Des stations de ski en bonne santé financière


Édition du 23 Novembre 2022

Des stations de ski en bonne santé financière


Édition du 23 Novembre 2022

Par Claudine Hébert

Ce sont les ventes d’abonnements et la tarification dynamique des billets journaliers en ligne qui constituent la plus grosse part du gâteau. (Photo: 123RF)

INDUSTRIE DE SKI. Les mesures sanitaires appliquées dans les stations de ski au cours des deux dernières années ont lourdement affecté les revenus provenant de la restauration, de la location d’équipement et des écoles de glisse. Or, grâce à la forte demande des usagers pour les abonnements et une gestion efficace de la vente de billets journaliers en ligne, la plupart des destinations ont enregistré leurs meilleurs résultats financiers depuis fort longtemps.

Selon un sondage mené auprès des quelque 75 gestionnaires membres de l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ) au printemps 2022, plus de 95 % ont répondu avoir réalisé des profits au cours de la dernière saison, soutient Yves Juneau, président et directeur général de l’ASSQ. « Dire qu’il y a cinq ans, la même consultation révélait que moins de la moitié des gestionnaires de nos stations (40 %) parvenaient à surfer convenablement en terrain positif », prend soin de préciser Yves Juneau.

Bien sûr, le coup de pouce financier du gouvernement du Canada, offert sous forme de subventions salariales pendant la pandémie, a pesé dans la balance. « Pourtant, même si l’on fait abstraction de cette aide, plus de huit gestionnaires sur dix soutiennent avoir réussi à maintenir leurs bénéfices en zone positive lors de la dernière saison », affirme le PDG de l’association.

 

De la visite payante

À combien se situent ces profits ? Motus et bouche cousue. Parmi la dizaine de gestionnaires joints par Les Affaires, personne ne veut partager ouvertement ses chiffres. Quelques-uns, qui ne veulent pas être identifiés, confient néanmoins que les bénéfices des deux dernières années correspondent aisément entre 20 % et 30 % du chiffre d’affaires de leur destination. Une performance qui se hisse parmi les plus payantes de leur histoire, soutient l’un d’entre eux. Ce que confirme le professeur émérite en tourisme de l’UQAM et fondateur de la Chaire de tourisme Transat, Michel Archambault, qui réalise annuellement l’Étude économique et financière de l’industrie des stations de ski du Québec depuis 1988.

« Malgré l’absence de revenus liés à la restauration, à la location d’équipement et des cours de glisse, la santé financière des stations a été préservée au cours des deux dernières années », indique-t-il. Même si ces activités, notamment la location et les écoles, peuvent générer des marges de profits se situant entre 60 % et 70 %, elles représentent moins de 40 % des revenus totaux, explique-t-il. Ce sont les ventes d’abonnements et la tarification dynamique des billets journaliers en ligne qui constituent la plus grosse part du gâteau. « Un département dont les marges bénéficiaires dépassent les 50 % », soulève le professeur.

Et ça tombe bien. Les stations québécoises ont enregistré 6,3 millions de visites la saison dernière. « Cette performance se hisse au deuxième rang des saisons les plus achalandées des 10 dernières années », signale l’auteur de l’étude. Un exploit en soi quand on sait que les stations ont dû réduire jusqu’à 50 % leur capacité journalière.

 

Des profits réinvestis

Ces profits servent évidemment de puissant levier pour motiver les stations à poursuivre la modernisation de leurs infrastructures. Mis sur pause au cours des deux dernières années, les récents investissements pour la présente saison approcheraient la cinquantaine de millions de dollars (M$) pour l’ensemble des stations de la province. Michel Archambault mentionne que ces investissements étaient de 78 M$ en 2018-2019, de 55,7 M$ en 2019-2020 et de moins de 25 M$ en 2020-2021.

Des stations comme Bromont, montagne d’expériences, dans les Cantons-de-l ‘Est, viennent d’injecter plus de 10 M$ dans leurs infrastructures. Même chose pour le groupe Les Sommets (qui réunit les stations Saint-Sauveur, Morin-Heights, Gabriel, Olympia, dans les Laurentides, ainsi qu’Edelweiss en Outaouais), dont le montant de 11 M$ a été réparti au sein de ses cinq stations.

Ces investissements sont principalement consacrés à l’amélioration de l’enneigement mécanique, l’achat de nouvelles dameuses et remontées. La station Le Massif de Charlevoix consacre toutefois le tiers de ses quelque 11 M$ à la construction de deux bâtiments pour loger son personnel en quête de logements abordables dans la région. « Les deux immeubles, qui seront terminés d’ici le début du mois de décembre, totaliseront 14 nouveaux logements de quatre chambres chacun », indique Nicolas Racine, vice-président exécutif et directeur général du Groupe Le Massif.

Enfin, les stations ont pris goût aux mesures les incitant à mieux contrôler leur achalandage. « La vente et les réservations de billets en ligne vont continuer de prendre de l’expansion. Surtout que ce modèle d’affaires permet de réduire considérablement les files d’attente à la billetterie. C’est un plus pour l’expérience client », avise Christian Dufour, directeur du marketing pour le groupe Les Sommets. Mais il s’agit surtout d’un plus pour les gestionnaires. Grâce à la tarification dynamique, les stations peuvent continuer de modifier et de fixer instantanément le prix des billets en fonction de la demande des usagers.

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