Quand les communautés aident à améliorer les projets

Publié le 19/05/2014 à 00:08

Quand les communautés aident à améliorer les projets

Publié le 19/05/2014 à 00:08

Par Benoîte Labrosse

Depuis une dizaine d’années, l’acceptation sociale est au cœur des démarches d’exploration minière au Québec, car l’industrie souhaite déboulonner le mythe des compagnies qui débarquent quelque part et font tout ce qu’elles veulent sans en parler à personne.

« L’industrie minière a ses torts de ne pas avoir assez communiqué ses saines pratiques à l’ensemble de la société, admet Mario Bouchard, président et chef de la direction de Ressources minières Radisson. L’industrie se voit de manière très positive, mais elle aurait intérêt à le faire voir davantage aux gens. »

Louise Grondin, vice-présidente principale environnement et développement durable chez Mines Agnico Eagle, voit les géologues comme de véritables « ambassadeurs » des projets, car, premiers arrivés sur le terrain, ce sont eux qui expliquent aux personnes concernées ce que la compagnie veut faire, comment elle va le faire et quels en seront les impacts.

« Notre démarche peut se résumer en trois mots : planification, dialogue et respect. Et quand il s’agit d’exploration préliminaire, c’est le moment de consulter pour s’assurer d’atteindre l’acceptabilité sociale. »

« Il y a un exercice de communication très efficace qui doit être réalisé auprès des autres utilisateurs du territoire dès le jour 1 du projet, renchérit Martin Demers, directeur général exploration d’Hécla Québec (anciennement Mines Aurizon). S’ils comprennent bien ce qui va se passer, plusieurs deviennent naturellement des partenaires. »

C’est alors le moment de bonifier le projet grâce à l’apport des citoyens, souligne le directeur du développement durable de Royal Nickel (RNC), Pierre-Philippe Dupont. « Nos consultations publiques sur le projet Dumont ont été extrêmement bénéfiques : ils nous ont amené beaucoup d’intrants sur les infrastructures, les mesures d’atténuation et les éléments valorisés dans le milieu, dont l’esker de Launay, autour duquel nous avons décrété une zone tampon. Les consultations n’ont pas été une dépense, mais une plus-value qui nous a permis d’optimiser le projet sur le plan social, environnemental et même technique. »

« Notre but ultime est d’atteindre la cohabitation pacifique et harmonieuse », résume Mme Grondin, dont la compagnie développe un projet à 3 kilomètres du quartier Cadillac de Rouyn-Noranda. Une préoccupation partagée par RNC, dont le projet est situé en milieu rural.

« L’enjeu principal est d’harmoniser les activités d’exploration minière avec les autres usages du territoire, souligne M. Dupont. Par exemple, nous arrêtons l’ensemble des opérations d’exploration au cours de la première semaine de la chasse à l’original, et nous pouvons modifier nos travaux en fonctions de la présence de chasseurs sur certaines portions du territoire durant la deuxième semaine. »

Le partage des bonnes pratiques à l’honneur

« Le milieu des mines est très coopérateur, fait remarquer Louise Grondin. Les minières partagent facilement leurs bons et leurs moins bons coups. » La Prospectors & Developers Association of Canada (PDAC) a développé des guides recensant les meilleures pratiques en responsabilité sociale, en gestion de l’environnement et en santé et sécurité.

Dans le domaine de l’acceptabilité sociale, l’émulation a débuté à la suite du projet Canadian Malartic de Corporation minière Osisko. « Malgré tout ce qui a pu se dire, les gens Osisko ont lancé cette nouvelle façon de faire des relations avec la communauté, affirme Denis Bois, directeur de l’Unité de recherche et de service en technologie minérale à l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue. Ça n’a pas toujours été facile, mais le projet a inspiré beaucoup de compagnies sur les approches à prendre. »

Plusieurs spécialistes du domaine ont effectivement mentionné les pratiques d’Osisko à Malartic comme étant une inspiration, mais également celles de Mines Aurizon dans le projet Joanna et de Mines Virginia dans le projet Éléonore (vendu depuis à Goldcorp).

« Au début du projet Dumont, nous avons consulté les gens d’Aurizon sur la question et aujourd’hui, ils reviennent nous voir pour savoir ce qu’on peut leur apprendre, raconte Pierre-Philippe Dupont. Une dizaine d’autres compagnies minières sont aussi venues s’asseoir avec nous. J’espère qu’ils vont pousser la barre encore plus loin et m’apprendre de nouveaux processus dans les prochaines années. »

Au-delà des bonnes relations avec leurs compétiteurs, les minières veulent gagner le respect des populations concernées par leur projet. « Nous voulons créer des liens pratiques avec les gens, et avoir une interaction et une validation de nos processus d’exploration, résume Martin Demers. Sans tenter de convaincre à tout prix, nous pensons qu’en prêchant par l’exemple, nous allons être considéré comme des bons citoyens nous aussi. »

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