Profond changement de culture au Fonds FTQ


Édition du 02 Avril 2016

Profond changement de culture au Fonds FTQ


Édition du 02 Avril 2016

Par Benoîte Labrosse

Robert Parizeau, président du conseil au Fonds FTQ. [Photo : Jérôme Lavallée]

Lors de la Grande soirée de la gouvernance, qui se tenait le 29 mars dernier, Les Affaires a souligné les meilleures pratiques des conseils d’administration, en collaboration avec le Collège des administrateurs de sociétés, l’Institut des administrateurs de sociétés et l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques. Voici les trois conseils qui ont été honorés à cette occasion dans les catégories Transformation de la gouvernance, Mention spéciale et Professionnalisation du conseil.

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« L’art de la gouvernance, ce n’est pas de faire ce qui est possible, mais de rendre possible ce qui est nécessaire », affirme Mario Tremblay, vice-président aux affaires publiques et corporatives du Fonds de solidarité FTQ, en paraphrasant le cardinal de Richelieu. C’est ce qu’a fait la société de capital de développement, dont l’image avait été mise à mal par la commission Charbonneau, et qui lui vaut aujourd’hui une mention spéciale à la Grande soirée de la gouvernance.

Le 6 février 2014, le Fonds FTQ annonçait une série de mesures destinées à réformer sa gouvernance, telle la recomposition de son conseil d’administration afin de le rendre plus indépendant de l’organisation qui l’a créé, la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Le nombre d’administrateurs nommés par le syndicat passerait ainsi de 10 à 7, les élus par les actionnaires, de 2 à 4, et les administrateurs indépendants, de 4 à 7, en incluant le poste de président du CA, jusqu’alors réservé au président de la FTQ.

C’est l’administrateur d’expérience Robert Parizeau qui a été choisi pour prendre les rênes de ce conseil en profonde transformation. « Il est un peu le gardien de ce que j’appelle le consensus du 6 février, souligne M. Tremblay. De par le respect qu’il inspire à tout le monde, il nous aide à continuer notre transition avec beaucoup de doigté. »

« Nous n’avons pas eu un conseil passif, se réjouit Robert Parizeau. Au contraire, nous avons eu un conseil très actif qui a apporté des changements, de concert avec la direction. » Parmi eux, le vote en ligne pour l’élection de quatre administrateurs par les quelque 610 000 actionnaires du Fonds. Une première, réalisée en septembre 2015, après l’adoption en avril des amendements à la Loi constituant le Fonds de solidarité des travailleurs du Québec par l’Assemblée nationale. « Le vote a triplé, note le président du CA. Mais il reste très faible et il faut absolument arriver à ce que nos actionnaires participent à la vie du Fonds. » C’est pourquoi ceux-ci pourront suivre l’assemblée générale de septembre prochain sur Internet, a révélé M. Parizeau en primeur à Les Affaires.

Un très beau cadeau

Le président et chef de la direction du Fonds FTQ, Gaétan Morin, qualifie le président de son CA de « très beau cadeau ». Notamment parce qu’il a apporté une nouvelle vision du rôle de la FTQ. « Je considère qu’il s’agit de l’équivalent de notre actionnaire de référence, explique le principal intéressé. La FTQ a créé le Fonds [en 1983] et continue d’y jouer un rôle essentiel, entre autres par l’intermédiaire de ses représentants locaux, responsables d’aller chercher chaque année plusieurs centaines de millions en épargne auprès des travailleurs. »

Le président du CA – qui rencontre son homologue de la FTQ « tous les 15 jours » – y va d’une autre analogie, cette fois avec les entreprises familiales. « La première génération est constituée d’entrepreneurs ; la deuxième, de gestionnaires ; et la troisième ou la quatrième, de propriétaires, énumère-t-il. Je crois que la FTQ a passé ce cap et a constaté que, pour l’avenir du Fonds, il fallait qu’elle laisse à des gestionnaires professionnels le soin de le gérer. »

Sans renier l’importance accordée au monde syndical, toutefois. En effet, la première vice-présidence de tous les comités est réservée à un représentant de la FTQ. « Les membres issus de la FTQ sont un peu les gardiens de la mission du Fonds, rappelle M. Morin. Ce sont eux qui s’assurent qu’il demeure une institution socialement responsable, différente des institutions financières traditionnelles. »

Un conseil « très actif »

« Le plus grand défi a été de mettre la réforme en place », dit M. Morin. De nouveaux comités ont été créés, dont ceux de ressources humaines et de gestion intégrée des risques. Les pouvoirs des comités d’investissement ont été accrus. Le montant au-delà duquel un investissement doit être soumis au CA est passé de 5 à 25 millions de dollars, afin de permettre à ce dernier de se concentrer sur les enjeux stratégiques.

Les administrateurs consacrent ce temps nouvellement acquis à réfléchir aux objectifs à long terme du Fonds. « Le fait de dégager le CA a permis à la direction de travailler davantage conjointement avec lui, explique M. Morin. Nous avons eu cinq ou six rencontres consacrées à la planification stratégique des cinq à dix prochaines années, et le travail est terminé à 90 %. »

Au-delà de sa structure, le Fonds a agi sur sa « culture » de gouvernance, estime M. Tremblay. Il énumère différentes mesures, dont la mise en place d’une ligne éthique gérée par la firme KPMG, la divulgation des salaires des hauts dirigeants, la création d’une fonction de vérificateur interne et l’approfondissement des enquêtes sur les demandeurs de financement relativement au « risque réputationnel ».

Le président du CA pourrait conserver son poste plus longtemps que prévu. « Avec mes 80 printemps, un an, c’est du long terme ! Normalement, il y a une échéance en septembre, mais je prends ça une année à la fois. »

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