La Loi 41, une bombe dans le monde de la pharmacie

Publié le 17/11/2012 à 00:00

La Loi 41, une bombe dans le monde de la pharmacie

Publié le 17/11/2012 à 00:00

Par Les Affaires

Le projet de Loi n°41, voté en décembre dernier, doit entrer en vigueur l’année prochaine. Il prévoit un élargissement du rôle des pharmaciens. À eux de trouver les moyens matériels et humains pour assumer leurs nouvelles tâches.

Près de 100 % des pharmaciens interrogés par l’Ordre des pharmaciens du Québec en 2010 étaient partisans d’un accroissement de leur rôle. «Cette loi est une bonne chose et elle était attendue depuis longtemps », confirme Albert Falardeau, pharmacien-propriétaire et président de Familiprix.

Certaines mesures comme la possibilité de prolonger des ordonnances ou substituer un médicament à un autre permettront de faire gagner du temps aux pharmaciens qui effectuaient déjà ces tâches, mais seulement après avoir obtenu l’autorisation du médecin. Désormais, ils ne devront que l’informer.

Pour le reste, notamment la possibilité de prescrire des traitements pour des maux mineurs (comme le feu sauvage) ou de demander des analyses biologiques, la Loi 41 viendra accroître le travail des pharmaciens dans un contexte déjà tendu.

Déléguer des tâches techniques

Les bannières et chaînes se préparent activement à ce virage qui pourrait être pris dès le printemps 2013, selon la présidente de l’Ordre, Diane Lamarre.

Les pharmaciens propriétaires sont dans l’expectative. «Faudra-t-il réorganiser les locaux pour créer des salles de consultation et embaucher du personnel ? », se demande Maxim Charland, un jeune pharmacien propriétaire de trois pharmacies en région.

En attendant que les règlements, en cours de négociation entre l’Ordre des pharmaciens et le Collège des médecins du Québec, soient rédigés, les modalités d’application de la loi font l’objet de toutes les hypothèses.

« Il va falloir déléguer certaines activités techniques que faisaient les pharmaciens jusqu’à maintenant, comme vérifier que le médicament conditionné est bien celui indiqué par l’étiquette apposée sur le contenant et dans la bonne quantité », explique Diane Lamarre, elle-même pharmacienne indépendante.

Ces tâches pourraient donc être confiées aux assistants techniques en pharmacie (ATP), des employés dont on manque déjà aujourd’hui !

De la même façon, de nombreux propriétaires considèrent qu’ils devront, malgré la délégation de tâches, engager plus de pharmaciens afin de faire face à l’augmentation attendue de demande de conseils de la part des patients.

La loi à peine votée, ceux-ci sont déjà venus en nombre dans les pharmacies pour réclamer ces nouveaux services !

Certains professionnels redoutent que l’emploi d’un plus grand nombre de pharmaciens soit difficile étant donné la pénurie actuelle. Ils appréhendent également les coûts engendrés, car les salaires des pharmaciens salariés sont très élevés.

Rémunération des nouveaux actes

La question de la rémunération de ces nouveaux actes n’a pas encore été tranchée. Les négociations avec le gouvernement devraient s’amorcer dès les règlements adoptés.

Cette incertitude inquiète les pharmaciens. « Comment réagiront les compagnies d’assurance privée alors qu’elles ne couvrent déjà pas certains actes payés par la RAMQ comme l’envoi d’un profil médical à un médecin ou la rédaction d’opinions pharmaceutiques? » s’interroge Maxim Charland.

« Ces nouveaux services devront être rémunérés, assène Albert Falardeau. Le traitement d’un feu sauvage est payé aux médecins, pourquoi pas au pharmacien quand ce sera lui qui prescrira le traitement ? De toute façon, nos nouveaux services feront faire des économies d’échelle à l’État en évitant certaines consultations médicales ou visites aux urgences.»

Reste à en convaincre le gouvernement et le cas échéant les compagnies d’assurance privées.

Ce que prévoit la Loi 41

Avec la Loi 41, six nouvelles activités s’ajoutent au champ de pratique des pharmaciens :

• Prolonger une ordonnance d’un médecin afin que ne soit pas interrompu le traitement prescrit par le médecin à un patient. La durée de prolongation d’une ordonnance ne pourra pas excéder la durée de validité de l’ordonnance initiale ou, si cette durée est supérieure à un an, elle ne pourra pas excéder un an.

• Ajuster une ordonnance d’un médecin en modifiant la forme, la dose, la quantité ou la posologie d’un médicament prescrit.

• Substituer au médicament prescrit, en cas de rupture d’approvisionnement complète au Québec, un autre médicament de même sous-classe thérapeutique.

• Administrer un médicament par voie orale, topique, sous-cutanée, intradermique ou intramusculaire, ou par inhalation afin d’en démontrer l’usage approprié.

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