Quand la météo influe sur les résultats de l'entreprise


Édition du 15 Mars 2014

Quand la météo influe sur les résultats de l'entreprise


Édition du 15 Mars 2014

Le développement durable et les enjeux climatiques représentent des défis croissants pour les entreprises. Ils touchent directement certaines de leurs activités, comme le transport ou la fabrication des matières dangereuses. Ils concernent aussi l’acceptabilité sociale, par exemple dans les projets liés à l’exploitation du gaz de schiste.

Réglementations internationales, politiques de responsabilité sociétale des entreprises, événements climatiques (inondations, sécheresses, etc.) ayant un impact sur les cours mondiaux : ces enjeux se sont invités dans le quotidien des entreprises spécialisées dans l’environnement, mais pas seulement. Sociétés d’exploitation minière, grands joueurs de l’énergie, acteurs de la construction ou de l’aéronautique… Les risques sont partout.

Les entreprises ne doivent pas prendre le risque environnemental à la légère. «Souvent, les enjeux ne sont pas là où on les attendait : les chefs d’entreprise ont par exemple tendance à penser que les risques se situent dans le transport des matières dangereuses, alors que les activités les plus à risques sont plutôt au niveau du chargement et du déchargement des matières», affirme Nathalie de Marcellis-Warin, vice-présidente des risques et développement durable au CIRANO.

Une bonne identification des risques d’affaires est donc une étape essentielle afin de réaliser un inventaire exhaustif.

Des risques interdépendants

Les compagnies aériennes et les manufacturiers essaient de réduire leurs émissions de gaz à effets de serre (GES) pour répondre aux attentes des gouvernements et des consommateurs.

Mais cette diminution n’est pas sans risques : « Il y a 25 ans, les entreprises n’auraient pas considéré le risque climatique comme un risque majeur. Mais les choses évoluent tellement rapidement que si ces risques émergents ne sont pas pris en compte, on peut perdre un avantage compétitif », résume Louis Drolet, directeur principal des services d’audit et évaluation des risques chez Bombardier.

C’est pourquoi la mise en place d’un cadre de GRE peut s’avérer déterminante pour mitiger ces nouveaux risques : «Étant donné que le développement d’un nouveau marché peut aussi augmenter l’empreinte carbone, les audits réalisés en interne permettront de s’assurer qu’on a mis en place les bons contrôles pour mitiger les risques », explique Louis Drolet.

Pour les constructeurs, l’une des difficultés est qu’ils doivent en même temps chercher à améliorer le confort et la rapidité de leurs avions. «Les consommateurs demandent à ce que chaque siège ait son propre écran vidéo. Mais cela a un impact direct sur le poids, d’un avion et en fin de compte sur sa consommation », rappelle M. Drolet.

C’est pourquoi qu’une bonne gestion des risques intégrée peut donner la chance aux organisations de s’ajuster plus rapidement à ces nouveaux défis, en passant par exemple par un inventaire des risques et par une gestion tant logistique que légale lors du dépôt de chaque nouvelle pièce innovante.

Le climat : un risque difficile à prévoir

Lorsqu’on parle de changements climatiques, la difficulté pour les entreprises reste de concevoir et de modéliser des scénarios capables de prévoir ce qui pourrait arriver à court, moyen et long terme et quels seront les impacts sur leur business.

Pour cela, les experts en gestion des risques et les actuaires peuvent se révéler complémentaires. «La complexité et l’évolution des phénomènes climatiques sont telles qu’il n’est plus possible de regarder seulement vers le passé pour prédire les phénomènes à venir», remarque Nathalie de Marcellis-Warin.

C’est pourquoi il est important de gérer ces risques de manière intégrée afin de ne pas créer de nouveaux risques : « Une entreprise qui choisit de stocker moins de matières dangereuses pour limiter son risque de stockage doit savoir qu’elle créera du même coup un nouveau type de risque, en se faisant livrer plus souvent », rappelle-t-elle.

Des outils financiers ont également commencé à émerger en vue de faire face à la volatilité météorologique. « Certains analystes estiment qu’environ un tiers du PIB mondial est tributaire de la météo. C’est un marché qui est appelé à prendre de l’importance, puisqu’il permet à des secteurs influencés par la météo, tels que l’agriculture ou les loisirs, de se prémunir en utilisant des instruments financiers», affirme Pierre Saint-Laurent, maître d’enseignement en finance à HEC Montréal.

Grâce à des instruments de mesure tels que « les dérivés de température », ainsi que toute la catégorie des « ILS » (« Insurance-Linked Securities ») contenant entre autres les obligations catastrophe, les entreprises peuvent ainsi évaluer leur exposition aux risques climatiques et prendre des mesures pour la réduire.

« Cela permet à une société exposée au risque de température de vendre, sur les marchés financiers, ce risque à une contrepartie et de gérer ainsi son risque à l’intérieur des limites établies », précise Pierre Saint-Laurent.

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