Immigration: des entreprises tentent la voie du regroupement

Offert par Les Affaires


Édition du 29 Septembre 2018

Immigration: des entreprises tentent la voie du regroupement

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Édition du 29 Septembre 2018

[Photo: 123RF]

Six entreprises de la région de Portneuf, près de Québec, ont peut-être trouvé dans leur regroupement, la solution à leurs difficultés persistantes de recrutement de main-d’œuvre à l’international?

Plutôt que de continuer de subir chacun de leur côté les dédales administratifs qui accompagnent souvent les procédures d’immigration de travailleurs étrangers, le groupe d’entreprises a décidé de tenter l’expérience de la création d’une coopérative vouée au recrutement de main-d’œuvre étrangère.

Cette idée nouvelle est venue des discussions que le député conservateur, Joël Godin, a depuis des années avec les dirigeants d’entreprises du comté de Portneuf–Jacques-Cartier. Précisément, ce comté regroupe les territoires des MRC de La Jacques-Cartier et de Portneuf, ainsi que de la municipalité de Saint-Augustin-de-Desmaures.

« Ils ont tous des problèmes de pénurie de main-d’œuvre. Le recrutement est difficile. Et comme leurs besoins individuels sont variables et limités, lorsqu’on les compare à d’autres plus grandes entreprises, l’attention qu’ils reçoivent des agences de recrutement international n’est pas toujours à la hauteur. »

Projet pilote de deux ans

C’est ainsi que le groupe de six employeurs du comté, formé de Biscuits Leclerc, Structure Ultratec, Freneco, Preverco, Polycor, et Sélection du pâtissier, ont accepté de se lancer dans l’aventure pour la durée d’un projet pilote de deux ans. Pendant cette période, chaque entreprise a accepté de contribuer au fonctionnement de la coopérative à la hauteur de 40 000$ par année, en échange de quoi elles pourront disposer de dix travailleurs étrangers chacun. 

Ces travailleurs non spécialisés demeureraient sous la responsabilité de la coopérative qui, en plus de les recruter et de développer — ce faisant — une expertise en la matière, verraient à les placer dans les entreprises participantes selon leurs besoins. Un même travailleur pourrait donc par exemple travailler cinq mois pour une entreprise et sept mois pour une autre, sans que chacune n’ait à engager de procédures administratives séparées (permis de travail, etc.).

Dérogation demandée

Le hic est qu’en devenant l’employeur, une telle coopérative conviendrait à une règle qui limite à 10 % la proportion de travailleurs étrangers temporaires dans une même entreprise. Le député demande donc au gouvernement une dérogation afin qu’une telle coopérative, agissant comme intermédiaire pour ses membres, puisse gérer un bassin de plusieurs dizaines de travailleurs étrangers, sans contrevenir à la loi.

Également, pour permettre une meilleure intégration des immigrants temporaires, le député fédéral demande au gouvernement libéral de Justin Trudeau qu’il permette, le temps du projet pilote, que la coopérative ainsi formée par les entreprises de la région, de faire venir les travailleurs pour une période de deux ans plutôt qu’une seule. 

Six mois de démarches

Actuellement, un employeur peut faire appel à un travailleur étranger non qualifié pour une période qui se limite souvent qu’à un an. Au terme de cette période, le travailleur est tenu de retourner dans son pays d’origine et l’employeur doit reprendre de longues et souvent coûteuses démarches afin de prolonger son permis de travail, ou encore de recruter un nouveau candidat. 

Pour chaque période de travail d’un an, fait-il valoir, ces démarches peuvent prendre un minimum de six mois. De plus longues périodes de séjour permettraient aux employeurs de ralentir le cycle continu de formation de nouveaux travailleurs, et offriraient à ces derniers (les immigrants temporaires) une chance réelle de commencer à s’intégrer en vue d’une éventuelle immigration permanente.

Des demandes en ce sens ont été présentées le printemps dernier au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed D. Hussen. À la mi-septembre, le député comme les entreprises n’avaient pas encore reçu de réponse du ministre. Convaincu du sérieux de l’expérience pilote envisagée, Joël Godin demeure confiant et entend ramener le dossier cet automne à l’agenda des débats de la Chambre des communes.

 

Lisez notre série de textes sur l'immigration, comme solution à l'actuelle pénurie de main-d'oeuvre:

Immigration comme solution aux quatre coins du Québec

Immigration: des entreprises tentent la voie du regroupement

Immigration: des réticences bien ancrées

Pénurie: recourir à la main-d'oeuvre marginalisée de Montréal

 

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