Virus 1334, bousculer l’entreprise sans menacer sa survie

Publié le 18/06/2015 à 16:06

Virus 1334, bousculer l’entreprise sans menacer sa survie

Publié le 18/06/2015 à 16:06

Créer une entreprise, Patrice Lagarde connaît bien ça, lui qui avait lancé deux restaurants avant l’âge de 35 ans. Mais quand il a découvert Virus 1334, l’agence de marketing qui cible le marché jeunesse (13-34 ans), il n’a pas hésité à rejoindre ses créateurs puis à racheter la firme pour l’amener ailleurs.

L’occasion était trop belle : « Virus (son nom initial-NDLR) avait un beau modèle d’affaire, un créneau original, une approche rafraîchissante. Ça me parlait comme professionnel de marketing», se souvient Patrice Lagarde, 40 ans, qui a racheté l’agence en 2007. Un an plus tôt, alors qu’il était directeur des ventes chez Astral Media Radio, il avait décidé de rejoindre les trois fondateurs comme associé.

Mais très vite, ses ambitions pour Virus, son désir de structuration et son impératif de rentabilisation de l’entreprise ont mené à des confrontations de vision avec ses partenaires. «Quand je suis arrivé, je ne voulais pas déconstruire ce qui avait été bâti. C’était un très bon concept, les fondateurs de bonnes personnes. J’ai apporté mes idées, mes objectifs. Mais c’était difficile de garder l’équilibre», raconte Patrice Lagarde.

La question s’est alors posée de quitter l’entreprise, qui comptait cinq employés. Il aurait même pu lancer une autre agence à son image. «Dans pareil cas, il faut en effet se demander s’il vaut mieux créer une autre entreprise ou racheter l’existante car les coûts de rachat sont souvent trois à cinq fois le bénéfice avant impôt. Ça peut coûter cher si c’est pour tout refaire», soulève Me François St-Arnaud, avocat spécialisé en transfert d’entreprise.

Remplacement de l’équipe

Patrice Lagarde a préféré racheter Virus, ses associés acceptant de lui vendre leurs parts. «Je savais que Virus avait un énorme potentiel, commençait à jouir d’une belle visibilité et était de plus en plus connue. Si j’avais lancé une autre agence, j’aurais dû tout reconstruire. Là, j’avais un local meublé, une équipe. Je pouvais inviter un client tout de suite pour une rencontre. J’ai économisé beaucoup de temps et d’argent en administration en n’ayant pas à monter une nouvelle entreprise, adopter ses statuts, faire faire un logo, etc. », explique l’entrepreneur, qui a seulement accolé «1334» au nom de l’agence pour souligner la tranche d’âge visée.

Dès lors, il a revu entièrement l’entreprise pour la professionnaliser et créer «un produit unique». «Je n’ai pas acheté un portefeuille de clients, souligne Patrice Lagarde. J’ai acquis un concept, un projet» qu’il allait mener plus loin. Il a revu les méthodes, la stratégie et même les tarifs. Il a aussi changé une grande partie de l’équipe pour «recruter plus de seniors et des personnes qui se distinguaient dans leur domaine soit par leur originalité, soit par leur expérience, etc.», précise le chef d’entreprise.

Il a essayé d’y aller progressivement mais le besoin de rentabilité était là, les idées aussi. «La plus grosse difficulté, c’est de briser les routines des individus et apporter quelque chose de nouveau, une culture de changement. Ça bouscule tout le monde. Même les fournisseurs et les clients dont certains n’ont d’ailleurs pas continué avec nous », reconnaît Patrice Lagarde, qui emploie aujourd’hui une dizaine de personnes et travaille régulièrement avec des professionnels extérieurs.

Les entrepreneurs, des visionnaires

Le résultat est là : le chiffre d’affaires a été doublé chaque année pendant les trois premières années après le rachat. Devant le succès de Virus 1334, Patrice Lagarde a aussi créé avec des associés deux autres agences de marketing, une axée sur les personnes de plus de 50 ans, Éminence grise, et, l’année dernière, Microb, pour les familles avec de très jeunes enfants.

Le jeune homme a pris des risques en remodelant l’agence en profondeur après l’avoir rachetée. Il le sait. C’était quitte ou double mais il avait une vision et ça a marché. Le risque, c’était de mettre en péril l’agence en la bousculant trop brutalement. «L’humain est réticent au changement.

Or dans de nombreuses entreprises notamment de services, le savoir développé par le personnel est leur principal actif. Avec un traitement de choc, on risque de voir des employés clés quitter la société et s’ils n’ont pas de clause de non concurrence dans leur contrat, ils peuvent aller immédiatement travailler pour un concurrent en emmenant avec eux des clients qui les apprécient particulièrement », met en garde Me François St-Arnaud.

De manière générale, il conseille une certaine prudence et progression dans la mise en place de changements «sauf dans le cas où la survie de l’entreprise est en jeu bien sûr». Pour s’assurer une bonne collaboration de l’équipe en place, une bonne voie à suivre est de «réunir les employés-clés et de leur demander leur avis sur de nouvelles orientations.

Ainsi quand on présente le nouveau plan, il paraît venir d’eux et non pas être imposé par le nouveau dirigeant», recommande l’avocat. Néanmoins, «l’entrepreneur, même jeune, est souvent visionnaire contrairement aux employés qui, sinon, seraient eux aussi des chefs d’entreprise», souligne Me St-Arnaud. Il peut toutefois manquer d’expérience et vouloir aller trop vite. La clé du succès : trouver le bon équilibre.

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