Comment les robots rendent les entreprises plus efficaces


Édition du 25 Mai 2022

Comment les robots rendent les entreprises plus efficaces


Édition du 25 Mai 2022

Par François Normand

Cuisi-n-art, une PME de Gatineau qui fabrique des armoires de cuisines et des meubles de salle de bain, a notamment acquis une machine presse-tiroir pour automatiser l’assemblage de cette partie des meubles. (Photo: 123RF)

PRODUCTION MANUFACTURIÈRE. Croissance de la production, augmentation de l’efficacité, nouvelles occasions d’affaires… L’adoption de robots apporte de nombreux gains aux entreprises manufacturières, et c’est la raison pour laquelle elles sont de plus en plus nombreuses à automatiser leur processus.

«De 2016 à 2021, les dépenses en immobilisation non résidentielle, incluant les robots, ont augmenté de 22% au Québec», affirme Lyne Dubois, vice-présidente du Centre de recherche industriel du Québec (CRIQ) d’Investissement Québec.

Malgré tout, le Canada affiche un certain retard par rapport aux principaux pays industrialisés. Selon les données les plus récentes de Statistique Canada, le pays se classait en 2016 au 13e rang mondial pour la densité de robots, avec 145 machines en service pour 10 000 employés. La Corée du Sud arrivait au 1er rang (631 robots), tandis que les États-Unis se classaient au 7e rang (189).

Toutefois, le Canada pourrait bien grimper dans ce classement, du moins si l’on se fie à la variété d’entreprises manufacturières qui automatisent actuellement leur processus de production.

C’est le cas de Verbois, un fabricant de meubles de Rivière-du-Loup, dans le Bas-Saint-Laurent. Entre 2017 et 2021, la PME a investi 1 million de dollars (1 M$) en ce sens.

«On a enlevé en grande partie les tâches monotones, dangereuses et répétitives», explique le directeur des opérations, Étienne Gagnon. L’entreprise, qui affiche un chiffre d’affaires entre 5 M$ et 10 M$, planifie un autre investissement de 1 M$ d’ici 2023.

Les retombées sont concluantes, souligne la directrice générale, Marie-Ève D’Amours. «On a doublé la production de plateaux de table avec la nouvelle machine», illustre-t-elle en précisant que la production totale de la PME augmente en moyenne de 40 à 45% par année depuis trois ans.

Gains annuels d’efficacité de 5%

APN Global, un fabricant de pièces de précision pour les secteurs de l’aérospatiale, de la défense et des hautes technologies basé à Québec, est un autre exemple de PME manufacturière qui tire profit de l’automatisation.

«La part des robots dans l’automatisation de nos chaînes de production est de plus en plus importante», affirme Yves Proteau, coprésident de cette entreprise 4.0 (les machines communiquent entre elles).

Les robots ne sont cependant pas le seul élément d’automatisation chez APN Global.

«Nous avons automatisé la prise de mesure, la planification, le remplissage en huile de nos machines, etc., énumère-t-il. Chaque jour, nous travaillons à rendre notre processus plus efficace. Nous travaillons aussi à automatiser des fonctions comptables, comme l’entrée des factures.»

Des changements qui donnent des résultats intéressants. Chaque année, APN Global fait des gains de productivité d’environ 5%, alors que la moyenne annuelle du secteur manufacturier québécois a été de 0,7% entre 2016 et 2020 (comparativement à 0,2% en Ontario et 0,5% au Canada), selon une récente analyse d’Investissement Québec.

 

Presse-tiroir et empaqueteuse de crabes

Plusieurs autres entreprises québécoises ont enregistré des gains importants après avoir robotisé ou mécanisé leur processus de production. Parmi elles, Cuisi-n-art, une PME de Gatineau qui fabrique des armoires de cuisines et des meubles de salle de bain.

Elle a notamment acquis une machine presse-tiroir pour automatiser l’assemblage de cette partie des meubles. «Cela nous a permis de multiplier par trois la production pour chaque opérateur», calcule la présidente de l’entreprise, Anya Baumberger.

Chaque année, Cuisi-n-art investit de 10% à 15% de son chiffre d’affaires «pour être plus efficace». En 2020, elle a même investi 3 M$ pour construire une usine capable d’accueillir sa nouvelle chaîne de production. Le tout au terme d’un audit 4.0.

«On a fait des recherches actives afin de voir ce qui se faisait ailleurs, notamment dans d’autres pays», raconte Anya Baumberger. Un investissement payant, car il devrait être rentabilisé sur une période de deux à trois ans.

Du côté des Crabiers du Nord, l’investissement total afin de moderniser sa chaîne de production de Portneuf-sur-Mer, sur la Côte-Nord, se chiffre à 3,8 M$ pour la décennie 2012-2022, dont près de 3 M$ depuis 3 ans.

En revanche, la PME n’a pas misé sur robots, mais plutôt sur des systèmes mécanisés, comme une ligne d’empaquetage pour le crabe des neiges ou une fileteuse automatique pour les poissons plats.

Cela dit, les gains d’efficacité sont importants, insiste le consultant Alain Samuel, qui aide les Crabiers du Nord à se moderniser. «On réduit les pertes en raison des mauvaises classifications et nous pouvons réduire le temps de production de 5 à 10%», estime-t-il.

L’automatisation permet aussi de saisir de nouvelles occasions d’affaires, car elle réduit les besoins en main-d’œuvre, souligne le consultant en donnant l’exemple du marché pour le flétan du Groenland, vendu en entier ou en filets.

«Auparavant, on manquait de personnel pour faire des filets, relève-t-il. Aujourd’hui, grâce à la fileteuse automatique, on peut répondre à cette demande, et réaliser des marges plus intéressantes que pour la vente du flétan en entier.»

 


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