Le devoir de Noël

Offert par Les Affaires


Édition du 09 Décembre 2020

Le devoir de Noël

Offert par Les Affaires


Édition du 09 Décembre 2020

Par Ianik Marcil

«Plusieurs privilégiés d’entre nous n’avons pas idée du fossé qui s’est à nouveau creusé entre les plus précaires de notre société et ­nous-mêmes.» (Photo: 123RF)

SIGNAUX FORTS. La pandémie a permis à nombre d’entre nous de comprendre à quel point nous sommes privilégiés. Aller au restaurant ou dans les commerces sans entrave, se déplacer sur le territoire ou voyager à l’étranger sans soucis, voir nos proches quand bon nous semble. Bref, agir selon notre volonté individuelle librement, dans le respect des lois et du civisme, comme de raison. Libres et égaux dans nos interactions économiques. Mais la pandémie aura restreint en partie ces dernières ; nous avons l’impression d’avoir perdu une partie de cette liberté et de cet accès égal à un grand nombre de ces interactions.

Par contre, cette pandémie a révélé également à quel point nous ne sommes pas tous à égalité par rapport à ces événements inédits. Comme le disait l’humoriste français ­Coluche, nous naissons égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres.

Certes, il serait plus prudent de ne pas faire un gros « party » de ­Noël où seraient présents vos ­grands-parents. C’est triste, bien sûr. Et ce sera très difficile pour plusieurs d’entre nous. Ne pas voir ­grand-maman qui a eu 94 ans et dont c’est évidemment un des 

derniers ­Noëls. Ne pas pouvoir prendre dans ses bras ses ­petits-enfants ni être en mesure d’offrir en personne ce petit cadeau qu’on aura choisi avec soin. Ces petites entreprises et ces commerces qui ferment les uns après les autres, entraînant des pertes d’emplois. Tout ça n’est pas anodin, mais n’est tout de même pas une catastrophe. À lire les publications sur les réseaux sociaux, on a l’impression que ces contraintes liées au temps des fêtes sont une atteinte fondamentale aux droits et libertés.

Pourtant, c’est l’exact contraire. Ces contraintes suggérées, voire imposées par le gouvernement devraient faire comprendre qu’elles sont faites en tout respect de nos droits et libertés. Qui dit droits et libertés dit nécessairement égalité, puisqu’elles devraient être universelles. Or, la pandémie a fait resurgir des inégalités profondes. Des femmes et des hommes qui bénéficiaient de peu d’espace de parole se sont vu réduire au silence. Pensez aux personnes itinérantes. Les rues vidées, elles n’ont même plus, ou presque, le bénéfice d’interagir avec leurs semblables, ne ­serait-ce que pour leur demander un petit 25¢.

Plusieurs privilégiés d’entre nous n’avons pas idée du fossé qui s’est à nouveau creusé entre les plus précaires de notre société et ­nous-mêmes. La situation actuelle est une occasion en or de secouer un peu nos réflexes et nos idées reçues. Comme homme blanc, hétérosexuel, scolarisé, de la classe moyenne et tout ça, je n’ai aucune idée de ce que représente cette précarité extrême, accentuée par la pandémie. Comme je n’aurai jamais aucune idée de ce que représente être enceinte et accoucher. En revanche, exactement pour cette raison, j’ai le devoir moral de faire preuve d’empathie et d’oublier que mon ­Noël, pour une rare fois, ne sera pas comme les autres. Que des militaires, des médecins, des infirmières, des gardiens de sécurité n’ont jamais de ­Noël normal. C’est notre devoir de prendre ce pas de recul et d’empathie. Notre devoir de ­Noël.


La pandémie a permis à nombre d’entre nous de comprendre à quel point nous sommes privilégiés. Aller au restaurant ou dans les commerces sans entrave, se déplacer sur le territoire ou voyager à l’étranger sans soucis, voir nos proches quand bon nous semble. Bref, agir selon notre volonté individuelle librement, dans le respect des lois et du civisme, comme de raison. Libres et égaux dans nos interactions économiques. Mais la pandémie aura restreint en partie ces dernières ; nous avons l’impression d’avoir perdu une partie de cette liberté et de cet accès égal à un grand nombre de ces interactions.

Par contre, cette pandémie a révélé également à quel point nous ne sommes pas tous à égalité par rapport à ces événements inédits. Comme le disait l’humoriste français ­Coluche, nous naissons égaux, mais certains sont plus égaux que d’autres.

Certes, il serait plus prudent de ne pas faire un gros « party » de ­Noël où seraient présents vos ­grands-parents. C’est triste, bien sûr. Et ce sera très difficile pour plusieurs d’entre nous. Ne pas voir ­grand-maman qui a eu 94 ans et dont c’est évidemment un des 
derniers ­Noëls. Ne pas pouvoir prendre dans ses bras ses ­petits-enfants ni être en mesure d’offrir en personne ce petit cadeau qu’on aura choisi avec soin. Ces petites entreprises et ces commerces qui ferment les uns après les autres, entraînant des pertes d’emplois. Tout ça n’est pas anodin, mais n’est tout de même pas une catastrophe. À lire les publications sur les réseaux sociaux, on a l’impression que ces contraintes liées au temps des fêtes sont une atteinte fondamentale aux droits et libertés.
Pourtant, c’est l’exact contraire. Ces contraintes suggérées, voire imposées par le gouvernement devraient faire comprendre qu’elles sont faites en tout respect de nos droits et libertés. Qui dit droits et libertés dit nécessairement égalité, puisqu’elles devraient être universelles. Or, la pandémie a fait resurgir des inégalités profondes. Des femmes et des hommes qui bénéficiaient de peu d’espace de parole se sont vu réduire au silence. Pensez aux personnes itinérantes. Les rues vidées, elles n’ont même plus, ou presque, le bénéfice d’interagir avec leurs semblables, ne ­serait-ce que pour leur demander un petit 25¢.
Plusieurs privilégiés d’entre nous n’avons pas idée du fossé qui s’est à nouveau creusé entre les plus précaires de notre société et ­nous-mêmes. La situation actuelle est une occasion en or de secouer un peu nos réflexes et nos idées reçues. Comme homme blanc, hétérosexuel, scolarisé, de la classe moyenne et tout ça, je n’ai aucune idée de ce que représente cette précarité extrême, accentuée par la pandémie. Comme je n’aurai jamais aucune idée de ce que représente être enceinte et accoucher. En revanche, exactement pour cette raison, j’ai le devoir moral de faire preuve d’empathie et d’oublier que mon ­Noël, pour une rare fois, ne sera pas comme les autres. Que des militaires, des médecins, des infirmières, des gardiens de sécurité n’ont jamais de ­Noël normal. C’est notre devoir de prendre ce pas de recul et d’empathie. Notre devoir de ­Noël.

 

 

EXPERT INVITÉ
Ianik Marcil est économiste, auteur, chroniqueur, conférencier et éditeur.

 

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