Graphite en Outaouais: entre exploration et préoccupations


Édition du 12 Mai 2021

Graphite en Outaouais: entre exploration et préoccupations


Édition du 12 Mai 2021

La route qui mène au projet La Loutre, de la minière Lomiko Metals, situé entre les municipalités de Duhamel et de Lac- des-Plages. (Photo: courtoisie)

INDUSTRIE MINIÈRE. L’exploration du graphite en Outaouais — une région à fort potentiel — va bon train. La construction du projet La Loutre pourrait par exemple débuter dans trois ans, si tout se déroule comme prévu. Toutefois, élus et résidents sont inquiets. Ils réclament de pouvoir mieux contrôler l’exploitation minière de leur région.

Pour l’instant, aucune mine de graphite n’est en production en Outaouais, mais l’exploration va bon train, même s’il est difficile de savoir précisément quelles entreprises s’y adonnent; elles n’en parlent pas forcément à moins d’être cotées en Bourse. Dans la MRC de Papineau — une des quatre de l’Outaouais —, les titres d’exploration miniers (claims) se comptent ainsi par centaines et presque tous les villages sont ciblés par ces titres. Et cette MRC ne représente que 9 % du territoire régional.

Le projet qui fait les manchettes depuis un moment est celui de Lomiko Metals, baptisé La Loutre et situé près du lac du même nom, entre les municipalités de Duhamel et de Lac-des-Plages. Au cours des trois dernières années, la minière basée en Colombie-Britannique a foré à plusieurs endroits pour cartographier le gisement.

Son chef de la direction, A. Paul Gill, explique que Lomiko est maintenant prête à rédiger son évaluation économique préliminaire. Il s’agit d’un rapport clé qui aborde les aspects économiques et financiers du projet, notamment, mais aussi d’autres aspects importants tels que les caractéristiques du gisement, les défis métallurgiques, les répercussions environnementales et les relations avec la collectivité environnante.

Essentiellement, ce document sert à évaluer le projet et présente l’argument économique derrière celui-ci aux gouvernements et aux investisseurs. «C’est un rapport qui servira à déterminer la valeur actuelle nette du projet, alors c’est une grosse affaire [big deal], affirme A. Paul Gill. Nous espérons l’avoir terminé cet été, en juillet.»Si les conclusions du rapport se révèlent positives, Lomiko Metals se remettra donc à forer pour mieux cartographier son gisement. À partir de là, si elle obtient son financement, l’entreprise estime que la construction du projet pourrait débuter dans trois ans, au plus tôt.

 

Des résidents inquiets

A. Paul Gill répète qu’il désire travailler avec la collectivité, et non en dépit de celle-ci. Il estime que le projet La Loutre aura des répercussions économiques positives pour la région. Plusieurs citoyens, eux, restent toutefois préoccupés par la perspective de voir l’Outaouais devenir un territoire minier. Ils sont notamment inquiets des effets potentiels sur l’environnement et sur leur qualité de vie.

«On parle de mines à ciel ouvert», rappelle Louis St-Hilaire, porte-parole du Regroupement de protection des lacs de la Petite-Nation, un orga-nisme qui regroupe neuf associations de lacs de l’est de la MRC de Papineau et leurs plus de mille membres. «Dans l’industrie minière, certaines entreprises font de l’écoblanchiment, mais cette industrie-là est possiblement la plus lourde qui soit. Il n’y a rien qui transforme plus un endroit que l’extraction minière.»

La liste de préoccupations du Regroupement est longue:infrastructure routière inadaptée, effets potentiels sur la qualité de l’eau et l’environnement, moins de quiétude pour les résidents. «Lomiko a par exemple fait des forages à 500 mètres d’un lac exceptionnel et habité, le lac Doré, juste à la sortie de la réserve faunique de Papineau-Labelle, explique Louis St-Hilaire. On n’est pas contre les mines en général, mais on ne peut pas les mettre n’importe où.»Un combat se dessine-t-il à l’horizon ? Le langage utilisé le laisse entendre. «Notre arme, c’est l’acceptabilité sociale, et on a montré qu’il n’y en a pas, ici, pour des projets miniers, affirme le porte-parole. C’est unanime; on a l’appui de la MRC et des 10 munici-palités de la Petite-Nation. Personne, ici, n’a pris position en faveur d’un tel développement.»

 

Manque de pouvoir

Cependant, peu de règles permettent aux municipalités et aux MRC d’encadrer l’implantation de l’industrie minière sur leur territoire. David Pharand, maire de Duhamel et porte-parole de la MRC de Papineau dans le dossier des mines et des territoires incompatibles avec l’activité minière (TIAM), regrette ainsi de ne pas avoir les pouvoirs nécessaires pour faire respecter la volonté de ses citoyens.

Dans les faits, la MRC peut produire sa carte des TIAM, soit des territoires qui, une fois qu’ils sont approuvés par le gouvernement provincial, sont soustraits à de nouveaux droits d’exploration minière. Sauf que les MRC n’ont pas toute la latitude qu’elles aimeraient avoir dans le processus.

«Ce qu’on demande à Québec, c’est que ces règles-là soient plus flexibles pour nous permettre de protéger notre secteur récréotouristique, notre villégiature, notre foresterie et la santé publique», résume David Pharand.

9% La MRC de Papineau ne représente que 9 % du territoire régional et pourtant, les titres d’exploration miniers (claims) se comptent par centaines. Presque tous les villages sont ciblés par ces titres.

«Les lois actuelles permettent de mettre des mines presque n’importe où. On a eu cinq rencontres avec des ministres depuis un an pour en discuter, mais dans les faits, on ne pense pas que le gouvernement a l’intention de changer ça.»

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