Le CELI d’Alexandre Rancourt: virage dividende


Édition du 16 Février 2022

Le CELI d’Alexandre Rancourt: virage dividende


Édition du 16 Février 2022

Par Jean Décary

Alexandre Rancourt: âgé de 34 ans, le ferblantier possède 84 000 $ dans son CELI. Grâce aux titres individuels, il souhaite accrocher ses outils à 55 ans. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Longtemps, ce travailleur en construction de la Rive-Nord, dans la région de Montréal, a regardé les cotes de la Bourse dans les journaux ou les principales plateformes d’information en pensant qu’un jour, il achèterait lui-même ses actions. «J’avais tenté de le faire quand Air Canada (AC, 22,86 $) avait éprouvé des problèmes financiers, mais l’employé de la banque m’avait dissuadé en noircissant la situation.»

L’intention du gouvernement fédéral de légaliser le cannabis va lui donner l’élan nécessaire pour faire le saut vers l’investissement autogéré. «J’ai finalement eu la chance de tomber sur quelqu’un qui a pu m’aider à ma succursale, qui a pris le temps de m’expliquer les rudiments d’un compte de courtage.»

Une fois son CELI ouvert, il achète comme prévu des actions des producteurs ontariens de cannabis Canopy Growth (WEED, 10,51 $) et Aphria, acquis par Tilray (TLRY, 7,54 $) l’an dernier. «J’ai par la suite laissé tout ça en dormance pendant environ deux ans.» S’il continue à suivre l’évolution de ses titres, son attention se porte dorénavant vers les titres à dividende. «Cette manière d’investir me parlait. Si une entreprise peut récompenser ses actionnaires et le faire de manière récurrente et croissante année après année, c’est signe qu’elle est en bonne santé.» L’idée des intérêts composés qui travaillent pour lui cadrait aussi bien avec son style de vie. «J’ai trois enfants, mon temps à accorder à l’investissement est limité, alors miser sur des titres aux bilans solides qui ont fait leurs preuves, ça m’interpellait.» Il trouve matière à réflexion dans des livres et en ligne, notamment sur YouTube et Facebook, où il se joint à de nombreux groupes d’investissement.

Après avoir fait un rendement de plus de 200% avec ses actions de cannabis, il vend tout et s’envole en Grèce. À son retour, heureux de son succès et ragaillardi par ses vacances, il se laisse de nouveau séduire par le chant des sirènes et rachète des titres de producteurs de cannabis. «J’ai puisé dans mes gains et investi plus de 12 000 $.» Mais à l’image d’Icare dans la mythologie grecque (qui a volé trop près du Soleil), l’investisseur va se brûler les doigts. Le prix de ses actions se dégonfle et ses gains se transforment en perte sèche. Une fois l’ardoise effacée et les poches recapitalisées, Alexandre Rancourt ne regardera plus en arrière: «J’ai dès lors focalisé mes achats sur des titres à dividende d’entreprises de qualité qui dominent leurs secteurs d’activités.» Il va acheter des actions de sociétés bien établies, comme Telus (T, 29,91 $), Banque Nationale (NA, 101,70 $), BMO (BMO, 143,88 $) et Enbridge (ENB, 53,74 $). Il avoue cependant se garder une portion d’argent pour des titres de plus petite capitalisation (et par définition plus volatils), comme l’entreprise québécoise Opsens (OPS, 1,95 $), qui offre de solutions technologiques à base de fibre optique.

«J’aimerais que la décision soit facile à prendre», dit-il lorsqu’il évoque le temps de la retraite. C’est pourquoi il souhaite que l’ensemble de ses investissements autogérés, dont l’actif total s’élève à près de 150 000 $, lui procure un rendement appréciable à l’approche de la cinquantaine.

 

Dans l’oeil d’un pro

«Il faut d’abord le féliciter d’avoir commencé à épargner et à investir jeune. C’est la clé de la réussite, et de cette manière, il va mettre son argent à son service pour longtemps, c’est-à-dire qu’il va travailler pour lui sur une longue période», mentionne a priori Andrew Kost, gestionnaire de portefeuille chez Allard Allard et associés. Il estime qu’au vu des rendements historiques des marchés, son CELI devrait valoir environ 10 fois sa valeur actuelle d’ici une trentaine d’années, sans même que le principal intéressé n’ait à rajouter d’argent.

Andrew Kost est d’accord avec le conseil à l’investisseur d’Alexandre Rancourt, soit d’éviter les titres à la mode et de se concentrer sur ce qui fonctionne. «Cela correspond à notre approche: nous cherchons des entreprises bien gérées qui répondent à un besoin de manière profitable.» Il aime sa stratégie d’investir dans des entreprises dominantes avec des barrières à l’entrée. «Les banques canadiennes font partie d’un oligopole, et Enbridge, avec ses réseaux de pipeline, est un joueur difficile à concurrencer.» Il émet toutefois une mise en garde en ce qui a trait aux dividendes. «Un dividende versé par une entreprise n’est pas garant de la qualité de celle-ci. Encore faut-il qu’il soit soutenable à long terme.»

Sur le plan de la construction du portefeuille, il observe une structure coeur-satellite. «Il y a une portion du CELI que j’appellerais "aventure", qui contient des titres un peu plus spéculatifs.» Andrew Kost recommande de bien doser cette portion et de ne pas lui accorder une proportion égale aux titres qui forment le coeur. «Opsens a un poids équivalent aux banques, par exemple. Il y a un risque sur le plan de la diversification et cela pourrait affecter son rendement.»

Enfin, Andrew Kost commente le fait que l’investisseur ne possède que peu de temps à consacrer à ses placements. «Il pourrait considérer de confier une partie de son portefeuille à des professionnels pour mieux se concentrer sur la partie satellite.» 

 

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