Des déchets plastiques? Non, une source de revenus

Publié le 27/10/2017 à 05:00

Des déchets plastiques? Non, une source de revenus

Publié le 27/10/2017 à 05:00

ÉCONOMIE CIRCULAIRE - Le potentiel semble infini pour MBA Polymers, l’entreprise qui a trouvé la formule magique extrayant le plastique de flux complexes de déchets

par Sarah Newall pour Sparknews

En Angleterre, aux abords de la forêt de Sherwood, l’une des usines de recyclage du plastique les plus innovantes au monde transforme des aspirateurs, grille-pains et systèmes stéréo au rebut en millions de granulés plastiques multicolores. Vendus au kilo, ces granulés valent plus que l’acier. Des industriels les utilisent comme matière première, en substitution au plastique vierge, pour fabriquer des pièces de voitures ou téléphones mobiles neufs.

MBA Polymers est considéré comme le leader mondial de la production de plastiques à haute valeur à partir de biens durables collectés, au lieu de finir leur existence incinérés ou dans une décharge. Sur ses sites en Autriche, en Chine et au Royaume-Uni, l’entreprise est parvenue à recycler 110 000 tonnes l’an dernier, soit l’équivalent de 62 Big Bens. Chaque tonne exige 80 % moins d’énergie et génère jusqu’à trois tonnes de dioxyde de carbone de moins que le plastique vierge issue de la pétrochimie, tout en étant 10 % moins chère, selon le cours du pétrole, déclare MBA Polymers.

L’entreprise estime que, dans le monde, moins du dixième du plastique est aujourd’hui extrait des complexes flux de déchets pour être recyclé. Des biens tels que le petit électroménager et les voitures s’avèrent particulièrement difficiles à traiter car ils contiennent souvent plusieurs types de plastiques, associés à des métaux et à du verre.

« Le processus est compliqué et notre technologie a été la première de ce type. Notre procédé breveté reste un secret bien gardé », explique Paul Mayhew, directeur général de MBA Polymers au Royaume-Uni.

L’origine du procédé remonte à 1992, quand Mike Biddle, docteur en ingénierie, créé un labo dans son garage de Pittsburg, en Californie. Empruntant des idées au secteur minier et au traitement des céréales, il mène des expériences de recyclage du plastique puis fonde en 1992 MBA Polymers, qu’il ne dirige plus aujourd’hui. L’entreprise a depuis déposé plus de 60 brevets pour l’extraction magnétique des métaux, le broyage et le tri des plastiques selon leur composition, et la production de granulés calibrés.

MBA Polymers assure récupérer, à partir des biens durables jetés, plus de matière que toute autre entreprise de recyclage et continue d’investir lourdement dans la recherche et le développement. En janvier dernier, l’entreprise a remporté au Forum économique mondial de Davos le « prix de la jeune PME leader mondial » dans la catégorie économie circulaire, et a été choisie par le public pour recevoir le Prix Davos récompensant « l’aventure d’économie circulaire la plus innovante et au plus fort impact de la soirée ».

Le chiffre d’affaires de MBA Polymers a atteint £ 40 millions (€ 45 millions) l’an dernier, et Elephant Equity a acquis 100 % de ses actions en début d’année. Selon le site web, la société allemande d’investissement privé « continuera de développer la technologie de recyclage et ouvrira de nouvelles unités de production dans des marchés porteurs ».

Les Etats-Unis font partie de ces marchés. MBA Polymers a commencé l’an dernier à y commercialiser ses granulés plastique, avec un taux de croissance de 300 %. Pérenniser cette croissance reste un enjeu dans un contexte politique instable et en raison de coûts dérisoires d’enfouissement des déchets, de l’ordre de U$ 6 la tonne dans certains états.

Convaincre les fabricants que le plastique recyclé est d’aussi bonne qualité que le plastique vierge fait partie des autres défis auxquels MBA Polymers fait face. « Certains industriels sont fiers d’annoncer qu’ils utilisent du plastique recyclé, mais d’autres gardent secret l’emploi de nos produits à haute spécification de crainte que les consommateurs ne l’identifie à un manque de qualité », observe Paul Mayhew.

L’écoulement des granulés dans les pays où la croissance industrielle ralentit est une autre question qui se pose à l’entreprise. Margaret Bates, présidente de l'Institution agrée pour la gestion des déchets au Royaume-Uni, explique qu’ « un des facteurs qui entravent des entreprises telles que MBA Polymers est la volatilité du marché des matières secondaires. Inutile de collecter du plastique et de le recycler s’il ne trouve pas d’emploi ». Selon elle, cela changera quand on se mettra à produire plus près des lieux de consommation.

Cela ne pose pas problème pour la Chine, qui importe une grande part des déchets mondiaux, dont quelques 7,3 millions de tonnes de plastique par an. Mais le pays a déclaré vouloir y mettre fin à partir de 2018, car ces déchets sont pour la plupart pollués. Cette annonce représente une fantastique opportunité pour les recycleurs de plastiques mixtes partout dans le monde. « Dans l’Union européenne, les entreprises ne pouvaient surenchérir face à la Chine en raison d’une stricte réglementation », révèle Paul Mayhew, soulignant au passage que la Chine ne recyclait que la moitié des déchets importés, le reste s’entassant dans des décharges. MBA Polymers opère bien différemment : « Nous offrirons une solution pour gérer correctement ces déchets, les réinjecter dans l’industrie pour obtenir des produits de haute qualité, et ainsi boucler la boucle ».

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ÉCONOMIE CIRCULAIRE: DE L'OR DANS LES DÉCHETS

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