«C'est pas juste les profits qui comptent» chez Delan


Édition du 09 Novembre 2022

«C'est pas juste les profits qui comptent» chez Delan


Édition du 09 Novembre 2022

Par Emmanuel Martinez

Stéphany Desmarais, associée et VP recrutement TI; Jean-François Charpentier, président; Anne-Marie Deslauriers, cofondatrice (Photo: courtoisie)

PHILANTHROPIE. Certaines décisions sont parfois prises à partir de prémisses fort simples. C’est le cas chez Delan, une firme montréalaise de recrutement de talents en technologie de l’information qui a choisi de verser un dollar à des œuvres caritatives pour chaque heure travaillée par ses consultants.

« C’est super important de redonner, explique en entrevue téléphonique son président, Jean-François Charpentier, pour justifier son programme appelé “1 don, 1 heure à la fois” lancé le 1er novembre. C’est pas juste les profits qui comptent. Faut pas toujours penser à l’argent. »

Sa mère, Anne-Marie Deslauriers, aussi cofondatrice de cette PME créée il y a 25 ans, souligne que l’initiative sert à faire vivre la culture de son entreprise.

« Ce n’est pas seulement les dollars qu’on se met dans les poches qui sont importants; une entreprise devrait être plus que cela, mentionne-t-elle. La croissance n’est pas toujours proportionnelle à l’argent généré. L’impact social compte. »

« Avec la pénurie de main-d’œuvre qu’on connaît, les PME où il y a une culture et un souci d’engagement social et de protection de l’environnement sont plus attrayantes. C’est ce que les individus recherchent. Ils veulent aller dans une entreprise qui redonne et qui est engagée. »

« Delan est très très humaine, ajoute-t-elle. Ceux qui s’allient avec nous vont le sentir. Avec tout ce qui s’est passé avec la pandémie, on doit se serrer les coudes pour avoir un monde meilleur. »

 

Quatre choix

Chez Delan, les « consultants » sont en fait des employés rémunérés par la firme, mais qui travaillent sur un mandat pour des clients qui les ont choisis. Ces salariés ne verront pas leur chèque de paie être amputé dans le cadre de ce programme philanthropique. L’argent est versé à même les revenus de Delan, sauf que le consultant décidera parmi une des quatre causes retenues par l’entreprise.

« Nous n’avons vu aucune entreprise de service qui redonnait de cette manière-là, explique Anne-Marie Deslauriers. Cela nous parlait. En travaillant avec nous, ces employés savent qu’il y a un dollar qui va à la bonne place. »

Delan s’impliquait déjà dans plusieurs causes caritatives, comme La guignolée des médias, mais elle a préféré se concentrer sur quatre organismes dans le cadre de cette mission philanthropique. Elles ont été sélectionnées parce qu’elles représentaient chacune des valeurs importantes pour la PME. Centraide l’a été pour son engagement dans la collectivité et sa vaste portée puisqu’elle touche à des secteurs disparates. Le Club des petits déjeuners, parce qu’il permet l’inclusion et l’égalité, car « chaque enfant a le droit de commencer la journée du même pied », souligne l’actionnaire majoritaire. L’organisme 60 millions de filles, qui s’assure que les filles dans les pays en développement ont accès à l’éducation, reflète le volet féminin de Delan, créé par une femme. Finalement, Leucan constitue le dernier choix possible, puisqu’« on connaît tous de près ou de loin un enfant qui subit des traitements contre le cancer et on croit qu’aucun jeune ne mérite ça », estime Anne-Marie Deslauriers.

 

L’influence des PME

La boîte d’une vingtaine d’employés ignore combien d’argent elle versera, car le nombre de consultants peut varier, mais selon les présents paramètres, ce serait environ 30 000 $ en un an.

Jean-François Charpentier note que les PME québécoises et leurs propriétaires peuvent avoir un poids important dans leur collectivité. « Il y a 250 000 PME dans la province, dit-il. Si un pour cent redonnait, cela aurait des répercussions énormes. »

Dans le cadre de son nouveau programme de dons, Delan affichera des liens pour les employés ou ses clients afin qu’ils puissent contribuer à un des quatre organismes triés sur le volet.

Jean-François Charpentier souligne que plusieurs de ses partenaires d’affaires donnent aussi. « Ils sont donc contents de voir ce qu’on fait, remarque-t-il. Et on veut que d’autres s’intéressent à nous, pour qu’on puisse faire un changement ensemble. Cela vient du cœur. »

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