Les technologies poussent les experts à être plus efficaces


Édition du 08 Décembre 2018

Les technologies poussent les experts à être plus efficaces


Édition du 08 Décembre 2018

« Nous investissons déjà massivement dans les technologies de chaîne de blocs et d’intelligence artificielle et cela libérera nos experts pour effectuer des tâches plus rentables. » – Emilio ­Imbriglio, président et chef de la direction de ­Raymond ­Chabot ­Grant ­Thornton

L'avènement de nouvelles technologies comme l'intelligence artificielle et les chaînes de blocs change profondément la profession de comptable. Les cabinets s'efforcent de rester au-devant de ces nouvelles tendances, pendant que l'Ordre des CPA cherche à s'y adapter.

La révolution technologique qui s'opère dans l'ensemble des industries affecte les cabinets comptables de deux manières. «Elle bouleverse et transforme nos clients et nous devons les épauler sur ce plan, mais elle change aussi profondément nos manières de travailler à l'interne», explique Nochane Rousseau, associé directeur, Grand Montréal de PwC Canada.

Pour répondre à ce double défi, PwC s'est récemment doté d'un chef de l'innovation au Canada, Chris Dulny, et d'une leader de l'innovation pour le Québec, Christine Pouliot. Chaque fois qu'il offre un service ou une solution à un client, le cabinet s'efforce d'y maximiser la composante technologique et innovante. Forcément, cela change aussi le rôle des comptables de la firme.

«L'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique réussissent très bien à automatiser les tâches répétitives comme l'analyse de documents volumineux et permettent d'améliorer grandement l'efficacité d'autres opérations, comme les certifications», poursuit M. Rousseau.

De fait, alors qu'auparavant, une certification se faisait sur la base d'échantillons, les robots utilisés maintenant peuvent vérifier l'ensemble des données d'une entreprise très rapidement. Les certifications peuvent aussi se faire en temps réel, plutôt que quelques mois après la fin d'une année fiscale. PwC a d'ailleurs remporté le prix de l'innovation de l'année en audit deux ans de suite en 2016 et 2017, notamment pour la solution GL.ai. Cette technologie radiographie une entreprise, analyse des milliards de données en quelques secondes et détecte les anomalies ou activités comptables inhabituelles.

Un travail plus stimulant

Dans un tel contexte, le rôle des comptables consiste à tisser les bons liens, à bien analyser les résultats de ces audits pour détecter les risques, à prendre de bonnes décisions et à innover. Pour cela, ils doivent bien connaître le client et l'industrie dans laquelle il évolue. D'autant que cette avalanche de données pourra éventuellement déboucher sur le développement de modèles prédictifs dont pourront se servir les entreprises, un peu à la manière d'un Uber qui utilise ses données pour prédire l'offre et la demande et fixer les prix.

Le comptable devient donc davantage un conseiller d'affaires de l'entreprise. Si les compétences techniques restent importantes, les habiletés comme la gestion de projet, l'esprit d'équipe et les qualités relationnelles prennent de plus en plus de place. «Ce sont des défis beaucoup plus stimulants pour les CPA, qui s'y adaptent par ailleurs très bien, avance Sonia Boisvert, associée, responsable du groupe certification de PwC au Québec. Ils sont habitués de négocier avec des environnements complexes.»

L'enjeu, selon elle, demeure la vitesse à laquelle surviennent les changements depuis quelques années. Cela exige des efforts sur le plan de la formation continue des CPA, même ceux qui arrivent directement de l'université et qui ont grandi dans un univers technologique. Encore ici, la technologie pourrait rendre de fiers services. M. Rousseau mentionne la réalité virtuelle, qui pourra être mise à profit pour soumettre les CPA à des mises en situation complexes et réalistes.

Devancer les changements

De son côté, Emilio Imbriglio, président et chef de la direction de Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), se réjouit grandement de l'évolution du rôle du CPA qui résulte de l'automatisation des tâches plus routinières. «Cela nous permet de nous consacrer à ce que nous faisons de mieux, soit devenir des conseillers de haut niveau pour appuyer des décisions stratégiques cruciales telles le choix de nouveaux marchés, les stratégies d'exportation, la sélection des fournisseurs, l'intelligence d'affaires, les partenariats ou acquisitions, etc.», dit-il.

Le 31 octobre dernier, dans la revue Accounting Today, David Yermack, professeur de l'Université de New York, prédisait ni plus ni moins la mort de la certification au cours de la prochaine décennie. La cause du décès ? Les registres électroniques de type chaîne de blocs et l'intelligence artificielle qui, selon lui, rendront à peu près impossible la fraude. Le succès d'un cabinet dans ce domaine viendra donc de la qualité et de la rapidité des logiciels, plutôt que des comptables.

«Tant mieux, nous sommes prêts pour ça, nous investissons déjà massivement dans les technologies de chaîne de blocs et d'intelligence artificielle et cela libérera nos experts pour effectuer des tâches plus rentables», répond M. Imbriglio. La firme a d'ailleurs ajouté, en 2016, un membre externe à son conseil d'associés, un fait très rare dans les cabinets canadiens. Il s'agit de Louis-Philippe Maurice, fondateur de Busbud, dont le rôle est de mettre la firme au défi d'innover dans ses processus. RCGT a aussi embauché Michel Besner pour diriger le centre d'expertise en chaîne de blocs Catallaxy, lancée en juillet 2017.

«Tout cela montre bien notre volonté d'innover et d'être ouvert à l'égard des changements qui marquent notre profession», conclut M. Imbriglio.

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