Neuf solutions pour surmonter la rareté de main-d’oeuvre

Publié le 03/11/2022 à 09:00

Neuf solutions pour surmonter la rareté de main-d’oeuvre

Publié le 03/11/2022 à 09:00

En 2021, près de 20% des Québécois étaient analphabètes et près de 15% éprouvaient de graves difficultés à lire et écrire. (Photo: 123RF)

BLOGUE INVITÉ. Si vous pensiez ne plus entendre parler de pénurie de main-d'œuvre, c’est raté! La chute de l’indice de remplacement de la main-d'œuvre se poursuivra jusqu’en 2030, avant de se stabiliser vers l’équilibre autour de 2035.

Pour pallier cette rareté de main-d'œuvre et éviter de frapper le mur, je vous propose neuf pistes de solutions. Je pense qu’il est important de distinguer les mesures en fonction de leur impact dans le temps.

 

Solutions à court terme

1. L’immigration économique

Vous vous doutez que l’immigration économique, en plus de fournir des personnes qui répondent spécifiquement à des besoins, est une solution à court terme qui a du sens.

 

2. Le retour ou maintien des personnes âgées au travail

Nos aînés ont énormément donné pendant leur carrière. Il existe toutefois plusieurs mesures qui permettraient de ne pas se priver de leur riche expérience, sans pour autant qu’ils reviennent à temps plein.

Que ce soit par mesures fiscales incitatives ou tout simplement par des mandats adaptés à l’horaire qui leur conviendrait le mieux, différentes options s’offrent à nous.

 

3. Les étudiants

Ils sont une force à ne pas négliger non plus! Il faudrait pour cela dépoussiérer des programmes figés dans le temps.

Ajouter un volet pratique en lieu et place de cours à option dans l’enseignement supérieur serait par exemple une solution intéressante. En plus de donner un coup de pouce aux employeurs, cela serait un moyen intéressant pour les étudiants de mettre en œuvre et d’actualiser les connaissances acquises jusqu’à l’obtention de leur diplôme.

 

Solutions à moyen terme

4. Les clientèles éloignées

Ils font aussi partie de la solution!

Que ce soient les jeunes ni en emploi, ni aux études, ni en formation (NEEF), les personnes handicapées ou tout autre groupe dont le taux d’emploi est inférieur à la moyenne, la pénurie est une occasion extraordinaire à exploiter afin d’avoir une société plus équitable grâce à l’insertion de ceux-ci dans le marché du travail.

 

5. L’optimisation du secteur public

En juin 2022, il y avait 4 357 000 travailleurs au Québec, selon l’Institut de la statistique. Or, selon la Fédération canadienne des contribuables, le Québec comptait 546 939 fonctionnaires en mars 2022. C'est 33% plus de fonctionnaires per capita que les autres provinces pour seulement un ministère en plus.

Il serait bon de se poser la question: pourquoi?

Dans un contexte de rareté, il faut penser que chaque nouvel emploi public – et ils sont en croissance – a un impact sur le secteur le privé.

Or, sans croissance dans privé, soutenir notre modèle social devient impossible.

Tous les secteurs doivent être optimisés en termes de productivité et de ressources humaines. Le secteur public ne doit pas y échapper.

 

6. La transition technologique

Revoir un modèle d’affaires ou optimiser des processus n’est pas une mince affaire! Adapter nos institutions et nos entreprises aux changements technologiques, alors même que nous avons un retard dans le domaine est clairement un défi de taille!

Beaucoup d'investissements et d'aides gouvernementales sont prévus. Toutefois les changements sont lents et plusieurs entrepreneurs débordés – notamment en raison de la pénurie de main d’œuvre – ne s’engagent pas dans le virage technologique.

Espérons que les investissements annoncés par le gouvernement du Québec ainsi que le gouvernement du Canada seront suffisants pour créer une vague de changement.

 

7. Les investissements en productivité

Assistons-nous à un point tournant?

Alors que le Québec était bon dernier en investissements en innovation de productivité parmi les pays de l’Organisation de coopération et de développements économiques (OCDE), les deux dernières années ont vu un boom pour rattraper notre retard.

Cette tendance doit impérativement être maintenue pour espérer rester compétitifs à long terme.

 

Solutions à long terme

8- La littératie et la numératie

Selon la Fondation de l’alphabétisation, en 2021, près de 20% des Québécois étaient analphabètes et près de 15% éprouvaient de graves difficultés à lire et écrire.

Dans un contexte où la technologie prend toujours plus de place, comment voulez-vous combler des emplois qui demandent toujours plus de connaissances avec des personnes qui ne savent pas lire ou compter?

 

9. L’importance d’avoir une vision à long terme

On ne peut pas nous dire que l’on ne pouvait pas prévoir la pénurie de main-d'œuvre, alors que le taux de fécondité avait chuté brutalement et que l’on connaissait l’horizon de départ à la retraite des baby-boomers.

De la même manière, alors que nous voulons développer les régions, nous n’avons pas assez de logements pour héberger les travailleurs souhaités. Faute de solutions, nous risquons de manquer l’occasion de réindustrialiser le Québec et forcer de nouvelles délocalisations.

Alors que nous devons faire face à ce défi sans précédent, les solutions apportées ne devront donc pas nous faire oublier que d’autres enjeux verront le jour. Espérons que nous saurons être prévoyants.

Les immenses défis d’aujourd’hui ne devront pas nous faire perdre de vue ceux de demain.

À propos de ce blogue

Passionné d’économie et de philosophie politique, Pierre Graff évolue depuis 10 ans dans le monde des affaires. Il se questionne sur les enjeux politico-économiques au Québec et au Canada, et plus particulièrement ce qui affecte les jeunes gens d’affaires et les générations à venir. Il est actuellement PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ).

Pierre Graff

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