqu’à participer à des missions de recrutement à l’étranger. Mais, pandémie oblige, cette solution reste limitée à court et à moyen terme. Il y a toutefois, ici même au Québec, un grand nombre d’immigrants dont le taux de chômage est très élevé et dont les entreprises se privent pour combler leur manque de travailleurs.

Les entreprises peuvent également puiser dans d’autres bassins de main-d’oeuvre sousutilisée, comme les travailleurs de plus de 60 ans, ou encore les plus jeunes. Il en va de même des personnes ayant des limitations physiques, une déficience intellectuelle ou encore un trouble de santé mentale, mais qui sont aptes à travailler. Dans tous les cas, les entreprises qui ont toujours fait du marketing pour vendre leurs produits ou services devront aussi mousser leur propre notoriété et faire figure de bon employeur pour faciliter le recrutement et la rétention d’employés.

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