Innover pour dénouer les nœuds


Édition du 18 Janvier 2023

Innover pour dénouer les nœuds


Édition du 18 Janvier 2023

En collaboration avec CargoM, Termont, MGTP, Scale AI et Ivado Labs, le Port de Montréal a développé l’application CargO2ai. (Photo: 123RF)

SECTEUR MARITIME. La pandémie s’estompe, mais les ennuis de logistique persistent. Certes, la situation s’améliore, mais divers problèmes demeurent présents tels que ceux de la main-d’œuvre et de l’entreposage. Pour être plus efficaces dans leurs opérations, les entreprises du secteur ont trouvé une solution: l’innovation. 

« C’est sûr que la situation s’est améliorée par rapport à l’an dernier. Mais il reste encore de gros nuages gris à l’horizon », dit Mathieu Charbonneau, directeur général de CargoM, la grappe des acteurs de la logistique du Grand Montréal. 

L’entreposage, par exemple, continue de poser un défi. Mathieu Charbonneau explique que de nombreuses entreprises accumulent des marchandises en fonction de leurs besoins à moyen ou à long terme. L’idée est d’éviter de se faire prendre au dépourvu comme cela a été le cas, lors de la pandémie, lorsque des bris de chaîne logistique se sont produits. 

Or, cette demande plus élevée qu’à l’habitude impose une pression sur l’ensemble de la chaîne, incluant le secteur maritime. Cela peut signifier, par exemple, qu’un port ne peut pas sortir l’ensemble des conteneurs déchargés des bateaux, explique le directeur général. Ils s’accumulent alors dans ses installations, engendrant ainsi un manque d’espace et une fluidité réduite.

Le manque de main-d’œuvre, principalement au sol, dans les domaines du transport et de l’entreposage, est un autre défi de la chaîne logistique dont les contrecoups se font sentir dans le secteur maritime. « Les enjeux vécus depuis deux ans ont ramené le sujet de la logistique sur la table. C’est une bonne chose. Il faut notamment mettre à jour nos infrastructures portuaires », dit Mathieu Charbonneau. Mais d’ici là, le secteur reste sur ses gardes. « Il y a une précarité, une fragilité dans la chaîne, actuellement, note le directeur général. S’il y a d’autres problèmes, ça va être difficile à absorber. »

 

Une application pour prioriser 

Quand la pandémie a frappé, le Port de Montréal a réagi rapidement. En collaboration avec CargoM, Termont, MGTP, Scale AI et Ivado Labs, il a développé l’application CargO2ai. Celle-ci permettait de parcourir numériquement le contenu des navires avant leur arrivée pour aider à déterminer quels conteneurs transportaient des marchandises médicales nécessaires au combat contre la COVID. « On pouvait ainsi prioriser ces conteneurs de sorte à les livrer plus rapidement », explique Daniel Olivier, directeur de la veille stratégique et de l’innovation à l’Administration portuaire de Montréal. « On parle d’environ 2 % des conteneurs à bord des navires, soit de 20 à 50 conteneurs sur un navire typique. » 

À ce jour, 9300 conteneurs ont été ainsi priorisés. Cependant, avec la pandémie qui se termine, l’organisation aimerait trouver d’autres usages pour son outil. 

La première utilisation envisagée aurait trait aux matières dangereuses. « On pourrait valider la présence de matières dangereuses sur un navire avant son arrivée, ce qui permettrait d’accélérer le transfert d’information aux instances compétentes », dit Daniel Olivier. 

D’autres utilisations sont également envisageables. L’application pourrait par exemple servir à prioriser, moyennant des frais, les conteneurs d’un client ou d’un autre. La question de la monétisation d’un tel service reste toutefois compliquée.

Enfin, l’application pourrait servir à prioriser l’acheminement de marchandises liées à des projets d’infrastructures stratégiques, une utilisation innovatrice dans la chaîne logistique. « L’outil a un beau potentiel, reconnaît Daniel Olivier. On va donc essayer de lui donner une deuxième vie. »

 

Mieux planifier grâce à l’IA 

CSL, un transporteur maritime basé à Montréal, travaille depuis cinq ans à développer diverses applications lui permettant de mieux optimiser ses opérations logistiques. L’un de ces outils est son système de planification intelligent. « Au Canada, on a 17 navires qui opèrent avant un grand nombre de contraintes : les marées, le niveau de l’eau, les obligations contractuelles avec les clients, et la configuration du navire lui-même, puisqu’ils sont tous uniques, notamment sur le plan de la capacité de chargement », dit Nathalie Sykora, cheffe des opérations mondiales.

Elle explique que le système permet, grâce à l’intelligence artificielle, de déterminer quel navire utiliser pour chaque contrat, et ce, de façon optimale. « On peut donc opérer de façon beaucoup plus efficace, ce qui implique des économies de carburant et réduit le nombre de jours où nos navires opèrent sans cargaison, dit Nathalie Sykora. Ce qui produit des bénéfices environnementaux et financiers. »

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