Enfin une certification en développement durable pour l'exploration minière

Offert par Les Affaires


Édition du 09 Novembre 2019

Enfin une certification en développement durable pour l'exploration minière

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Édition du 09 Novembre 2019

Par Pierre Théroux

L’AEMQ estime que le processus de certification est un pas en avant dans la démonstration que l’exploration minière peut causer le moins d’inconvénients possible à la population. (Photo: AEMQ)

INDUSTRIE MINIÈRE. L'industrie minière travaille de plus en plus à intégrer les principes de développement durable à ses procédés, et ce, à toutes les étapes d'un projet. Elle cherche aussi des façons d'améliorer ses impacts sur les communautés riveraines, a fortiori s'il s'agit de Premières Nations. Comment se passe le transfert de la théorie à la pratique ?

Si l'exploration engendre moins d'impacts environnementaux que les autres activités minières, elle peut néanmoins mener à du déboisement. Les programmes de forage sont aujourd'hui plus surveillés par les collectivités touchées par ces projets, de même que par la population en général, qui tolèrent beaucoup moins leurs effets négatifs sur l'environnement et la société.

C'est pourquoi, après quelques années de réflexion et de consultation, les entreprises d'exploration minière ont décidé de se doter d'un processus de certification en développement durable qui vise l'application des meilleures pratiques environnementales, sociales et économiques.

Officiellement lancés lors du congrès Xplor 2019 qui s'est tenu à la fin octobre, à Montréal, les deux programmes de certification - un pour les entreprises d'exploration et l'autre pour leurs fournisseurs de services - sont maintenant appelés à s'étendre partout au Canada et ailleurs dans le monde.

Un audit indépendant

L'Association de l'exploration minière du Québec (AEMQ) estime que le processus de certification est un pas en avant dans la démonstration que l'exploration minière peut se faire en harmonie avec le milieu environnant et causer le moins d'inconvénients possible à la population. «Les pratiques s'améliorent d'année en année, et la mise en place d'une certification était la meilleure façon pour les faire valoir et les améliorer davantage», fait valoir Valérie Fillion, directrice générale de l'AEMQ.

Au départ, l'Association avait mandaté la Chaire en entrepreneuriat minier UQAT-UQAM pour définir les normes de sa nouvelle certification, qui serait, selon l'industrie, une première dans le monde.

En effet, il n'existerait à ce jour aucune certification de conformité à des exigences de développement durable clairement définies pour les entreprises d'exploration minière. Il y a bien le cadre de référence e3 Plus, mis sur pied par l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs (ACPE), mais il s'agit simplement d'une ligne directrice volontaire en matière d'exploration responsable conçue pour informer les sociétés d'exploration minière. L'Approche BNQ 21 000, du Bureau de normalisation du Québec, est, pour sa part, un guide normatif qui propose des outils d'application de pratiques liées à la gestion durable, sans offrir lui non plus un processus de certification. Quant à la norme internationale ISO 14 001, qui a pour objectif la gestion durable de l'environnement, elle s'applique à plusieurs secteurs d'activités, ce qui en fait une norme générale.

Ensuite, «pour donner encore plus de poids à son programme de certification», aux dires de Mme Fillion, l'AEMQ en a remis les rênes à un organisme de certification et d'inspection indépendant, Les Laboratoires des assureurs du Canada (ULC), qui évaluera les entreprises selon différents critères. Le respect des principes de bonne gouvernance et du développement durable, l'utilisation efficiente des ressources, la reconnaissance des préoccupations et l'accommodement des communautés locales et autochtones, de même que l'octroi de contrats à des fournisseurs locaux et l'embauche d'une main-d'oeuvre locale sont autant d'exigences qui seront notamment analysées par ULC dans le cadre de ses programmes UL 2723 (certification en développement responsable pour les entreprises d'exploration minière) et UL 2724 (certification en développement responsable pour les fournisseurs de services du secteur de l'exploration minière).

Avantage concurrentiel

Une vingtaine de sociétés d'exploration minière ont amorcé les démarches afin d'obtenir cette nouvelle certification, qui favoriserait, selon l'AEMQ, non seulement l'acceptabilité sociale et le bilan environnemental des projets, mais aussi l'obtention de financement de la part des investisseurs qui sont aussi de plus en plus sensibles aux effets des activités minières sur l'environnement et les citoyens.

«Les investisseurs posent de plus en plus de questions et demandent de faire la preuve de nos bonnes pratiques. À l'avenir, les entreprises d'exploration certifiées qui iront rencontrer des investisseurs, ici ou ailleurs dans le monde, auront un avantage concurrentiel», estime Mme Fillion.

Il en va de même des fournisseurs de biens et de services liés à l'industrie, comme des sociétés de forage ou encore des entreprises de services géologiques ou de levés géophysiques, qui peuvent également obtenir la certification.

«Les entreprises connexes ont aussi intérêt à être certifiées, car ça pourrait être un critère de sélection important pour remporter des soumissions de la part des entreprises d'exploration minière qui ont recours à des sous-traitants pour leurs opérations», fait valoir la directrice générale de l'AEMQ.

Simple et peu coûteuse

L'adhésion à une telle certification entraîne évidemment des coûts. Il y a bien sûr le montant initial à débourser pour réaliser l'audit et son éventuelle révision. Sans oublier les coûts indirects générés notamment par des changements nécessaires dans les pratiques de gestion et leur mise en oeuvre, ou encore pour la formation du personnel.

Or, il était essentiel d'élaborer un programme de certification qui serait abordable et simple, indique Mme Fillion. Sinon, «les entreprises d'exploration minière n'auraient pas eu les moyens financiers ni la volonté de le faire», précise-t-elle, en soulignant que ces sociétés sont caractérisées par l'absence de revenus de production.

L'AEMQ a donc développé une plateforme web et embauché un professionnel assigné spécifiquement à l'accompagnement des entreprises dans leur démarche. Accompagnement qui inclut différents ateliers liés au processus de certification, aux exigences normatives et aux outils disponibles, en plus de l'assistance et du suivi personnalisés. «Ainsi, le temps d'apprentissage sera réduit et les coûts seront mieux contrôlés», conclut sa directrice générale.

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