Le siècle de toutes les promesses

Publié le 13/02/2013 à 15:13, mis à jour le 21/02/2013 à 12:54

Le siècle de toutes les promesses

Publié le 13/02/2013 à 15:13, mis à jour le 21/02/2013 à 12:54

Par Les Affaires

Les années 1900 annonçaient de grandes choses... et malgré la Première Guerre mondiale, l'économie du Québec va connaître un essor foudroyant, tout juste avant l'entrée en scène du journal LES AFFAIRES.

Par Paul-André Linteau et René Vézina

Le tableau vient à l'esprit quand on songe au Québec du début du XXe siècle : une société majoritairement rurale dont l'économie est essentiellement dirigée par l'establishment anglophone. Et c'est en bonne partie exact... avec des nuances. En fait, la situation n'était pas aussi tranchée qu'on veut parfois le croire. De plus en plus de gens vivaient en ville, et la bourgeoisie d'affaires francophone était en nette progression. En 1921, 7 % des Canadiens français de 15 ans et plus sont propriétaires d'une entreprise ! La proportion va dramatiquement chuter avec la dépression, au point qu'il faudra relancer l'entrepreneuriat à la fin des années 50. Mais pour l'instant, le Québec ne se débrouille pas trop mal et Montréal demeure la métropole incontestée du Canada.

Les temps modernes

En 1900, les deux tiers des habitants vivent dans les régions rurales, où ils s'activent à l'agriculture et à la coupe forestière, tandis qu'une minorité oeuvre dans les usines implantées en milieu urbain. Globalement, le Québec compte 11 cités, 40 villes et 138 villages dûment constitués, pour une population totale de 1,65 million d'habitants. Avec un taux d'urbanisation de 36 %, le Québec est légèrement en avance sur le reste du Canada, à 35 %.

Les tramways électriques ont fait leur apparition quelques années plus tôt dans les rues de Montréal, en 1892. La même année, on construisait l'un des plus célèbres hôtels de l'Empire britannique, le Château Frontenac, à Québec. Ils remplaçaient les tramways à chevaux qui sillonnaient la métropole depuis 1862.

C'est aussi le moment où se développe ce qui constituera une des plus formidables forces économiques du Québec : l'hydroélectricité.

Déjà, en 1897, une importante centrale a été mise en exploitation sur les rapides de Lachine. En avril 1901, on annonce la formation de Montreal Light, Heat and Power Company qui dominera la distribution d'électricité à Montréal. La même année, Shawinigan Water and Power Company effectue les premières livraisons d'électricité produite à sa nouvelle centrale de Shawinigan. Ces centrales illustrent aussi un phénomène nouveau : l'émergence de la grande entreprise, cotée en Bourse et qui étend son emprise sur de vastes portions du territoire. Toutes deux ont une raison sociale anglaise, car dans le Québec du début du siècle, la langue des affaires est l'anglais. Cet essor des nouvelles compagnies d'hydroélectricité profite également à la Bourse de Montréal, créée en 1874. Les nouvelles inscriptions attirent par ricochet de nouveaux courtiers tel, en 1902, L.G. Beaubien, à l'origine ce qui est aujourd'hui devenu la Financière Banque Nationale.

En Mauricie, Shawinigan respire la richesse : avec le développement de l'or blanc va suivre un impressionnant développement industriel. Bientôt, elle devient la ville qui offre les meilleurs salaires au Canada, dans ses usines de métallurgie, de pâtes et papiers et de textiles.

À Montréal, la fée électricité, comme on l'appelle souvent, ne touche de sa baguette magique que quelques secteurs : elle fournit la force motrice des tramways, elle éclaire les rues et les locaux des entreprises et elle est utilisée dans certains procédés industriels. Chez les particuliers, seuls les plus riches peuvent se payer une telle nouveauté. Il faudra attendre 1930 pour que la quasi-totalité des foyers montréalais soient branchés.

Néanmoins, la construction de barrages et de centrales commence à transformer de façon irréversible les anciennes régions de colonisation telles la Mauricie, le Saguenay ou l'Outaouais. Depuis longtemps productrices de bois de sciage, ces régions attirent aussi, à partir du début du siècle, de nouveaux utilisateurs de la forêt : les producteurs de pâtes et papiers dont l'activité deviendra, tout comme l'électricité, l'un des symboles de l'économie québécoise au XXe siècle.

Les premiers ministres S.-N. Parent, puis Lomer Gouin, convaincus que l'avenir du Québec appartient beaucoup plus à l'industrie qu'à la colonisation, sont prêts à faire d'importantes concessions pour attirer des capitaux, même américains. Tous leurs successeurs feront de même. Leur objectif est de créer des emplois pour faire échec à l'exode des Canadiens français vers les manufactures de la Nouvelle-Angleterre, conséquence des maux de l'agriculture du Québec. Au début du siècle, la situation est en voie de s'améliorer. La production laitière a provoqué la création de centaines de beurreries et de fromageries, tandis qu'autour des grandes villes, la culture des fruits et des légumes se développe.

Avec leurs familles nombreuses, les campagnes ont toutefois un surplus de population qui se dirige vers les villes, en même temps que survient la plus puissante vague d'immigration de l'histoire du Canada. L'agglomération de Montréal en profite au premier chef. La population de l'île passe de 361 000 à 555 000 en 10 ans, de 1901 à 1911. Québec, avec près de 80 000 habitants, vient loin derrière, tandis que les autres villes d'importance n'ont guère plus de 10 000 habitants chacune. L'urbanisation rapide alimente la construction commerciale et résidentielle, mais aussi une fièvre de spéculation foncière qui s'intensifie au début des années 10.

D'abord survivre pour prospérer en ville

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