Assureurs avertisseurs d'incendie?


Édition du 12 Février 2020

Assureurs avertisseurs d'incendie?


Édition du 12 Février 2020

Par Ianik Marcil

C'est la survie du système économique mondial qui est en jeu et les assureurs ont tout à perdre. (Photo: Getty Images)

SIGNAUX FORTS. Oubliez Greta Thunberg. Ce n'est ni elle, ni Greenpeace, ni aucun gouvernement au monde qui contrecarreront les dérèglements climatiques et sauveront la planète. Ce sont les compagnies d'assurance.

En analyse du risque d'un phénomène, on croise deux évaluations : sa probabilité et l'ampleur de ses impacts. Si les deux indicateurs sont élevés, on se doit d'agir avec diligence.

Or, depuis une bonne dizaine d'années, le FMI, la Banque mondiale, l'OCDE et le Forum de Davos ont tous quatre évalué que les changements climatiques constituaient à la fois un risque hautement probable et potentiellement très dommageable pour la sécurité géopolitique et la stabilité économique mondiales. Ces institutions, qui ne sont pas reconnues pour être particulièrement écologistes ni révolutionnaires appellent ainsi, année après année, les entreprises privées, les États et la société civile à agir promptement et avec force. Le réassureur Swiss Re a estimé en décembre dernier que les catastrophes naturelles avaient coûté 140 milliards américains de pertes économiques en 2019. Ces catastrophes ne sont pas toutes causées par les changements climatiques, bien sûr. Cependant, dans une copieuse étude de risque publiée en janvier en vue du Forum de Davos, l'Institut McKinsey estime qu'elles constitueront les plus importantes et coûteuses conséquences, à court terme, des dérèglements du climat.

Le mot « court terme » a ici une importance capitale : on ne parle plus de la fin du siècle ou de 2050, mais d'un horizon de moins de cinq ans. En fait, on est en plein dedans. Ça se vérifie à l'échelle locale. Les inondations se multiplient au pays, vraisemblablement de plus en plus causées par le réchauffement planétaire, ce qui préoccupe le Bureau d'assurance du Canada et les assureurs privés. Les assureurs et les réassureurs sont aux premières loges pour connaître l'ampleur des dégâts à venir et, éventuellement, payer la facture. Il y a fort à parier qu'ils investissent énormément d'énergie dans les officines des grandes institutions internationales afin de les forcer à appliquer une pression politique sur les gouvernements, comme en font foi les innombrables rapports du FMI et autres Forum de Davos.

Il faut garder à l'esprit que ces entreprises ne sont pas des acteurs économiques comme les autres ; elles sont au coeur du système économique mondial, voire les fondations. La production des biens et des services a besoin à tout instant du système bancaire et financier, lui-même basé en très large partie sur l'industrie de l'assurance. En l'absence de ce complexe système d'assurance, aucune activité économique ne tiendrait le coup longtemps.

C'est donc la survie du système économique mondial qui est en jeu et les assureurs ont tout à perdre. Leurs cris d'alarme ne sont évidemment pas motivés par un écologisme romantique, mais bien plus par un pragmatisme d'affaires, à assurer leur survie à long terme. Les gouvernements n'ont le nez que sur leur prochain mandat, et un trop grand nombre d'entreprises, sur le prochain trimestre. Les assureurs comprennent l'urgence du long terme devant laquelle nous nous trouvons. Elles sont peut-être notre seule chance de sauver la planète en faisant pression sur les détenteurs de pouvoir.

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