Les PME doivent planifier si elles veulent survivre

Publié le 17/08/2015 à 11:56

Les PME doivent planifier si elles veulent survivre

Publié le 17/08/2015 à 11:56

De nombreuses petites entreprises se développent au jour le jour sans vision à long terme. Or, si un peu plus de la moitié des PME survivent (53 %), c’est  en grande partie par manque de planification stratégique, un passage obligé pour assurer une croissance maîtrisée.

Pour Sébastien Leblond, 39 ans, ça a été une question de survie. «C’est dans les difficultés qu’on se réinvente le plus», lance l’avocat cofondateur de l’incubateur juridique One by Fetch qui fait également partie de la direction de plusieurs entreprises dans le milieu juridique comme MyClosing.ca, Services juridiques Lex Operandi, Anderson Sinclair et de Services de gestion Fetch, dont les effectifs varient de 10 d’employés à 25 employés au Québec.

C’est quand sa première entreprise, One by Fetch, a commencé à croître que «j’ai compris qu’il faut travailler sur l’entreprise et non dans l’entreprise», résume Sébastien Leblond. S’il a toujours fait des plans, il s’est rapidement rendu compte que la direction d’une entreprise, en croissance de surcroît, exigeait «une planification plus raffinée». Il a donc appris à s’entourer pour déléguer et pouvoir se « sortir des opérations» afin de dégager du temps et prendre suffisamment de distance pour réaliser une planification stratégique et en assurer un suivi étroit. «Si les valeurs et les objectifs sont bien établis, c’est plus facile de les transmettre aux employés et d’enligner le plan et l’exécution », affirme le jeune chef d’entreprise.

Se libérer de la pression du quotidien

«La plus grand difficulté des chefs d’entreprise notamment les plus petites, c’est de sortir du quotidien, des opérations. Ils sont constamment pris dans le souci de livrer à temps leurs commandes, de développer les affaires, d’avoir suffisamment de liquidités. Ce sont des choses qui prennent beaucoup de temps», constate Pierre-Emmanuel Paradis, économiste et président d’AppEco, une firme de consultation spécialisée en économie appliquée.

Résultat : les entrepreneurs ne prennent pas le temps de faire de la planification stratégique c’est-à-dire de réfléchir à leur positionnement stratégique, de réviser leur image de marque et la cohérence de tous leurs canaux de communication, de planifier leur développement (exportation, croissance, augmentation de la main-d’œuvre, etc.) pour les prochaines années.

«Ils pensent beaucoup à demain mais pas au mois suivant, relève Pierre-Emmanuel Paradis. Or, le risque de ne pas faire de planifications stratégique, c’est de ne pas réussir à atteindre ses objectifs voire de mettre en péril l’entreprise.»

Facteur déterminant pour la réussite

Pour Olivier Patry, président de l’entreprise de fabrication de plats cuisinés de Lévis Pomme Grenade, qui compte une quinzaine d’employés, l’établissement d’une planification stratégique avec l’aide d’un consultant spécialisé, pour un coût total d’environ 15 000 $, est «sûrement le meilleur investissement » qu’il ait fait. «Sans ce plan, ça aurait été un désastre car on n’aurait pas fait les choses au bon moment. Là, on sait où on va, on a des objectifs et notre consultant, avec lequel mon associé et moi avons des réunions régulières nous challenge pour atteindre nos buts», souligne Olivier Patry.

Cette démarche joue un rôle crucial aujourd’hui car la PME, dont le volet traiteur représente encore 65 % de l’activité, veut faire croître la partie de vente de mets cuisinés pour arriver, dans un an, à des parts égales entre les deux spécialités. Pour cela, il a fallu revoir tous les aspects de l’entreprise pour tendre vers ce but. Les dirigeants de Pomme Grenade, qui affichent un chiffre d’affaires de 1 million de dollars et visent une croissance de 15 % par an, ont entrepris, selon un plan très précis, de revoir leur image de marque pour mieux se positionner dans le créneau des mets cuisinés, ce qui suppose la refonte du site internet, le changement des uniformes des employés, du logo.

Pour s’assurer d’un bon suivi, élément essentiel pour la réussite de la démarche de planifications stratégique, des rencontres mensuelles avec le consultant et hebdomadaires entre les deux associés sont prévus. «On se rend des comptes entre nous sur les objectifs qu’on s’était fixés pour la semaine », explique Olivier Patry. Histoire de s’aiguillonner et de s’obliger à sortir de la pression du quotidien pour façonner l’avenir.

Trois conseils pour réussir
Pierre-Emmanuel Paradis, économiste et président d’AppEco

1. Réserver du temps dans son agenda

Il est essentiel de prévoir le temps nécessaire à la mise en place d’une planification stratégique (deux jours tous les trois ans environ) et au suivi à intervalles réguliers. Il faut absolument le prévoir dans l’agenda comme toute autre obligation.

2. Mettre en place des outils de suivi

Pour assurer un bon suivi, s’obliger à remplir les objectifs fixés, évaluer le travail déjà effectué, réviser les prochaines échéances, il faut mettre en place des outils qui aident à effectuer ce suivi. Il existe des tableaux de bord de gestion qui ne représentent pas un investissement important.

3. Avoir une attention particulière à la tarification

Là où la réflexion des chefs d’entreprise est souvent la plus faible, c’est en ce qui concerne l’établissement du prix. L’évaluation semble simple alors que c’est un processus complexe. Il est important d’y intégrer la valeur ajoutée quitte à être plus cher que le concurrent car c’est ce qui fait son positionnement Il faut donc y penser absolument dans la planification stratégique.

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