Aux grands maux les robots

Offert par Les Affaires


Édition du 29 Septembre 2018

Aux grands maux les robots

Offert par Les Affaires


Édition du 29 Septembre 2018

Par François Normand

[Photo: 123RF]

Toutes les entreprises ou presque pâtissent de la pénurie de main-d'oeuvre. Par contre, certaines sont beaucoup moins touchées que d'autres, car elles ont su investir dans l'automatisation.

C'est notamment le cas d'APN Global, une PME de Québec qui fabrique des pièces de précision pour les secteurs de l'aérospatiale, de la défense et des hautes technologies. Sa recette ? Être une entreprise manufacturière 4.0, c'est-à-dire qu'elle utilise, connecte et intègre les nouvelles technologies. Bref, ses machines se parlent entre elles et s'ajustent en temps réel à l'offre et à la demande.

«Le 4.0 nous permet de simplifier la tâche des employés dans l'usine à l'extrême afin qu'elle soit encore plus facile à faire», explique Yves Proteau, coprésident d'APN, qui compte une usine au Québec et deux en Californie.

La PME a d'ailleurs conçu et commercialise le logiciel Meta 4.0, qui permet aux entreprises d'optimiser leur processus de production.

Ainsi, dans ses usines, la main-d'oeuvre qualifiée devient de moins en moins nécessaire, car les robots et l'intelligence artificielle permettent de donner de plus en plus d'instructions précises aux employés sur la chaîne de production.

L'entreprise peut alors confier des tâches manuelles à des employés qui n'ont pas de formation technique, par exemple des bacheliers en logistique.

Pour réduire les besoins en main-d'oeuvre, APN incite aussi des étudiants à la maîtrise ou au doctorat à faire leur thèse dans son usine à Québec. Cela permet à la PME de recruter des talents de haut calibre, dont les recherches peuvent lui être utiles.

«Actuellement, un de nos stagiaires est en train de concevoir un algorithme prédictif, tandis qu'un autre travaille sur la valorisation des données», dit M. Proteau.

Deux champs d'études qui sont incontournables pour les manufacturiers intelligents.

Créez un écosystème stimulant et productif

Pour réduire la pénurie de main-d'oeuvre, l'usine montréalaise de Hubbell Canada, un fabricant d'équipements électriques et électroniques, a créé un écosystème qui favorise l'innovation et les gains de productivité, sans parler de l'implication de ses 80 employés.

«Grâce à notre philosophie de gestion, nous n'avons pas de taux de roulement. En fait, les gens veulent travailler chez nous !» affirme Stéphane Lamarre, le directeur de l'usine.

À ses yeux, cette situation tient essentiellement au fait que l'usine est une entreprise intégrée, c'est-à-dire qu'elle conçoit, brevette, fabrique et opère tous les équipements. De plus, toutes les tâches répétitives ont été automatisées. «Ça fait en sorte que nos employés passent 40 % de leur temps à innover afin d'accroître l'efficacité de la chaîne de production», dit M. Lamarre.

On parle d'une moyenne de 1,5 innovation par jour. Bien entendu, ces innovations sont loin d'avoir tout le potentiel d'être brevetées. En revanche, elles permettent de réaliser des gains de productivité.

Le directeur de l'usine donne l'exemple d'un travailleur qui a réaménagé son poste de travail, ce qui lui a permis de réduire de 5 % à 10 % ses déplacements et de faire ainsi des gains de productivité. «Comme nous fabriquons des pièces qui valent en moyenne un dollar, toutes les économies et les réductions de coûts sont importantes pour nous», insiste M. Lamarre.

Pour stimuler l'innovation et accroître la productivité, les employés en usine sont aussi payés en partie en fonction du nombre de pièces qu'ils produisent.

Une politique salariale qui réduit le besoin d'encadrer les travailleurs afin qu'ils atteignent les objectifs de production de l'usine. «On n'a pas besoin des surveiller ; on sait qu'ils vont le faire», souligne le directeur de l'usine.

Formez les employés aux nouvelles technologies

Chez Groupe Mundial, un regroupement de fabricants spécialisés dans la transformation du métal, on limite la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée en formant constamment les employés pour utiliser les nouvelles technologies.

«C'est un des nerfs de la guerre dans notre industrie. Si tu n'es pas capable de former tes employés aux nouvelles technologies, tu es toujours deux ou trois pas en arrière», dit Louis Veilleux, fondateur et actionnaire du groupe de Saint-Lambert-de-Lauzon (sur la rive sud de Québec) et président de la division Métal Bernard.

Une expertise qui permet par exemple aux employés de tester actuellement un nouveau logiciel afin qu'il soit compatible sur plusieurs types de machines en même temps, et pas uniquement sur une catégorie de machine. «Cela nous permettra d'être plus efficaces, car nous avons plusieurs petites séries de pièces à fabriquer avec de petits volumes», explique M. Veilleux. Or, comme dans plusieurs industries, les concepteurs de logiciels offrent souvent des solutions technologiques ne fonctionnant que sur un type précis d'équipement. Et pour rendre cette solution compatible avec d'autres équipements, il faut acheter des pièces ou des solutions supplémentaires, voire embaucher des consultants.

Pour limiter l'impact de la pénurie de main-d'oeuvre, les divisions de Groupe Mundial récoltent aussi beaucoup de données afin de devenir des manufacturiers intelligents 4.0 (des machines interconnectées qui s'ajustent en temps réel à l'offre et à la demande).

Mais il y a un enjeu de taille pour Groupe Mundial : les données récoltées doivent être bonnes et pertinentes, affirme M. Veilleux.

Car, bâtir une base de données pour transformer une chaîne de production en chaîne de production intelligente, c'est un peu comme construire la fondation d'une nouvelle maison : elle doit être de qualité afin que la maison soit solide et stable.

Plastube, une PME spécialisée dans la fabrication, l'extrusion et la fabrication de tubes pour les produits des soins de la peau, mise quant à elle sur l'automatisation et les changements de procédés pour réduire l'impact de la pénurie de main-d'oeuvre.

L'entreprise de Granby a récemment acheté une nouvelle machine (la nouvelle technologie allemande Jet Print) au coût de 5,5 millions qui lui procurera des gains de productivité majeurs. «Cet équipement éliminera des étapes dans la production en plus d'accélérer le procédé», explique le président et directeur général, Gilles Decelles.

Plastube serait la première de son industrie à utiliser ce type de machine en Amérique du Nord.

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