Le CELI de Simon Houle: passif sans être poussif


Édition du 12 Octobre 2022

Le CELI de Simon Houle: passif sans être poussif


Édition du 12 Octobre 2022

Par Jean Décary

Âgé de 28 ans, l’architecte de solution en technologie de l’information possède 86 200 $ dans son CELI. Grâce aux fonds négociés en bourse, il désire se créer une caisse de retraite supplémentaire. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Âge: 28 ans

Occupation: architecte de solutions en TI (technologie de l’information)

Valeur du CELI: 86 200$

Stratégie: Fonds négociés en Bourse (FNB)

Bon coup: avoir opté pour l’investissement passif

Mauvais coup: avoir cédé à la tentation des «coups de circuit»

Objectif: se créer une caisse de retraite complémentaire

Son conseil à l’investisseur qui commence: méfiez-vous des biais de confirmation

 

Simon Houle ne se considère pas comme un grand épargnant. «J’économise, oui, mais je dépense aussi. Je fais ce qui me rend heureux:des voyages, des activités comme le golf, le ski ou la pêche.»Il est redevable à son père de lui avoir inculqué l’importance des études, de l’épargne et de l’investissement. «Il avait connu une enfance difficile dans un milieu défavorisé. Il a voulu éviter cela une fois adulte. Et il m’a transmis cette préoccupation.»

C’est son père qui va ouvrir avec lui son premier compte d’épargne et lui parler des produits d’investissements que sont les fonds communs de placement.

«Mon premier 20 000 $ était investi dans ces outils financiers, avant l’âge de 23 ans.»Une fois l’université terminée, et avec un emploi mieux rémunéré, l’informaticien va pousser un peu plus loin ses recherches dans divers produits d’investissement. «J’ai commencé par lire les petits caractères des prospectus des fonds communs, pour mieux connaître les frais de gestion engagés et leur impact à long terme sur le rendement du portefeuille.»

Un cours en ligne, Bourse 101, va aussi lui fournir une introduction utile au monde des valeurs mobilières. Il va aussi suivre d’autres formations, dont une sur les titres à dividende et l’autre sur les transactions boursières et l’analyse technique. «C’était bien même si j’ai finalement opté pour une autre approche.»

Il oriente d’abord sa stratégie d’investissement vers les titres à dividende. Il acquiert des participations dans des titres établis et bien connus, comme les banques CIBC (CM, 60,47 $) et TD (TD, 84,96 $), de même que ceux de BCE (BCE, 58,70 $) et de la société énergétique Algonquin Power and Utilities (AQN, 15,16 $). «C’était de bons titres, mais j’ai réalisé qu’avec ce type de portefeuille, je n’arrivais pas à battre les principaux indices boursiers.»

Il apprend aussi une leçon à propos des biais de confirmation, cette tendance à accorder de l’attention aux renseignements qui appuient nos idées préconçues et à se fermer à ceux qui, au contraire, les invalident.

«Quand on fait un bon coup, cela vient valider notre préjugé, alors que c’est bien souvent de la chance. Comme petit investisseur, nous n’avons pas accès aux informations privilégiées.»C’est peu de temps après quelques coups ratés, dont deux dans BRP (DOO, 86,95 $) et Wall Financial Corporation (WFC, 13,54 $), qu’il procède à un changement complet de stratégie. Il délaisse les fonds communs de placement et les titres individuels pour investir uniquement dans des fonds négociés en Bourse (FNB). Les produits des gestionnaires de fonds BlackRock, Vanguard et Avantis forment aujourd’hui l’essentiel de son portefeuille et ce dernier ratisse les quatre coins du globe.

«Je continue d’investir régulièrement une partie de mon budget et je rééquilibre une fois par année», dit-il.

 

Dans l’oeil d’un pro

«C’est un gros plus qu’il ait réalisé jeune, après des essais et des erreurs, le potentiel d’un portefeuille de fonds négociés en Bourse à relativement faible coût — pour la plupart. D’autres investisseurs mettent parfois plusieurs décennies à arriver à cette conclusion», observe Ian Gascon, président de Placements Idema. Il salue donc sa courbe d’apprentissage et croit que son CELI constitue une très bonne base pour son cheminement futur. «Il a des FNB qu’on utilise dans nos propres portefeuilles.»

Ian Gascon juge cependant qu’à plus de 50 %, son portefeuille est surexposé au marché américain. «C’est un marché qui a bien fait dans le passé, mais je diminuerais de moitié cette exposition.»

Il n’est d’ailleurs pas convaincu par la position dans le FNB iShares Core S&P US Value. «Ce FNB revient à surpondérer certaines entreprises que l’on retrouve déjà dans le fonds Vanguard U.S. Total Market qui englobe tout le marché américain. Mais est-ce utile?»Le gestionnaire verrait d’un bon oeil le fait d’augmenter son exposition au marché international à 20 %-25 % du portefeuille. «Ce rééquilibrage pourrait se faire facilement en diminuant son exposition au marché de l’oncle Sam.»

Il s’interroge aussi sur l’allocation globale du portefeuille, entièrement en actions. «Ajouter une composante de titres à revenu fixe ne réduirait pas énormément le rendement à long terme du portefeuille, mais en diminuerait le niveau de risque global.» Le gestionnaire rappelle qu’aucun de ses portefeuilles n’est constitué de plus de 80% d’actions. «Il existe toutes sortes d’options de produits à revenu fixe, dont les obligations gouvernementales et de sociétés, sans oublier les actions privilégiées. Il y a des façons de construire un portefeuille obligataire qui comporte aussi un certain niveau de risque, mais qui lui permettrait d’être décorrélé par rapport au reste de ses positions.»

Il met en garde l’investisseur contre cette croyance répandue qui veut que les baisses soient rapidement suivies d’une remontée des marchés. «Il n’y a aucune garantie que cela soit le cas la prochaine fois, ou dans les 10 ou 20 prochaines années. Les marchés pourraient subir une correction et rester à des niveaux inférieurs longtemps.»Il cite l’exemple du Japon, où le marché des actions n’a pas encore remonté à son niveau des années 1990.

Enfin, le président d’Idema ne trouve pas optimale l’idée de rééquilibrer son portefeuille seulement une fois par année. «Ce n’est pas mauvais en soi. Mais mieux vaut le faire quand il y a des variations importantes dans les différentes catégories d’actifs.»

 

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CELI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca

 

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