«Mon but était d'avoir 100 % lors de mon examen d'économie. Et je l'ai eu!» Jean-Luc Landry, de Gestion de portefeuille Landry

Offert par Les Affaires


Édition du 20 Février 2016

«Mon but était d'avoir 100 % lors de mon examen d'économie. Et je l'ai eu!» Jean-Luc Landry, de Gestion de portefeuille Landry

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« J’ai arrêté de travailler en 2000 et je n’ai pas aimé cela. Ça ne me tente pas de me retirer », explique Jean-Luc Landry. [Photo: Jérôme Lavallée]

Écouter Jean-Luc Landry parler de son parcours, c'est comme suivre un cours d'histoire sur la montée des francophones dans le secteur financier québécois. Sun Life, Canagex, Lévesque Beaubien, Bolton Tremblay, Montrusco : il a laissé sa marque un peu partout.

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« Au collège, je me suis ennuyé jusqu'à ce que j'aie mon premier cours d'économie », raconte celui qui est né il y a 68 ans à Paris, un peu par accident son père y étudiait la médecine , mais qui a grandi à Montréal. « Je me suis dit : ah, ça, j'aime ça. Mon but c'était d'avoir 100 % à mon examen. Et je l'ai eu. J'ai tout de suite su que c'était ça ma carrière. »

Jean-Luc Landry parle d'économie et de mathématiques avec passion. « Ce que j'aime, c'est qu'à partir d'un raisonnement pratiquement infaillible, on arrive parfois à des conclusions auxquelles on ne s'attendait pas. C'est tellement beau ! » lance-t-il dans un grand rire.

Il fait sa scolarité de maîtrise à l'Université d'Ottawa, puis revient à Montréal où il obtient un emploi d'économiste à la Sun Life en 1971. « C'était difficile à l'époque pour un francophone d'entrer dans une institution anglophone. Il y avait eu la crise d'octobre. On était surveillés. Ils m'ont dit de ne pas parler de politique ! »

C'est là qu'il fait ses classes. « La Sun Life avait un service d'investissement et d'économie qui était au-dessus de la mêlée. Le niveau intellectuel était élevé. » Il y croise Claude Lemire. Recruté par la Banque canadienne nationale, en 1973, pour démarrer sa filiale de conseil en placement, Canagex, Lemire embauche Landry comme économiste et comme gestionnaire d'obligations. « À l'époque, les placements des Québécois étaient surtout dans les obligations. »

En 1978, il se joint à Lévesque Beaubien, une grande firme de courtage francophone. Cette dernière codirige avec la torontoise Wood Gundy les financements du gouvernement québécois et d'Hydro-Québec. C'est l'époque de la construction des barrages de la Baie-James. Des émissions d'obligations, il y en a chaque mois. Jean-Luc Landry s'en occupe. « Le nationalisme m'a aidé [N.D.L.R. : le PQ était au pouvoir]. Au ministère des Finances, on voulait aider les courtiers québécois. Alors, j'avais accès à de l'information privilégiée que mon collègue de Wood Gundy n'obtenait pas. Ces derniers m'ont offert un job ! »

Une offre qu'il ne peut refuser

Mais Bolton Tremblay lui fait une offre qu'il ne peut refuser. En 1981, il prend la tête du bureau de Montréal et fait de la gestion de portefeuille, ce qu'il préfère. Il en devient président en 1987, puis organise le rachat de la firme par les cadres dans les années 1990, avec le soutien de la Caisse de dépôt et placement du Québec. L'actif sous gestion atteint 4,5 milliards de dollars. Les rendements sont parmi les meilleurs, mais il faudrait grossir. C'est alors qu'il est approché par Montrusco pour fusionner et prendre la direction de la firme. « Ensemble, ça faisait 11 milliards d'actifs sous gestion. » Mais les tensions internes feront déraper ce mariage, et la société, inscrite en Bourse, sera vendue en 2000, au sommet du marché.

Jean-Luc Landry encaisse un bon pactole, mais une clause de nonconcurrence le tient à l'écart de la gestion de placement pendant deux ans. Il se lance alors dans le financement privé.

Mais il s'ennuie du monde de l'investissement et crée en 2002 sa propre firme, avec Richard Morin. Au fil des années, il avait mis au point un modèle de gestion d'actifs fondé sur le « momentum ». « Ce phénomène a été découvert dans les années 1990, dit-il. On a constaté qu'un groupe de titres qui surperforme le marché pendant environ 12 mois continuera de le faire pendant les 12 mois suivants. Ça part du principe que le monde change plus vite qu'on ne peut le percevoir. »

Il donne en exemple l'action de Bombardier qui valait 25 $ en 2001, avant les attentats du 11 septembre. Non seulement la société montréalaise est tombée en panne sèche de contrats, mais elle s'est retrouvée avec un parc d'avions usagés sur les bras. Depuis ce moment, l'action de Bombardier n'a fait que décliner. « Le momentum fonctionne dans les deux sens, à la hausse et à la baisse. »

Avec Gestion de portefeuille Landry, l'économiste s'active maintenant dans le créneau qu'il a développé, avec ses modèles. Richard Morin est parti, et sa firme emploie huit personnes et gère 250 M$, un montant qu'il veut doubler d'ici cinq ans. Les rendements sont de premier quartile, souligne-t-il. Depuis son lancement en 2003, son fonds d'actions canadiennes a généré un rendement annualisé de 11,76 % par rapport à 8,54 % pour l'indice S&P/TSX. Quant à son fonds d'actions mondiales, il s'établit à 13,81 % comparativement à 8,28 % pour le MSCI mondial en dollars américains.

À 68 ans, l'heure de la retraite sonne-t-elle ? « J'aime travailler. C'est le fun. Mais pas trop. C'est comme le chocolat. Je suis dans une position privilégiée, j'ai une belle équipe. Je peux partir à 16 h 30 et me payer des longues fins de semaine. J'ai arrêté en 2000, et je n'ai pas aimé cela. Alors, ça ne me tente pas d'arrêter. »

Les grands investisseurs

Série 4 de 5. Qui sont les grands gestionnaires québécois ? Quel a été leur parcours ? Leur recette d'investissement ? Dans une série de reportages, nous vous présentons cinq d'entre eux.

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