Mille et une manières de financer son projet d'exploration

Publié le 26/05/2014 à 10:52

Mille et une manières de financer son projet d'exploration

Publié le 26/05/2014 à 10:52

Par Benoîte Labrosse

Ressources minières Radisson a bon espoir de découvrir du phosphate sur sa propriété de Lac Gouin SSO, située environ 115 km au nord de Saguenay. « Il nous reste beaucoup de travaux à faire avant d’en arriver à un gisement de classe économique, par contre », fait remarquer Mario Bouchard, président et chef de la direction de la compagnie. Le financement de l’exploration sera l’un des défis, et non le moindre. Pour y arriver, la société junior devra lever des fonds auprès d’investisseurs publics et privés.

« Au Québec, il y a trois profils d’investisseurs, explique Killian Charles, analyste minier chez Industrielle Alliance - Valeurs Mobilières. Ceux de détail (retail en anglais), soient monsieur et madame Tout-le-Monde qui décident d’investir quelques milliers de dollars à titre personnel. Ensuite, il y a les investisseurs accrédités, qui peuvent investir des centaines de milliers ou des millions de dollars. Finalement, la plus grande part sont des fonds institutionnels qui utilisent le fait qu’ils représentent des dizaines de milliers de personnes pour investir de 5 à 25 millions de dollars, voire même 100 M$, dans un projet. »

Même si leur nombre a baissé depuis la crise de 2008, une bonne partie des investisseurs individuels s’intéresse d’abord au côté spéculatif du secteur… et aux déductions fiscales qui l’accompagnent. « Le Québec est la province qui donne le taux le plus avantageux envers les actions accréditives : les investisseurs ont droit à 150 % de retours d’impôt », fait remarquer M. Charles.

« Je pense que c’est gagnant-gagnant, ajoute Éric Lemieux, analyste minier chez Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Les investisseurs baissent leurs factures fiscales, et les compagnies minières vont se chercher une source de financement. »

Aide provinciale et partenariats outremer

Les fonds institutionnels proviennent principalement de la Caisse de dépôt et placement du Québec (par l’entremise du fonds minier Sodémex) et de la Société d'investissement dans la diversification de l'exploration (SIDEX), une société en commandite du gouvernement québécois et du Fonds de solidarité FTQ.

« Nous sommes les seuls au Canada à avoir des fonds qui ont comme mandat d’investir seulement dans des compagnies provinciales, souligne M. Charles. C’est une chance, sauf qu’il y des sociétés qui se concentrent un peu trop sur ces fonds-là et ne font pas assez d’efforts pour agrandir leur bassin d’investisseurs. »

Un constat partagé autant par le directeur général exploration d’Hécla Québec, Martin Demers, que par Éric Lemieux. « L’Europe, surtout la Suisse, est un marché intéressant, parce que ce sont des investisseurs très aguerris qui reconnaissent la valeur des biens tangibles et qu’ils sont là pour le long terme, détaille M. Lemieux. Il y a aussi les Chinois qui ont un appétit pour les ressources naturelles, donc les compagnies ont intérêt à se rendre dans cette région. »

Il est aussi possible de financer son exploration grâce à des partenariats plus locaux. Que ce soit avec entre compagnies privées – le projet Fayolle d’Hécla Québec et d’Exploration Typhon à Rouyn-Noranda par exemple – ou encore avec l’entreprise parapublique SOQUEM, qui a participé à l’exploration du projet diamantifère Renard et à celui de la mine de phosphate Arnaud. « La SOQUEM s’associe à une quarantaine de projets actifs par an », confirme Pierre Bertrand, dg de la société financée par Ressources Québec.

Les affiliations peuvent être surprenantes. La montréalaise Affinor Ressources a annoncé en mars qu’elle s’associait avec un producteur de marijuana thérapeutique pour augmenter sa valeur – et elle n’est pas la seule. Les experts interrogés par Les Affaires trouvent cette collaboration « douteuse », parce que les sociétés s’éloignent ainsi trop de leur champ d’expertise minière et « adoptent la saveur du mois » comme certaines l’ont fait avec les nouvelles technologies au début des années 2000. « Je pense qu’il y a des façons plus classiques de financer notre développement », résume Mario Bouchard.

Pour la création de nouvelles richesses

« L’exploration peut mener à une découverte qui va créer de la richesse pour les actionnaires, mais aussi pour la société, parce qu’il faut considérer que la compagnie paie des impôts et des redevances, rappelle Eric Lemieux. C’est donc bénéfique, directement ou non, pour l’ensemble de la société. » L’analyste « ose » donc espérer un regain d’intérêt des investisseurs en 2014, après « une horrible année 2013 ».

« Ça prend au moins une décennie entre une découverte et l’ouverture d’une mine; c’est un investissement de longue haleine qui débouche sur la création de nouvelles richesses, poursuit le président de Ressources minières Radisson. La première once d’or qui est produite, si on la vend 1 500 $, c’est 1500 $ de nouvel argent qui entre en circulation dans la région, et donc dans la province. » Ce à quoi Marin Demers ajoute que : « Cinquante sous dans chaque dollar investi est payé en main-d’œuvre. C’est un moteur de développement important pour les régions, et à l’échelle du Québec. »

En 2013, les dépenses en exploration et mise en valeur se sont élevées à 328 M$ au Québec, en baisse de 47,2 % par rapport à l’année précédente, selon l’Institut de la statistique du Québec. Les petites sociétés d’exploration (les juniors) représentent la part la plus importante des dépenses d’exploration avec 64,9 % du total (213 M$) en 2013 comparativement à 67,3 % (418 M$) en 2012.

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