Découvrir la nouvelle identité de l'Outaouais «marchande»

Offert par Les Affaires


Édition du 07 Avril 2018

Découvrir la nouvelle identité de l'Outaouais «marchande»

Offert par Les Affaires


Édition du 07 Avril 2018

Les Affaires prend la route afin de vous faire découvrir sept régions qui se démarquent par leur vitalité économique.

Gatineau développe sa nouvelle culture entrepreneuriale. De part et d’autre de la rivière des Outaouais, les chambres de commerce travaillent à mettre leur agglomération en valeur.

Outaouais

Le nom Outaouais proviendrait de l’algonquin adawe, qui signifie « acheter » et « vendre ». Si l’économie de la région est surtout caractérisée par les activités liées aux services à la population, la culture entrepreneuriale se comporte comme la rivière des Outaouais au printemps, surtout dans les domaines des technologies, du cannabis, en passant par le fromage de chèvre .

Comme bien des régions administratives du Québec, celle de l'Outaouais ne semble pas être très homogène. Les trois quarts de la population sont concentrés dans la seule ville (reconstituée) de Gatineau, qui fait partie de la grande agglomération d'Ottawa. Le secteur des services y est évidemment très présent, et les activités industrielles demeurent vigoureuses même si elles sont en pleine transformation. Chose certaine, Gatineau se veut plus qu'un satellite d'Ottawa. Comptant plus de 300 000 citoyens, elle se classe au quatrième rang des villes les plus populeuses du Québec.

Dès qu'on s'éloigne de la rivière des Outaouais en allant vers le Nord, les paysages changent, tout comme le profil socioéconomique de la région. La population y est plus clairsemée et ce sont les exploitations forestières et agricoles qui s'imposent. Elle a été l'une des premières, par exemple, à se lancer dans de nouvelles productions moins traditionnelles, comme le fromage de chèvre.

Oui, l'arrière-pays est bien différent des abords de la capitale fédérale. Il est toutefois traversé par de grandes rivières, à commencer par la Gatineau, qui coulent toutes vers le sud pour se jeter dans l'Outaouais. En ce sens, le lien est indéniable entre ces secteurs plus ruraux et la fébrilité de la grande ville.

Quand on veut classer les villes du Québec selon leur superficie (en ne retenant que celles qui comptent plus de 100 000 habitants), Québec chapeaute la liste, suivie de Montréal et de Gatineau, qui s'étend sur 380 kilomètres carrés. Dans le cas des deux premières, on parle cependant d'un tissu urbain pratiquement ininterrompu. Avec les fusions, Gatineau regroupe aujourd'hui des villes autrefois éloignées de Hull, laquelle était à l'époque le coeur de cette agglomération.

Développement en pleine effervescence

Il faut donc travailler à bâtir cette nouvelle identité. Ce n'est là qu'un des défis qui se pose au maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin. « Nous renforçons notre économie locale, dit le maire. Au cours des vingt dernières années, les fuites vers Ottawa se sont réduites, autant pour le commerce, les activités culturelles, le cinéma et autres secteurs. De plus, notre secteur industriel se modernise. »

Oui, le souvenir de cette géante qu'était E. B. Eddy demeure, avec tout ce qu'on produisait à partir du bois, jusqu'aux allumettes ! Aujourd'hui, on est cependant passé au recyclage et à la récupération, avec en tête de liste la grande usine de Kruger au bord de l'Outaouais. « Sans compter, ajoute-t-il, que le plus important producteur de cannabis - légal - du Québec se trouve ici, dans le secteur Masson-Angers. » La firme en question, Hydropothicaire, devrait compter jusqu'à 300 employés d'ici Noël.

Une abondance de terrains industriels disponibles en bordure de l'autoroute 50 aide à l'attractivité de la ville, selon Jean Lepage, directeur général d'ID Gatineau, qui a pris la relève du CLD local et dont le travail consiste à soutenir le développement économique de la ville, en pleine effervescence.

De nouveaux arrivés ou d'autres qui consolident leur présence ? Les Verres Vmik, la Trappe à fromage et beaucoup d'industries à haute teneur technologique, comme Harris, Solacom ou Airbus DS Communications.

À cet égard, la proximité avec Ottawa peut aider, si la ville sait se faire attirante. « Imaginez, dit M. Lepage, 65 000 personnes traversent tous les jours les ponts entre Ottawa et Gatineau. C'est l'équivalent d'une ville et nous devons composer avec cette réalité. » En tout, des deux côtés de la rivière, l'agglomération regroupe pas moins de 1,3 million d'habitants. « Nous avons l'avantage, poursuit-il, de compter sur une population plus jeune, plus diversifiée et plus instruite que la moyenne québécoise, nous qui sommes le deuxième pôle d'immigration au Québec après Montréal. »

Engagement envers les entreprises locales

Même si le milieu technologique a la cote, le maire souligne que les industries traditionnelles ne sont pas négligées. Une d'entre elles a même valeur de symbole : la Laiterie de l'Outaouais. Il ne reste plus beaucoup de laiteries indépendantes au Québec. La Laiterie Château, de Buckingham (maintenant partie de Gatineau), était l'une d'entre elles. Au désarroi de ses clients, elle a fini par fermer ses portes. Un mouvement populaire est né pour la relancer. Les citoyens ont formé une coopérative et une autre laiterie indépendante, la Laiterie des trois vallées, à Mont-Laurier, est arrivée en renfort. La Laiterie de l'Outaouais en est née avec des produits de base qu'on souhaite maintenant diversifier. « Il arrive que l'engagement des gens envers leurs entreprises locales change la donne, et nous en avons là un bel exemple », dit M. Lepage.

C'est aussi un des cas qu'aime présenter le maire Pedneaud-Jobin, en citant la solidarité de sa collectivité. Il réalise toutefois aussi qu'en matière d'entrepreneuriat, elle a devant elle une bonne côte à remonter. « La tradition d'entrepreneuriat individuel est mince chez nous, reconnaît-il. Les gens rêvaient autrefois de travailler à la papeterie McLaren ou dans les autres grandes entreprises des environs, sans oublier le gouvernement fédéral. »

Il faudra donc développer et entretenir une nouvelle culture entrepreneuriale. De part et d'autre de la rivière des Outaouais, les deux chambres de commerce y travaillent, comme les maires des deux villes, pour mettre leur grande agglomération en valeur. Il faut aussi rendre à M. Pedneaud-Jobin le mérite de cette éloquente expression, le « maireketing » !

Quand même, il y aura du travail à faire pour que l'ensemble de la région profite de son plein potentiel. La MRC de Pontiac, au nord-ouest de la région, est l'une des moins favorisées du Québec. À l'écart des grands axes, elle peut se sentir négligée, elle qui se retrouve voisine de l'Ontario et du Témiscamingue.

Le potentiel de villégiature y demeure cependant important, tout comme l'attrait du calme que ce coin de pays peut offrir aux citoyens toujours trop pressés... De là l'intérêt d'aller explorer plus à l'intérieur des terres pour saisir une autre réalité de l'Outaouais.

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