La fin du tabou sur la santé psychologique au travail

Offert par les affaires.com

Publié le 18/11/2021 à 09:44

La fin du tabou sur la santé psychologique au travail

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Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec (CRHA) (Photo: courtoisie)

SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES PME. « L’industrie des communications est malade ». Jonathan Nicolas, fondateur de l’agence montréalaise en marketing numérique Glo, a ainsi pointé du doigt le problème grandissant de la santé mentale de son secteur dans une tribune publiée le 12 octobre dernier sur le site de Les Affaires, qui a beaucoup fait réagir. Symbole supplémentaire que le tabou entourant ce sujet est en train de voler en éclat. 

« La pandémie aura au moins eu le mérite de démystifier ce problème afin de pouvoir en parler plus ouvertement », constate Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec (CRHA). « On voit de plus en plus de gestionnaires et de dirigeants qui deviennent attentifs à l’état d’esprit de leurs employés », confirme Alain Ponsard, conférencier, formateur et coach en santé et sécurité au travail (SST). 

Preuve marquante s’il en est : le projet de loi 59 de modernisation du régime de SST, adopté le 30 septembre dernier à l’Assemblée nationale, inclut désormais la dimension psychologique. Le trouble du stress post-traumatique a entre autres étés ajouté à la liste des maladies présumées professionnelles. 

Du côté de la prévention, le changement est encore plus majeur, avec l’introduction de la notion d’intégrité psychique du travailleur à prendre en compte par les employeurs. « C’est une petite révolution ; on ne vient pas de tourner une page, mais de changer de tome », se réjouit Marcel Curodeau, président de la firme de consultation en SST Medial Services-Conseils.

 

Les risques psychosociaux en ligne de mire

« On sait depuis des années que la santé psychologique fait partie des préoccupations des individus, observe Manon Poirier. Toutefois, il va falloir un peu d’explications, car “intégrité psychique” n’est pas une expression fréquemment utilisée. »

Si cette notion avait à l’origine pour vocation de prévenir les problèmes de violences et de harcèlement en milieu de travail, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a explicitement fait référence aux risques psychosociaux en commission parlementaire. 

Ce qui donne une tout autre ampleur à l’intégrité psychique. L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) a en effet identifié de nombreux risques psychosociaux, dont la charge de travail, l’autonomie décisionnelle, la reconnaissance, le soutien social du supérieur et des collègues ou encore le harcèlement psychologique. Autant de dimensions auxquelles les employeurs devront désormais réfléchir. « C’est une façon de mieux refléter les enjeux de notre économie actuelle, beaucoup plus basée sur les activités tertiaires », contextualise Marcel Curodeau. 

Un grand défi pour Manon Poirier, car on s’attaque notamment ici aux pratiques de gestion. « C’est une chose pour les entreprises de faire le tour de leurs installations pour déceler visuellement les risques physiques, comme un fil qui pend ou un produit toxique, note la directrice de l’Ordre des CRHA. Mais c’est bien plus complexe de mesurer des risques psychiques qui sont, par nature, intangibles. » À son avis, les outils et recommandations devront se baser sur la science pour que cette mesure soit efficace. « Sinon, on risque de se retrouver avec des actions de prévention cosmétiques qui n’ont aucun impact sur la santé psychologique, comme les cours de yoga sur l’heure du midi », avertit-elle.

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