L'écoconception, un domaine en constante évolution

Publié le 20/03/2015 à 11:39

L'écoconception, un domaine en constante évolution

Publié le 20/03/2015 à 11:39

Par Benoîte Labrosse

Quand il a commencé à s’intéresser à l’écoconception des emballages, il y a 12 ans, le professeur Sylvain Allard sentait une «résistance assez classique au changement» chez les gens d’affaires québécois. Ceux-ci craignaient l’augmentation des coûts et la modification de leurs procédés. «Le discours a changé après quelques années, quand ils ont compris qu’écoconception voulait dire réduction – de matière, d’emballages, et donc de coûts», se souvient l’enseignant en design à l’École de design de l’UQAM.

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Une autre de leurs appréhensions s’est avérée infondée : celle que les consommateurs ne les suivent pas dans ce virage vert. «À une époque, nous pensions qu’il ne fallait pas demander au consommateur de changer ses habitudes», rapporte Bertrand Derome, directeur général de l’Institut de développement de produits. «Pourtant, avec les sacs réutilisables, il nous a montré qu’il était prêt à poser certains gestes pour l’environnement.» Même que les acheteurs recherchent maintenant les produits à valeur environnementale. À lire: La plus-value d’un emballage écolo

L’importance de la recyclabilité

En une décennie, il n’y a pas que les perceptions qui ont évolué. Les matériaux aussi. «Pendant un temps, certains ont par exemple vu dans le PLA, ce bioplastique compostable produit à partir d’amidon de maïs, une solution hyper intéressante, rappelle M. Derome. Finalement, il s’est avéré problématique. Tout comme les sacs en polyéthylène dégradables.»

«L’intention est bonne, mais il n’y a pas encore de site de compostage industriel au Québec, donc ces matériaux sont simplement jetés», explique Dimitri Fraeys, vice-président Innovation et relations avec les membres du Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation. «Les gens les mettent au recyclage, et c’est une catastrophe, parce qu’ils contaminent les autres plastiques, qui devront eux aussi être jetés!», ajoute le professeur Allard.

Aujourd’hui, les recherches se concentrent sur des plastiques biosourcés recyclables, entre autres à base de résidus de canne à sucre. D’ailleurs, selon Geneviève Dionne, conseillère en écoconception chez Éco Entreprises Québec (ÉÉQ), «en recyclant les matières pour les réutiliser, nous sommes beaucoup plus gagnants que si elles se dégradent».

Du côté des plastiques recyclables, seul le polystyrène (no6) n’est pas valorisé au Québec. «Parce qu’elle est composée à plus de 90 % d’air, c’est une matière qui s’avère très coûteuse à transporter si nous ne trouvons pas de manière de la densifier», précise Mme Dionne en soulignant que plusieurs projets-pilotes sont en cours.

Au dire de Bertrand Derome, l’Association canadienne de l’emballage travaille quant à elle à trouver un moyen de recycler un nouveau type d’emballage qui semble prometteur, les pochettes de plastiques autoportantes (stand-up pouches). «C’est un choix qui peut avoir beaucoup d’intérêt en écoconception, car ça nécessite beaucoup moins de matière pour la même contenance, c’est très flexible et beaucoup moins lourd à transporter», énumère Sylvain Allard en donnant l’exemple des pestos Le Grand et du litre de yogourt Iögo. Ces pochettes demeurent toutefois un choix discutable aux yeux de ÉEQ, car elles ne sont pour l’instant ni recyclables ni réutilisables.

Le Québec «en milieu de peloton»

Selon les experts interrogés par Les Affaires, le Québec se situe mondialement «en milieu de peloton» en matière d’écoconception. «La gestion des matières résiduelles remonte à beaucoup plus longtemps en Europe», rappelle Dimitri Fraeys. «Leur concentration de population leur demande d’être beaucoup plus imaginatifs et les oblige à trouver des solutions plus vite.»

Si Sylvain Allard estime que l’Allemagne, les pays scandinaves et la France sont «quelques grands pas devant nous», il tient à souligner que les États-Unis «sont des années-lumière derrière!» Mais malheureusement, souligne le professeur, nous sommes «un peu tributaires de nos voisins du sud, car notre culture industrielle et nos équipements viennent beaucoup de chez d’eux».

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