Créer des emplois grâce à la lutte aux changements climatiques


Édition du 30 Juin 2018

Créer des emplois grâce à la lutte aux changements climatiques


Édition du 30 Juin 2018

Par Alain McKenna

La décarbonation amènerait la création de 23 millions d’emplois dans les pays de l’OCDE. [Photo : ­STM (Bus) / ­AFP]

Publiées à quelques semaines d'intervalle, deux études indiquent que la lutte aux changements climatiques ne sera pas seulement bénéfique pour la santé et l'environnement : elle créera aussi de nombreux nouveaux emplois, ce qui permettra au PIB du pays de continuer à croître.

En juin dernier, quatre chercheurs de l'Université de Leeds, en Angleterre, ont terminé la lecture de pas moins de 700 rapports scientifiques qui étudient l'impact des diverses mesures de réduction des émissions de gaz carbonique sur la société. Conclusion : l'effet sera positif sur l'économie. Prenant plus spécifiquement l'exemple des grands centres urbains des pays de l'OCDE, où l'effet de normes environnementales plus sévères touchant à la construction, le transport et la gestion des déchets ont un impact plus grand, ces chercheurs concluent qu'il serait possible de créer 23 millions de nouveaux emplois, tout en aidant à sauver 1,3 million de vies annuellement.

«L'impact positif de mesures de décarbonation sur les défis que rencontrent les villes est largement sous-estimé. L'investissement dans des technologies urbaines à faible teneur en carbone pourrait ajouter 16 000 milliards de dollars américains à l'économie mondiale d'ici 2050», écrivent les chercheurs. «En fait, des objectifs visant à améliorer la santé publique, la mobilité, l'emploi ou la pauvreté semblent plus difficiles à atteindre sans ce type d'actions.»

Un effet nul sur le PIB

Plus tôt cette année, le gouvernement du Canada a pris la décision d'imposer une taxe de 20 $ par tonne d'émissions de carbone dès 2018, qui augmentera annuellement de 10 $ jusqu'à un prix final de 50 $ la tonne en 2022. Ça n'a pas manqué de faire réagir des acteurs économiques partout au pays. Le directeur parlementaire du budget a lui-même affirmé craindre l'effet négatif d'une telle mesure sur la croissance du produit intérieur brut national. À noter qu'au Québec et en Ontario, le tarif est plus élevé, et se situe respectivement à 14,35 $ et 14,68 $ la tonne.

Réagissant à ces affirmations, Environnement et Changement climatique Canada a publié une étude estimant l'effet économique de la tarification du carbone qu'Ottawa souhaite imposer partout au pays. Manifestement optimiste, l'étude prédit que la croissance du PIB au Canada sera d'environ 2 % par année d'ici 2022, que cette tarification soit mise en place ou non.

«Cela n'inclut pas l'occasion que ce choix représente pour les entreprises canadiennes en plein virage vers une croissance plus propre, occasion dont la Banque mondiale estime qu'elle représentera 23 000 milliards de dollars, à l'échelle mondiale, d'ici 2030», précisent les auteurs de l'étude.

Sauver la planète n'aura jamais été une activité aussi lucrative...

Trois mesures économiques positives liées à la décarbonation

Voici trois indicateurs qui tendent à conclure que les entreprises et les gouvernements peuvent devenir plus verts, sans nécessairement tomber dans le rouge.

Une productivité accrue

­Les employés de bureau qui travaillent dans des édifices écoénergétiques sont de 1 % à 16 % plus productifs, ayant tendance à moins s’absenter pour des raisons de santé.

­Un secteur de la construction dynamique

Rénover ou améliorer les immeubles des villes de l’OCDE créerait pas moins de deux millions de nouveaux emplois annuellement d’ici 2050.

Une mobilité accrue

Des centres urbains plus propres seraient aussi plus denses, facilitant ainsi le transit des travailleurs. Des réseaux de transport collectifs ou intelligents combattraient une congestion automobile qui retranche annuellement jusqu’à 1 % du ­PIB de pays industrialisés comme le ­Canada.

Source : ­The ­Economic and ­Social ­Benefits of ­Low-Carbon Cities, ­Université de ­Leeds, juin 2018

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