Exploration: la prochaine révolution sera australienne

Publié le 01/06/2015 à 16:28

Exploration: la prochaine révolution sera australienne

Publié le 01/06/2015 à 16:28

Le 2 février dernier, le fournisseur de services et d’équipements de forage Boart Longyear signait une entente d’exclusivité avec un groupe de recherche australien –le Deep Exploration Technologies Cooperative Research Centre (DET CRC) – pour la mise en marché de l’une des plus récentes innovations de la géophysique : le capteur diagraphique AutoSonde.

La diagraphie est la mesure, à l’aide de différentes sondes, des propriétés physiques des roches traversées par un forage. Généralement, elle est menée par une équipe spécialisée à la fin du forage, c’est-à-dire lorsque le foreur a retiré ses tiges de forage. On déroule alors dans le puits un câble munie d’une sonde, qui enregistre alors toutes sortes de données sur les formations géologiques traversées.

Le hic, c’est que ces équipes sont extrêmement coûteuses à mobiliser sur un chantier. « Une équipe de géophysique qu’on fait venir, ça coûte normalement quelques milliers de dollars », estime Chris Lambert, responsable des produits à Boart Longyear. « Il y a les frais de logement et de transport, qui sont au moins aussi importants que les honoraires eux-mêmes. »

AutoSonde rend inutile la présence de ces équipes sur les chantiers. D’abord parce qu’il n’est pas connecté par câble et donc il n’est nul besoin d’aménager un treuil en surface. Ensuite parce que le foreur peut s’en charger lui-même, sans interrompre sa routine.

« Le foreur descend le capteur au fond du puits quand les tiges de forage sont encore en place, qui gardent le puits ouvert », explique M. Lambert. « Puis, il retire ses tiges comme à l’habitude, pendant qu’AutoSonde procède à l’échantillonnage de la roche. Ça n’interrompt pas le processus et il n’y a pas de chance que la formation se referme sur l’appareil. »

Une bonne nouvelle pour les géologues, qui préfèrent souvent leur bureau douillet aux sites de forage, et les explorateurs, qui cherchent à réduire leurs coûts. « Avec AutoSonde, on est dans l’ordre d’un dixième du coût », estime M. Lambert.

Un tryptique australien

Aussi pratique que puisse paraitre AutoSonde, il n’est en fait que la pointe de l’iceberg de ce qui pourrait bien constituer, d’ici quelques années, la prochaine révolution technologique en matière d’exploration minière. Car pour le DET CRC, ce n’est là que la première de trois étapes.

Le programme australien de Centres de recherche coopératifs (CRC) finance des projets de collaboration entre chercheurs et utilisateurs ayant des retombées environnementales, sociales ou économiques pour le pays. On en compte une quarantaine, dans des domaines aussi variés que les moutons, les polymères ou la santé mentale.

Le DET CRC, mis sur pied en 2010 et financé à hauteur de $140 millions, s’attaque quant à lui à un problème bien précis : le déclin de l’exploration minière en Australie. Boart Longyear figure d’ailleurs parmi ses principaux commanditaires, lui qui investi $450 000 par an dans l’aventure pour se garantir un droit prioritaire sur la commercialisation des innovations.

La clé de voûte de tout le projet, c’est le forage par tube enroulé (Coil Tubing), une technique empruntée à l’industrie du pétrole et gaz et qui, selon le DET CRC, devrait maintenir les coûts de forage à $50 du mètre. Il s’agit essentiellement d’un tube de plusieurs centaines de mètres dans lequel on injecte des fluides à forte pression afin de faire tourner, via une turbine hydraulique, la mèche de diamant.

Comme dans le forage à circulation inversée, le tubage enroulé ne produit pas de carottes, mais plutôt des fluides qui remontent à la surface chargés de matières. C’est là qu’intervient le Lab-at-Rig, le troisième joujou du DET CRC.

« En surface, il y a un séparateur qui se débarrasse des particules », explique Christian Dupuis, professeur titulaire de la Chaire de leadership en enseignement Osisko de l’Université Laval. « Elles peuvent être analysées par spectrométrie de fluorescence X. On voit alors la composition minérale des roches intersectées. À la place des carottes, dont les analyses en laboratoire peuvent facilement prendre jusqu’à six ou huit semaines, on a une analyse directement en surface. »

Dans le « système » imaginé par le DET CRC, c’est là qu’AutoSonde entre en scène. Car il est difficile de savoir d’où viennent exactement les matières qui remontent dans le puits, selon M. Lambert. « Vous détectez des matières qui remontent mais il y a un effet de rémanence, un délai, peut-être dû à des problèmes de circulation », dit-il. « AutoSonde va justement vous donner l’information sur les différentes couches géologiques, les informations structurelles que vous n’avez pas, parce que vous n’avez pas de carottes. »

Bref, AutoSonde fait bien partie d’un tryptique, dont les éléments restent à parfaire. Le forage en tube réduira substantiellement le coût et le temps, mais ne prendra pas de carottes; le Lab-at-Rig fournira les informations géochimiques manquantes, mais sans dire précisément d’où elles viennent; AutoSonde, finalement, mesurera les propriétés géophysiques du puits lui-même.

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