L'opération séduction des locataires est commencée


Édition du 25 Mai 2022

L'opération séduction des locataires est commencée


Édition du 25 Mai 2022

Par Claudine Hébert

Le bien-être des employés et tous les facteurs entourant l’environnement de travail (climatisation, carboneutralité, biophilie, espaces verts…) s’invitent effectivement plus que jamais dans la liste des arguments convaincants. (Photo: Austin Distel pour Unsplash)

IMMOBILIER COMMERCIAL. Devant la forte demande des employés qui souhaitent poursuivre leurs activités professionnelles en télétravail, les propriétaires d’immeubles commerciaux doivent réviser leurs stratégies de séduction s’ils veulent attirer et conserver leurs locataires. Des stratégies auxquelles collaborent leurs principales alliées, les agences de courtage immobilier.

«Il faut savoir que plus de 80% des ententes de location d’espaces commerciaux, de bureaux et industriels au pays s’effectuent par l’entremise des agences de courtage immobilier», explique Jean Laurin, PDG au Québec d’Avison Young, l’une des plus importantes firmes du genre de la province.

Quelles sont justement les nouvelles stratégies de séduction que devraient adopter les propriétaires d’immeubles dans le contexte de postpandémie, selon les courtiers? «Les propriétaires devront offrir des lieux de travail encore plus dynamiques et excitants. D’ailleurs, le centre-ville de Montréal s’apprête à voir naître les espaces de travail les plus flyés qu’il n’a jamais vus», estime Jean Laurin, qui cumule plus de 40 ans d’expérience en immobilier commercial.

Les entreprises qui veulent convaincre leurs employés de revenir au bureau auront tout avantage à favoriser des espaces qui leur permettront de leur en mettre plein la vue. À leur proposer «des espaces qui favoriseront non seulement la collaboration entre les employés, mais qui seront aussi dotés de nombreux services qui tiennent compte du bien-être de chacun», avise le courtier.

 

Les valeurs ESG en tête

Le bien-être des employés et tous les facteurs entourant l’environnement de travail (climatisation, carboneutralité, biophilie, espaces verts…) s’invitent effectivement plus que jamais dans la liste des arguments convaincants. «Les valeurs environnementales, sociales et de gouvernance [ESG] figurent déjà en tête de liste des critères recherchés par une grande majorité de locataires, constate David Cervantes, premier vice-président de la firme de conseil immobilière CBRE. Même que notre agence a désormais le souci de ne s’associer qu’avec des propriétaires d’immeubles préconisant ces valeurs.»

«Les employés posent effectivement beaucoup de questions à propos des valeurs ESG, renchérit Jean Laurin. Ils sont de plus en plus sensibles à l’empreinte que laissent les propriétaires immobiliers dans leur communauté.» Ces valeurs, note-t-il, influencent désormais les décisions immobilières. À un point tel qu’un nouveau joueur s’est invité à la table des discussions. «Depuis deux ans, le ou la responsable des ressources humaines des entreprises locataires participe aux négociations, au même titre que leur directeur financier», observe-t-il.

 

Susciter la fierté des employés

La possibilité de créer un sentiment d’appartenance à l’égard du local pour bureau fait, elle aussi, partie des facteurs de séduction auxquels doivent s’attarder les propriétaires d’immeubles, croit François Létourneau, vice-président associé à JLL. Confrontées à une guerre de talents, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à vouloir sélectionner un lieu qui suscite de la fierté chez leurs employés, explique-t-il.

«Comme courtier, nous avons donc tout intérêt à présenter aux locataires des propriétés dont leurs employés seront fiers, qui les rendront heureux et motivés de venir y travailler», précise François Létourneau.

Déjà, avant la COVID-19, le local pour bureau, son aménagement et sa localisation s’inscrivaient dans la liste des outils d’attraction et de rétention des entreprises qui souhaitaient courtiser les meilleurs talents. «L’arrivée de nombreuses entreprises technologiques au cœur du centre-ville illustre justement ce nouveau courant, indique le vice-président. Au cours des deux dernières années, ce secteur d’activité a représenté le tiers des ententes de location réalisées dans les hautes tours de Montréal.»

En fait, poursuit l’expert, les propriétaires d’immeubles doivent se faire à l’idée que la situation immobilière ne reviendra sans doute pas à ce qu’elle était avant la pandémie. «Le télétravail fait désormais partie de l’équation, rappelle-t-il. Les employés de la plupart de nos clients ne reviennent que deux jours par semaine au bureau. Et les entreprises qui se font trop insistantes perdent leurs employés au profit d’une autre organisation qui valorise le télétravail.»

En d’autres mots, les propriétaires d’immeubles dans les centres-villes devront s’adapter ou considérer sérieusement revoir la vocation de leurs espaces, résume François Létourneau.

 

 


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