Innover au Québec malgré les obstacles


Édition du 14 Décembre 2022

Innover au Québec malgré les obstacles


Édition du 14 Décembre 2022

Par François Normand

La pénurie de main-d’oeuvre et la difficulté à attirer les talents font partie des obstacles qui limitent les capacités des entreprises à innover. (Illustration: Camille Charbonneau)

INNOVATION. Publication de la nouvelle Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation (SQRI²), désignation de deux zones d’innovation, lancement d’un centre d’innovation manufacturière : les initiatives pour stimuler l’innovation au Québec ne manquent pas. Toutefois, les entrepreneurs d’ici font encore face à certaines limites et à certains obstacles pour innover.

« Il y a une multiplication sans précédent des occasions d’innover, mais aussi des engagements des gouvernements pour appuyer l’innovation », affirme Lyne Dubois, vice-présidente à Investissement Québec — CRIQ (Centre de recherche industrielle du Québec).

En mai, le gouvernement de François Legault a publié sa stratégie de recherche et d’investissement en innovation (2022-2027), qui prend le relais de la précédente (2017-2022). La nouvelle SQRI² vise entre autres à réduire « au moins de la moitié » l’écart de la productivité des entreprises avec l’Ontario.

Bénéficiant d’un budget de 7,5 milliards de dollars, cette stratégie permettra au Québec de se doter « d’une base solide » en recherche et en innovation, tout en mettant l’accent sur la commercialisation de bonnes idées — une faiblesse au Québec et au Canada.

« C’est une bonne chose que le gouvernement veuille mettre l’accent sur la commercialisation des innovations, même s’il n’y a pas de remède miracle à cet enjeu », souligne Norma Kozhaya, vice-présidente à la recherche et économiste en chef au Conseil du patronat du Québec.

Néanmoins, l’une des pistes de solutions est d’arrimer davantage la recherche aux besoins du marché, selon elle.

 

Stimuler la recherche et l’innovation

En février, le gouvernement Legault a commencé à jeter les bases pour stimuler la recherche et l’innovation. Il a désigné deux zones d’innovation : Sherbrooke quantique, à Sherbrooke, qui représente un investissement de plus de 435 millions de dollars (M$), et Technum Québec, à Bromont, qui représente pour sa part plus de 255 M$.

La première est un écosystème qui existait déjà dans le domaine des calculs et des technologiques quantiques afin de développer des ordinateurs quantiques. Ces technologies de rupture entraîneront des répercussions majeures dans des secteurs comme la pharmaceutique, l’énergie ou l’intelligence artificielle.

La seconde zone abrite des joueurs clés dans les systèmes électroniques — par exemple, les semi-conducteurs —, comme IBM Canada, le Centre de collaboration MiQro (C2MI) et Teledyne Dalsa. L’ensemble des 700 entreprises québécoises des systèmes électroniques intelligents bénéficieront aussi de cette initiative.

Par ailleurs, toujours en février, Québec et Ottawa ont appuyé l’OSBL les Halles d’innovation et de formation avancée, à Rivière-du-Loup, pour l’aider à construire un centre d’innovation spécialisé en emballage de nouvelle génération et en intelligence manufacturière. Ce projet totalise près de 35 M$.

 

Limites et obstacles à l’innovation au Québec

La multiplication des initiatives survient alors que l’on observe un déclin de la recherche faite par les entreprises du Québec depuis le début des années 2000, selon les données du Conseil de l’innovation du Québec, un organisme gouvernemental.

Bref, elles ont investi de moins en moins en R-D durant cette période. On observe le même phénomène en Ontario et pour l’ensemble du Canada.

Si aucune cause précise n’a été déterminée pour l’instant, la relative faiblesse du dollar canadien par rapport au dollar américain pourrait être une hypothèse. Un huard faible permet aux entreprises d’exporter sans avoir nécessairement à investir dans l’innovation pour être compétitives.

Le déclin a toutefois été renversé au Québec et ailleurs au Canada.

En 2020, les dépenses intérieures en recherche et développement des entreprises — l’un des principaux étalons pour mesurer l’innovation — représentaient 1,31 % du produit intérieur brut (PIB) du Québec, en hausse malgré la pandémie de COVID-19. Elles sont supérieures à l’Ontario (1,24 %).

Toutefois, la performance du Québec était inférieure à celle des leaders mondiaux en innovation que sont les États-Unis (2,60 %), le Japon (2,58 %), l’Allemagne (2,11 %), la Finlande (1,95 %) ou la Chine (1,84 %), selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Lyne Dubois estime qu’il y a encore des limites et des obstacles à l’innovation au Québec, à commencer par des défis liés à la taille de la plupart des entreprises québécoises, qui sont composées à 98 % de PME.

« Elles n’ont pas toujours la culture et les connaissances en innovation », dit-elle. Cela peut se traduire par des lacunes en gestion de projets, un manque de temps ou une structure administrative inadéquate pour innover.

La pénurie de main-d’œuvre et la difficulté à attirer les talents limitent aussi les capacités des entreprises à innover, selon Lyne Dubois.

 

Mieux collecter les données ?

Catherine Beaudry, professeure titulaire de la Chaire de recherche du Canada en gestion et en économie de la création à Polytechnique Montréal, estime pour sa part que les moyennes entreprises ne sont pas suffisamment appuyées par les gouvernements.

« On traite les petites entreprises aux petits oignons, tandis que les grandes ont les ressources pour innover. En revanche, les moyennes tombent entre deux chaises » déplore-t-elle. Malgré tout, plusieurs d’entre elles réussissent à innover avec leurs moyens, « mais elles sont à bout de souffle », souligne cette spécialiste en innovation.

Catherine Beaudry estime qu’on pourrait aider les moyennes entreprises de deux façons. D’une part, en les accompagnant autant que les petites entreprises. D’autre part, en étant plus proactif afin de déterminer où sont leurs besoins en matière d’innovation et de commercialisation. « Pour y arriver, il faut mieux collecter et colliger les données de Statistique Canada sur l’innovation des entreprises, dit-elle. Cela permettrait par la suite de savoir quoi faire avec plus de précision pour les aider. »

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